Avez-vous pris votre abonnement 2025 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


ATTENTION pour 2026 les participations vont augmenter, les engagements actuels ne varient pas !
Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Vous êtes le 2420ème visiteur(s) pour aujourd'hui pensez à vous abonner pour soutenir le travail du site !
Faites un Don/soutien régulier ou autre ! Soutien-Don


ZFE : la « France d’en-bas » mise à la casse

, par  Eloïse Lenesley , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Après les véhicules Crit’Air 4 et 5, c’est au tour des Crit’Air 3 d’être bannies de plusieurs grandes villes françaises depuis le début de l’année. Une politique foncièrement injuste qui sanctionne les plus précaires.

Quand on est pauvre, on fait plus attention parce qu’on n’a pas le choix : on ne laisse pas les lumières allumées en sortant d’une pièce, on met le chauffage au strict minimum, on ne fait pas tourner le lave-linge quand la cuve n’est qu’à moitié pleine, on ne part pas en vacances à l’autre bout du monde, on ne gaspille rien, on se rationne sur à peu près tout pour ne pas faire flamber les factures. On n’a pas non plus les moyens de changer sa voiture pour un modèle moins polluant dès qu’elle montre des signes d’obsolescence. Comme si les privations n’étaient déjà pas si pénibles à supporter au quotidien, voilà que les propriétaires de véhicules classés Crit’Air 3 n’ont désormais plus le droit de les utiliser dans un nombre croissant de communes françaises, estampillées de l’horrible sigle technocratique « ZFE » (Zone à Faibles Émissions). Et tant pis s’ils ne peuvent faire autrement, ils n’ont qu’à se débrouiller pour acheter un véhicule plus récent ou prendre ces bétaillères modernes cradingues, insécurisées, bondées, voire infestées departicules fines , que sont les transports en commun. Ça tombe bien, une partie des nouveaux métros parisiens comporteront beaucoup moins de places assises pour qu’on puisse encore plus s’y entasser. Rappelons au passage que bus, métro et RER parisiens étaient classés comme les plus dangereux de France en 2022 selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Cette diabolisation, orchestrée par des élus qui passent leur temps à vadrouiller dans des berlines de fonction ou des avions, qui n’hésitent pas à prendre unjet ou un hélicoptère pour un motif futile, qui ne se restreignent jamais sur rien, a de quoi révolter ceux qui galèrent, qui se sentent floués et n’ont qu’un mince espoir de se faire entendre. Difficile en effet de se fédérer pour protester massivement dès lors qu’on n’est soutenu par aucun lobby et que ces interdictions de circuler sont organisées au compte-goutte, selon les villes ou les catégories de véhicules : hier les Crit’Air 4 et 5, aujourd’hui les Crit’Air 3, demain les Crit’Air 2 . Une mise au ban silencieuse, progressive, métronomique, indolore pour ceux qui ne sont pas encore concernés et qui n’ont pas conscience qu’ils sont les prochains sur la liste.

Ainsi l’automobiliste, qui était déjà pris depuis des lustres pour une vache à lait rackettée non-stop par le prix du carburant, des contrôles techniques, des péages, des stationnements, des amendes, est aujourd’hui également pris pour un âne bâté, tenu de demander la permission de conduire dans certaines agglomérations de l’Hexagone, qui n’appliquent de surcroît pas toutes les mêmes règles. Une partie d’entre elle, telles que Montpellier, Grenoble, Toulouse ou Nîmes, octroient une dérogation permanente aux petits rouleurs qui parcourent, selon les cas, moins de 8000 ou 5000 kilomètres par an. D’autres sont impitoyables, tel Paris qui, fidèle à sa politique soviétisante, ne prévoit qu’une tolérance le soir et le week-end ainsi qu’un passe dérogatoire de 24 jours par an.

Question n°1 : comment peut-on pondre des mesures aussi absurdes, qui ne reposent par surcroît sur aucune preuve scientifique concrète ? L’impact d’un véhicule sur la pollution dépend aussi de sa fréquence d’utilisation et du type de trajets qu’il effectue chaque année. Une voiture thermique flambant neuve qui roule sans arrêt sur de longues distances polluera forcément davantage qu’une vieille guimbarde qui se déplace avec modération.

Question n°2 : dans les villes où les Crit’Air 3 ne sont autorisés que le week-end et le soir, en quoi est-il bénéfique pour la pollution de les forcer donc à rouler tous le même jour pour faire leurs courses, ou ne serait-ce que pour recharger la batterie, d’intensifier ainsi les embouteillages (donc la pollution), et de les obliger à déserter les magasins en semaine avec les répercussions économiques désastreuses qui en résultent, et que subissent d’ailleurs déjà les commerces situés dans la Zone à Trafic Limité (ZTL, l’autre sigle barbare de la tyrannie pseudo-écolo) du centre de Paris ?

Les Crit’Air 5, 4 et 3, qui ne représentent en France que 29% des quelque 39 millions de voitures particulières, ont bon dos. Selon Airparif , en Ile-de-France, « Le chauffage au bois résidentiel est responsable de 47% des émissions de particules fines (PM2,5) en Île-de-France, suivi par le transport routier, responsable de 16% des émissions. (…) Concernant les émissions d’oxydes d’azote (NOx), 47% sont dues aux véhicules thermiques (dont 86% aux véhicules diesel particuliers, utilitaires, bus et poids lourds), et 12% aux appareils de chauffage au gaz. (…) 31% des émissions de gaz à effet de serre sont dues aux véhicules essence, diesel et gaz, 26% au chauffage résidentiel et tertiaire au gaz fossile et 11% aux activités industrielles. »

Les conséquences de cette ségrégation automobile seront dramatiques pour tous ceux qui ne peuvent se passer de véhicule mais qui ne peuvent s’offrir le luxe d’en changer, quelles que soient les aides financières disponibles : ceux qui ont besoin de leur voiture pour travailler, déposer leurs enfants à l’école, à la crèche, ou transporter des parents âgés ; ceux qui peuvent difficilement prendre les transports collectifs pour raison médicale, qui souffrent d’un handicap, qui doivent consulter fréquemment leur médecin, mais qui ne remplissent pas tous les critères pour bénéficier de la CMI ou d’une prise en charge en ALD (ces deux cas de figure donnant lieu à dérogation) ; ceux qui doivent régulièrement conduire leur animal gravement malade chez le vétérinaire ; ceux qui doivent transbahuter des objets lourds ou encombrants, faire leurs emplettes en dehors du week-end, se déplacer pour un imprévu urgent, etc. Ceux-là continueront de rouler dans l’illégalité, avec la peur au ventre de se prendre une amende de 68 euros. Parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Il est d’ailleurs assez cocasse de voir le nouveau directeur général des services de la métropole du Grand Paris, Philippe Castanet , s’étonner qu’un tsunami de Franciliens catastrophés se renseignent pour tenter d’obtenir le précieux sésame qui leur permettra de circuler : « Nous avons été surpris par l’ampleur du nombre de personnes qui sollicitaient des dérogations pour des questions médicales, ce qui va peut-être nous amener à réfléchir à la formulation de cette dérogation pour la simplifier. »

Eh oui, n’en déplaise aux bureaucrates hors sol qui la régentent, la plèbe ne peut pas se passer si facilement de « bagnole ». Une enquête de la Ligue de défense des conducteurs estime même qu’un demi-million de salariés pourraient perdre leur emploi. De son côté, l’association 40 Millions d’automobilistes donne la parole aux citoyens pénalisés dans le documentaire « ZFE : la bombe à retardement ». Une timide rébellion se lève : le hashtag #gueux, popularisé par l’écrivain Alexandre Jardin, fait des émules sur les réseaux sociaux. Les élus se mettent à craindre une résurgence des Gilets Jaunes ; certaines villes retardent même la mise en place des restrictions ou des verbalisations, en espérant sans doute que les protestations se seront essoufflées d’ici là. Et peut-être aussi pour ménager la chèvre et le chou en vue des prochaines élections municipales…

Pourquoi ne pas tout simplement laisser le parc des vieux tacots s’éteindre de lui-même et arrêter, pour reprendre la formule d’un célèbre porschiste, « d’emmerder les Français » ? D’autant que le moteur thermique est loin d’avoir rendu son dernier vrombissement. Les constructeurs, notamment allemands , qui avaient misé sur le tout-électrique, font marche arrière face aux réticences des consommateurs. L’UE envisagerait même d’assouplir l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs programmée en 2035 en autorisant la commercialisation des voitures hybrides rechargeables, des range extenders (prolongateurs d’autonomie pour véhicules électriques) et des e-carburants.

Réalisée en septembre 2023, l’enquête Aramisauto-OpinionWay « Les ménages modestes et la voiture » révèle que, budget oblige, seuls 12% d’entre eux seraient prêts à acheter une voiture électrique tandis que 65% opteraient pour une motorisation thermique. Parmi les détenteurs de Crit’Air 4 et 5, qui n’ont plus le droit de circuler dans les ZFE, 36% affirment être déterminés à braver l’interdiction de circuler et 21% ont carrément renoncé à se déplacer (+7 points par rapport à 2022) !

Les automobilistes se retrouvent pris en étau entre les injonctions européennes en faveur du climat et l’idéologie punitive d’une (extrême) gauche écolo, résolument antibagnole par posture et ennemie jurée de l’hédonisme par… nature. Pour cette gauche-là, la voiture n’est pas qu’un simple moyen de locomotion mais un marqueur social, un symbole d’individualisme, de libéralisme et, qui sait, peut-être même de virilisme comme le barbecue.

Quant aux voitures de collection, les seules antiquités routières qui bénéficient fort heureusement d’une dérogation permanente pour flâner dans les ZFE, elles continuent de faire rêver. L’édition 2025 de Rétromobile qui vient de s’achever à Paris a battu des records de fréquentation, attirant 146 000 visiteurs. Le salon, qui fêtera sa cinquantième édition l’an prochain, va même s’exporter pour la première fois à New York.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2025/0...