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80 km/h. Avec la République en marche, on ne roule plus.

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France

Quand les statistiques de la Prévention Routière démontrent l’inefficacité absolue du 80 km/h.

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Et voila. Le grand œuvre du quinquennat Macron va s’accomplir ce premier juillet 2018. Non, ce n’est pas la réforme (ette) de la SNCF, ni la réforme (icule) du droit du travail, ni même la (future) réforme des retraites (si elle ressemble aux deux autres, ça va être la Saint Barthélémy), et, ce qui en serait le pendant logique, la remise à plat des aides sociales que nous allons célébrer. C’est bien plus grandiose, bien plus en marche, si j’ose dire, à défaut d’en voiture : le passage à 80 km/h des routes départementales, où l’on pouvait jusque là foncer à tombeau ouvert à 90 km/h, laissant sur le bas côté le souvenir fleuri d’hécatombes hebdomadaires.

Vous pensiez naïvement qu’avec les lois sociales et sociétales de ses prédécesseurs, Macron ne pourrait pas faire mieux dans l’absurde ? La preuve que l’imagination de l’homme est sans limite : combien de vies sauvées par an grâce aux 80 km/h ? "Ils" ont fait le calcul : 425, 33.
Et combien de vies perdues, hein ? Ça, ça ne les effleure pas, et ils s’en foutent, puisque ce n’est pas mesurable, mais je vais vous citer un exemple hélas bien réel : vous arrivez à 80 km/h sur un carrefour prioritaire. Un quidam grille le stop à votre passage, aveuglé par un soleil rasant. Vous vous fracassez contre sa voiture. Vous êtes mort, l’autre aussi. Si vous aviez roulé à 90 km/h, vous auriez franchi le carrefour bien avant que l’autre véhicule y parvienne. Le destin et les statistiques.

Alors parlons-en, des statistiques. D’après les chiffres de la prévention routière, 1/3 des accidents mortels seraient dus à une vitesse « excessive » ou « inadaptée », dont pour moitié des jeunes de 18 à 24 ans. En clair, les 6 premières années de conduite provoquent autant de morts que les 50 années suivantes. Ne serait-il pas plus judicieux de s’intéresser à cette tranche d’âge plutôt que d’emmerder tout le monde ? Apparemment non. L’égalité (et la facilité) avant tout.

En 2016, derniers chiffres publiés, il y a eu 3477 morts sur les routes de France, français et étrangers confondus – ce qui n’est pas un détail, il suffit de rouler un peu pour constater que certaines voitures aux immatriculations étrangères (et dont le pays n’a pas d’accord de poursuite avec la France) se fichent allègrement des radars et des limitations de vitesse, mais passons. Parmi ces tués,
- 559 piétons, aux trois quart en ville, où les walkman font des ravages - j’ai failli m’emplafonner un zombie à oreillettes récemment-, et un certain nombre fauchés par un véhicule sur autoroute, où on ne pratique pas le 90 km/h, que je sache.
- 734 motards et cyclomotoristes, qui se tuent souvent seuls, ou en se faufilant entre les voitures (voir le périphérique parisien, où il est très facile de renverser un motard, pour peu qu’on n’ait pas des yeux derrière la tête). Les motos ne représentent que 2% du trafic mais 21% des morts. Ce sera mieux à 80 km/h ?
- 1760 automobilistes et passagers laissent leur vie sur la route. On l’a vu, une bonne partie de moins de 24 ans, et c’est la même catégorie qui arrive en tête pour les morts dues à l’alcool (je dirais plutôt, pour être précis, avec une alcoolémie positive, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’auraient pas eu d’accident s’ils n’avaient pas bu). On pourrait ajouter, mais on n’ose pas, qu’il y a sur nos routes de véritables dangers publics qui, quel que soit leur âge, n’ont aucune aptitude pour la conduite, comme d’autres ne sont pas faits pour les maths ou la musique. Leur permis de conduire est un véritable permis de tuer et de se tuer… Mais qui interdira les « trompe la mort » ? Notons quand même que l’automobile, qui constitue plus de 90% du trafic, représente à peu près 50% des tués.

Et encore, s’il fallait enfoncer le clou, il y a deux statistiques que je n’ai pas réussi à obtenir :
- les véhicules étrangers impliqués dans un accident (n’allez pas me chercher avec une prétendue xénophobie, c’est le constat que si, pour les raisons exposées plus haut, ils peuvent se permettre de ne pas respecter les vitesses autorisées, ils sont forcément plus accidentogènes).
- les poids lourds – on sait seulement qu’il y a eu 55 conducteurs de poids lourds tués, ce qui est peu, sans indication ni de leur nationalité, ni de la part d’accidents dont ils seraient responsables, tout en n’ayant pas subi de dommage corporel ou mortel. Il est en effet évident qu’un routier est beaucoup mieux protégé dans sa cabine qu’un automobiliste à son volant. Il n’est pas contestable non plus que la France est traversée par une cohorte de poids lourds étrangers, dont certains ne subissent pas les mêmes contraintes que nos routiers, ou s’en affranchissent, pour les mêmes raisons.

En conclusion, cette baisse à 80 km/h, si elle va sans doute provoquer un orgasme chez Madame Perrichon (grand bien lui fasse) et toutes les associations qui font tout ce qu’elles peuvent pour pourrir la vie de leurs contemporains, ce n’est ni plus ni moins que de la pompe à fric. D’ailleurs, Coyote et Tom Tom n’ont pas essayé de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, eux : depuis quelques jours, leurs réclames bouclent sur devinez quoi ? le risque, en ne respectant pas le 80 km/h, de perdre des points, pas la vie.