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Les commis-voyageurs pro-israéliens du Parlement européen

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Qatargate et Marocgate ont mis à jour les douteuses stratégies d’influence de ces pays au Parlement européen. Qu’en est-il d’Israël ? Plusieurs discrets lobbys sont à l’œuvre à Bruxelles pour inviter en Israël des élus et faire passer des messages contradictoires avec la politique officielle de l’Union européenne, notamment sur les colonies. Et ça marche : Israël est, avec l’Inde, en tête des destinations favorites des eurodéputés.

Eurodéputé néerlandais conservateur, (membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens – CRE), Bert-Jan Ruissen, 51 ans, est un partisan engagé d’Israël, prompt à afficher bruyamment son soutien sans réserve sur les réseaux sociaux. Vice-président de la délégation des relations avec Israël au Parlement européen (D-IL), il défend sans nuances la colonisation israélienne et reprend systématiquement les éléments de langage sur les « terroristes » palestiniens. Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’une organisation très discrète basée à Washington, l’Israel Allies Foundation, qui n’est pas répertoriée dans le registre de transparence du Parlement européen et n’a pas de bureaux à Bruxelles, a pris en charge deux voyages en Israël de cet eurodéputé, en décembre 2019 et mars 2022.

En 2019, le député s’est même rendu dans les colonies, pourtant non reconnues par l’Union européenne. Présidée par Dave Weldon, un ancien représentant de Floride au Congrès, L’Israel Allies Foundation est une organisation de chrétiens évangélistes qui « considèrent l’État moderne d’Israël comme l’accomplissement des promesses prophétiques de Dieu concernant la terre d’Israël pour le peuple juif » et qui se donne pour mission « d’éduquer et de responsabiliser les législateurs pro-israéliens ». Tout un programme…

« L’importance de relations étroites entre l’Europe et Israël »

Si l’Israel Allies Foundation n’est pas représentée à Bruxelles, trois autres organisations le sont, et financent régulièrement des voyages en Israël pour les eurodéputés : l’European Leadership Network (Elnet), très active également en France , le Transantlantic Institute et le B’nai B’rith Europe. Si ces trois organisations sont officiellement indépendantes du gouvernement israélien, elles en défendent invariablement les politiques, suivant un agenda clairement nationaliste. Les objectifs affichés sur leurs sites web respectifs le confirment. L’European Leadership Network (Elnet) est un réseau qui « réunit des dirigeants qui croient en l’importance de relations étroites entre l’Europe et Israël, fondées sur des valeurs démocratiques partagées et des intérêts communs ».

Le Transatlantic Institute est l’émanation européenne du très connu American Jewish Committee (AJC) qui se présente comme « la principale organisation mondiale de défense des droits des Juifs » et dont l’objectif est de « combattre l’antisémitisme et toutes les formes de haine, renforcer la place d’Israël dans le monde et défendre les valeurs démocratiques ». La branche AJC Project Interchange a la charge de l’organisation des voyages, notamment le Transatlantic Institute.

Enfin, le B’nai B’rith est la plus vieille organisation juive connue et dit « lutter contre l’antisémitisme, le BDS et la négation de l’Holocauste » tout en « défendant les intérêts d’Israël ». Pour rappel, le mouvement Boycott, désinvestissement sanctions (BDS) a été lancé en 2005 par une grande majorité de la société civile palestinienne et a pour objectif de pousser Israël à se conformer au droit international par l’utilisation de méthodes non violentes. Il s’inspire directement des campagnes pacifiques ayant soutenu la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud . Le mettre sur le même pied que la lutte contre l’antisémitisme et la négation de l’Holocauste en dit long sur le programme de l’organisation.

En tête des destinations préférées des eurodéputés

Selon les informations trouvées dans les déclarations des eurodéputés, il semblerait que ces trois organisations aient organisé six voyages en Israël pour des eurodéputés depuis octobre 2019 : trois par Elnet, deux par l’AJC Project interchange et un par le B’nai B’rith. Une performance remarquable, car la période a été marquée par une impossibilité de voyager pendant tout 2020 et une partie de 2021 en raison de la pandémie de Covid-19. Enquêtant sur les suites du Qatargate et du Marocgate au Parlement européen, le journal belge Le Soir publiait lundi 13 février 2023 une enquête approfondie sur les voyages des eurodéputés payés par des tiers. Un article signé par Pauline Hofmann mettait le focus sur Israël, destination préférée des eurodéputés avec l’Inde. Il est rare que l’influence d’Israël au Parlement européen soit abordée dans la presse dans le cadre du Qatargate. Or cette influence est bien réelle, comme l’avait déjà montré un article de Grégory Mauzé publié par Orient XXI en janvier 2019, qui analysait l’activisme à Bruxelles des groupements favorables à Israël. https://orientxxi.info/IMG/jpg/capt...

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Infographie Le Soir, 13 février 2023

Pour réaliser son enquête, Le Soir a épluché toutes les déclarations de voyages financés par des tiers déposées par les eurodéputés. Sur les 328 déclarations de voyages analysées, 30 avaient pour destination Israël. Cent quinze nuits ont été offertes à des eurodéputés dans des hôtels de luxe en Israël. Liste des eurodéputés ayant voyagé en Israël entre le dernier trimestre 2019, 2021 et 2022

Date du voyage Nom Groupe Pays
octobre 2019 Niclas Herbst PPE Allemagne
Dietmar Köster S&D Allemagne
David Lega PPE Suède
décembre 2019 Bert-Jan Ruissen CRE Pays-Bas
novembre 2021 Jens Gieseke PPE Allemagne
Andreas Schwab PPE Allemagne
Assita Kanko CRE Belgique
Elena Yoncheva S&D Bulgarie
Isabel Benjumea Benjumea PPE Espagne
Juan Ignacio Zoido Álvarez PPE Espagne
Andrus Ansip Renew Estonie
Manolis Kefalogiannis PPE Grèce
David Lega PPE Suède
Ljudmila Novak PPE Slovénie
mars 2022 Bert-Jan Ruissen CRE Pays-Bas
mai 2022 Antonio López-Isturíz White PPE Espagne
octobre 2022 Javier Zarzalejos PPE Espagne
Sven Mikser S&D Estonie
Lorant Vincze PPE Roumanie
Asger Christensen Renew Danemark
José Ramon Bauza Diaz Renew Espagne
Anna-Michelle Asimakopoulou PPE Grèce
Edina Tóth Non inscrits Hongrie
Isabel Wiseler-Lima PPE Luxembourg
novembre 2022 David Lega PPE Suède
Antonio López-Isturíz White PPE Espagne
décembre 2022 Karlo Ressler PPE Croatie
Leopoldo López Gil PPE Espagne
Inese Vaidere PPE Lettonie
Romana Tomc PPE Slovénie

Les colonies au programme des visites

Au-delà d’entretiens variés avec des interlocuteurs gouvernementaux et politiques israéliens, la sécurité d’Israël est centrale dans tous les programmes de voyage. Les eurodéputés ont ainsi l’occasion de visiter les tunnels construits par le Hezbollah à la frontière nord avec le Liban ou encore de visiter la région qui borde la bande de Gaza. Ils font des tours en hélicoptère vers la frontière israélo-libanaise ou au-dessus de Jérusalem. Ils reçoivent également des briefings sur la menace iranienne ou sur le financement du terrorisme. Il n’est étonnamment jamais question de la sécurité des populations palestiniennes, dont la responsabilité selon le droit international revient pourtant à la puissance occupante, donc à Israël.

Plus problématiques sont les parties de programmes qui font découvrir aux parlementaires européens les réalités sécuritaires ou économiques des colonies israéliennes illégalement construites dans le territoire palestinien occupé. Pour rappel, les colonies sont reconnues comme étant une violation grave du droit international, et considérées comme un crime de guerre par le Statut de Rome. Or les deux voyages organisés par l’AJC comprenaient des visites dans des colonies de Cisjordanie, celle de P’duel en octobre 2019 et celle d’Efrat en novembre 2022.

Et si l’Israel Allies Foundation invite avec l’eurodéputé Bert-Jan Ruissen 24 autres parlementaires internationaux en décembre 2019, c’est parce qu’ils défendent « la lutte contre le mouvement BDS et l’étiquetage antisémite des produits israéliens de Judée-et-Samarie ». La Judée-et-Samarie est le nom donné par Israël à la Cisjordanie. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient alors de confirmer, le 12 novembre précédent, que l’étiquetage des produits des colonies est obligatoire pour respecter le droit européen. La fondation chrétienne évangéliste semble vouloir outiller les participants pour qu’ils puissent décrédibiliser toute initiative politique qui porterait préjudice aux intérêts des colons israéliens.

Elle les emmène ainsi à un diner dans la colonie Psagot, magistralement décrite par l’écrivain Yonathan Berg dans Quitter Psagot, (éditions L’Antilope, 2021), qui exporte du vin notamment vers l’Union européenne. Les participants ont également l’occasion de se rendre dans la colonie industrielle de Barkan située dans le nord de la Cisjordanie, dont l’essor économique dépend en partie de sa capacité à exporter vers les marchés européen et américain. Ils ont par ailleurs eu l’opportunité de rencontrer Yossi Dagan, leader du Shomron Regional Council, un conseil regroupant une trentaine de colonies du nord de la Cisjordanie. Les participants ont enfin pu rencontrer le juriste Eugène Kontorovich, dont les théories remettent en cause le fait même que les territoires palestiniens puissent être considérés comme occupés.

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La journaliste Pauline Hofmann le souligne, les 30 déclarations de voyage en Israël épluchées par Le Soir ne recouvrent pas l’entièreté des voyages offerts à des eurodéputés dans le pays. Elle note ainsi que sur les onze participants du voyage organisé par Elnet en novembre 2021, cinq seulement l’avaient déclaré. Cette révélation semble en avoir fait réagir certains. C’est le cas de l’Estonien Andrus Ansip (Renew, centre), de la Slovène Ljudmila Novak (Parti populaire européen, PPE, droite), de la Bulgare Elena Yoncheva (S&D, social-démocratie) et de l’Espagnole Isabel Benjumea Benjumea (PPE) qui ont tous modifié leur déclaration dans les jours qui ont suivi la parution de l’article du Soir. Seuls l’Espagnol Juan Ignacio Zoido Álvarez (PPE) et le Suédois David Lega (PPE) n’ont pas encore à ce jour déclaré ce voyage.

Au côté du pro-colon Bert-Jan Ruissen, le Suédois David Lega est par ailleurs le député ayant réalisé le plus de voyages en Israël, un avec chaque organisation : en octobre 2019 avec l’AJC Project Interchange, en novembre 2021 avec Elnet — le seul qu’il n’ait pas déclaré — et en décembre 2022 avec le B’nai Brith. Ses voyages successifs semblent lui avoir donné accès à des contacts privilégiés avec les dirigeants israéliens. L’eurodéputé s’affiche ainsi avec le président israélien Isaac Herzog en visite fin janvier 2023 au Parlement européen.

Autre grand voyageur, Antonio López-Isturíz White (PPE) a aussi effectué trois voyages en Israël en une année (novembre 2021, mai et novembre 2022) à chaque fois invité par Elnet (en coordination avec l’AJC en novembre 2022). Un vrai abonnement ! Son rôle de président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël pourrait le justifier. Mais le rôle de président d’une délégation avec un pays tiers n’inclut cependant pas d’en être le un fervent défenseur. C’est pourtant ce qu’est Antonio López-Isturíz White (PPE) qui, tout comme l’ancien président de la délégation (2014-19) Fluvio Martusciello (PPE), prend systématiquement des positions pro-israéliennes dans son travail au Parlement.

En témoigne la prise de parole de López-Isturíz White lors d’un débat sur la stabilité et la sécurité au Proche-Orient en novembre 2022 où l’eurodéputé fustige « l’obsession malsaine (du Parlement européen) pour le seul pays démocratique de la région, Israël ». Quant à Fulvio Martusciello, son commentaire dans un interview en octobre 2018 sur l’opposition de l’UE à la démolition prévue du village palestinien de Khan al Ahmar est éloquent : « Il ne serait pas correct, de la part des dirigeants occidentaux, de porter un jugement sur une question interne à Israël et nous devons respecter pleinement la souveraineté de l’État d’Israël ». Rappelons que le transfert forcé de populations occupées par un occupant représente une violation grave du droit international.

Un Parlement européen sous influence

Les voyages semblent une occasion de nourrir les eurodéputés déjà convaincus, mais aussi de progressivement en engager d’autres. S’ils se montrent intéressés et réceptifs, il leur sera ensuite peut-être proposé de faire partie d’un groupe d’amitié. Fondé en 2006, le réseau des European Friends of Israel prétendait rassembler tous les groupes d’amitié avec Israël, qu’ils soient des parlements nationaux ou du Parlement européen. Mais il semble avoir cessé de fonctionner depuis. Il est remplacé depuis juillet 2019 par le réseau Transatlantic Friends of Israel que l’AJC se vante d’avoir mis en place et qui regroupe 32 eurodéputés. L’Autrichien Lukas Mandl (PPE) en assure la présidence.

On y retrouve également les grands voyageurs, Ruissen (CRE) et Lega (PPE), ainsi que les présidents de D-IL, ancien et nouveau, Fluvio Martusciello (PPE) et López-Isturíz White (PPE). On y retrouve aussi deux vice-présidentes du Parlement européen, Nicola Beer (Renew) et Pina Picierno (S&D). Le Transatlantic Institute se vante de l’influence de son réseau au Parlement, notamment dans ce tweet où il loue l’initiative de Bert-Jan Ruissen de demander le conditionnement d’une partie de l’aide européenne à l’Autorité palestinienne à la suppression « de manuels scolaires antisémites ». La proposition de Ruissen prend place dans le débat général sur le budget de l’Union, alors que la question des livres scolaires a déjà contribué à retenir l’aide européenne à l’Autorité palestinienne entre septembre 2021 et juin 2022. Une étude commandée par la Commission européenne à l’Institut Georg Eckert avait pourtant réfuté les allégations d’incitation généralisée à la haine et à la violence dans les manuels scolaires palestiniens, et estimé que ceux-ci respectaient les standards de l’Unesco. Alors que la colonisation du territoire palestinien avance à grands pas, que la violence des colons ne fait qu’augmenter et que 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les civils palestiniens en Cisjordanie, la focalisation de nombreux eurodéputés sur cette question représente sans aucun doute la quintessence de ce que l’influence pro-israélienne peut avoir comme impact au Parlement européen.

La défense ouverte des intérêts des colons

Durant la précédente législature (2014-2019), un groupe des Amis de la Judée-et-Samarie avait été fondé par l’ancien eurodéputé tchèque Petr Mach, en collaboration avec le leader du Shomron Regional Council, Yossi Dagan. Le groupe était ainsi autorisé à défendre de manière ouverte les intérêts des colons israéliens au sein du Parlement européen. Si le groupe d’amis a cessé d’exister à la fin de la précédente législature, Dagan est encore invité au Parlement européen par des eurodéputés amis. Le 11 janvier 2023, les fidèles partisans d’Israël que sont le Néerlandais Bert-Jan Ruissen (CRE) et le Tchèque Tomas Zdechovský (PPE) coorganisaient ainsi une conférence au Parlement européen avec le Shomron Régional Council de Dagan, qui faisait ainsi un retour remarqué à Bruxelles. < ![endif]—>< ![endif]—>

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Sur l’affiche de l’événement (ci-contre) apparaît le logo du Golden Gate Public Affairs. L’organisation, fondée par Jenny Aharon qui se présente sur Twitter comme conseillère sur les relations UE-Israël, a récemment fait l’objet d’une enquête du site d’info belge Apache. L’article soulignait la capacité d’influence de l’organisation au sein du Parlement européen ainsi que du Parlement belge. Jenny Aharon est actuellement financée par le Shomron Regional Council de Dagan, et elle l’était auparavant par le puissant think tank israélien Kohelet Policy forum. Les informations trouvées en janvier dernier à propos de Golden Gate dans le registre de transparence du Parlement européen ne s’y trouvent désormais plus. Difficile de dire si cette disparition est due à l’article d’Apache ou simplement à une attitude plus discrète des lobbies à l’heure du Qatargate et du Marocgate.

Un réseau pour défendre les Accords d’Abraham

Les programmes des derniers voyages organisés pour des eurodéputés en Israël, que ce soit par Elnet, AJC ou B’nai Brith, présentent une particularité commune : l’organisation de briefings sur les Accords d’Abraham, accords de normalisation conclus par Israël avec les Émirats arabes unis et Bahrain en août 2020. Ils étaient complétés quelques mois plus tard par un accord de normalisation entre Israël et le Maroc, consenti par le Royaume chérifien en échange d’une reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ces accords font partie d’une offensive diplomatique israélienne visant à normaliser ses relations avec ses voisins arabes, tout en mettant sous le tapis la question du droit à l’autodétermination des peuples.

Et cette offensive semble soutenue par certains eurodéputés. Lors d’un débat sur les implications géopolitiques des Accords d’Abraham au Parlement européen en novembre 2020, Antonio López-Istúriz White se disait reconnaissant du soutien marqué par Josep Borrell à ces accords, mais déplorait par ailleurs que 80 % du discours du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères « fasse référence aux colonies et aux conflits entre Israël et la Palestine ». Lors du même débat, Bert-Jan Ruissen estimait que les Accords d’Abraham mettaient en lumière le fait que « l’Europe ne joue pour l’instant aucun rôle important dans le processus de paix » et cela parce qu’elle « continue à critiquer unilatéralement Israël ».

Et les voyages en Israël semblent en avoir inspiré d’autres. Un récent article du journaliste David Cronin, spécialiste du lobby pro-israélien à Bruxelles, sur Electronic Intifada révèle ainsi le malaise autour de la création au sein du Parlement européen du réseau des accords d’Abraham. Il serait présidé par l’eurodéputé voyageur suédois David Lega. Cronin indique que la création de ce réseau a été « inspirée » à Lega lors d’un de ses voyages en Israël. Mais l’ambiance post-Qatargate ne semble pas favorable aux réseaux d’influence étrangers. Annoncé depuis décembre, le lancement du réseau des accords d’Abraham tarde. Interrogé par Cronin, le bureau de Roberta Metsola semble avoir effacé l’événement de l’agenda de la présidente du Parlement européen, pourtant prévue au programme. Il est vrai qu’assister au lancement d’un tel réseau alors qu’on prétend lutter contre les influences étrangères au sein de l’hémicycle pourrait sembler incohérent.

Même s’il n’est pas question de valises de billets, Qatargate et Marocgate semblent avoir rendu les méthodes d’influence pro-israéliennes un peu moins acceptables. D’autant moins acceptables que les violations israéliennes du droit international et des droits humains sont de plus en plus nombreuses et apparentes, au point d’être aujourd’hui qualifiées par de nombreuses organisations de défense des droits humains de crime d’apartheid. Voyages, lobbies et groupes d’amitié pro-israéliens résisteront-ils aux efforts dans lesquels s’engage aujourd’hui le Parlement européen pour renforcer son indépendance et la transparence de ses travaux ? Mais surtout, le Parlement européen aura-t-il un jour le courage de traiter l’influence israélienne en son sein de la même manière qu’il traite aujourd’hui les influences qataries et marocaines ? Espérons-le.

Voir en ligne : https://orientxxi.info/magazine/les...