On croit avoir tout fait, il manque quelque chose :
Une respiration, le parfum d’une rose,
Des points de suspension pour tenir en haleine,
Peut-être même quelque souffle de Verlaine.
On croyait qu’on bouclait un pensum, un poème
Ou par une saillie ou par un anathème :
Il manque quelque chose en sa pauvre structure,
Quelque élan leur donnerait bien plus de stature.
On croyait avoir dit de ses ressentiments
Quelques mots qui pourraient valoir un châtiment :
Il leur manque ce ton un peu mieux aiguisé
Et ceux qui à la fin pourraient tout abraser.
On a dit de l’amour des mots bien rabâchés :
Qui de ceux-là ne s’est pas encore épanché ?
Il faudrait inventer ceux jaillis d’une source
Et qu’on ne volerait pas dans une autre bourse.
Tous les mots passent par les mailles d’un filet,
Virant du noir au blanc jusqu’au café au lait…
Qui peut en inventer qui ne soient déjà pris :
A le faire ne serait-on pas incompris ? (29/03/17)