Le 14 janvier 2023, un immeuble d’habitation a été détruit par un missile en plein cœur de Dnipro (centre-est de l’Ukraine). Le bilan est lourd : 41 morts et 25 disparus (dénombrés au 17 janvier). L’interprétation de cet événement a donné lieu à une polémique en Ukraine. Analyse.
Depuis la destruction du pont de Crimée, le 8 octobre 2022, les frappes russes de longue portée sur le pays du président Zelensky sont quasiment quotidiennes.
De manière quasi-exclusive, celles-ci ne visent que des infrastructures, généralement électriques, ou des lieux supposés d’intérêt militaire.
Pour la première fois depuis le bombardement sur Vinnitsa, le 14 juillet 2022, de nombreux civils sont à nouveau victimes de ce genre de frappe : le missile qui s’est abattu à Dnipro le 14 janvier 2023 sur des habitations a causé plusieurs dizaines de morts.
L’émotion, la haine et les demandes d’armes
Les premières réactions logiques à ce genre d’événement sont l’émotion et la colère. Mais la réaction de certains relais médiatiques ou partisans ukrainiens peut aussi afficher une haine menée jusqu’à son paroxysme.
Par exemple avec la blogueuse ukrainienne Amelya Podolyak, qui appelle en retour au... génocide du peuple russe. Podolyak affirme que la destruction de l’immeuble était intentionnelle et assimile la Russie à un État terroriste.
En France, d’autres détracteurs farouches de la Russie, comme Raphael Glucksmann abondent en ce sens, mais en accusant Poutine, plus particulièrement, d’être coupable de terrorisme.
Il est bien improbable que le président russe ait personnellement ordonné qu’un missile s’abatte sur des habitations civiles d’une ville russophone d’Ukraine, ne représentant aucun enjeu stratégique et ne pouvant attirer en retour d’une bien mauvaise image. Et vu le nombre de missiles tirés par ailleurs, ce genre d’événement - dramatique - reste rare en cette période de guerre.
Mais lorsque la tragédie survient, de nombreux Ukrainiens en profitent systématiquement pour demander plus d’armes. Par exemple le journaliste Danylo Mokryk, qui considère comme “incroyablement inhumain” le fait que l’Allemagne rechigne à envoyer ses tanks Léopard en Ukraine.
Le ministère de la Défense ukrainien a pour sa part publié sur son compte Twitter une caricature digne des plus grossières œuvres de propagande des deux guerres mondiales en représentant Poutine en ogre géant qui dévore un immeuble.
On notera le hashtag #ArmUkraineNow (“Armez l’Ukraine maintenant”) qui ponctue ce tweet et montre l’objectif clair de ce genre de communication : l’essentiel est de solliciter plus d’armes, encore plus d’armes, pour pouvoir tuer plus d’ennemis.
La polémique
D’autres acteurs du débat public sont plus froids et distants dans leur analyse et réagissent avec plus de raison, comme le conseiller du président Zelensky Olekseï Arestovitch.
Le 14 janvier, dans une émission télévisée dont il est l’invité régulier, ce dernier a affirmé que la destruction de cet immeuble d’habitations était due à l’interception d’un missile russe par la DCA (défense contre les aéronefs) ukrainienne.
Cependant, le lendemain, Arestovitch a été démenti par le Chef d’état-major de l’armée de l’air ukrainienne, le général Nikolaï Olechouk, qui a affirmé que le missile responsable de la destruction de l’immeuble était un X-22 (kh-22 en russe), du même type que ceux qui avaient frappé Krementchouk le 27 juin dernier. Selon lui, par conséquent, la DCA ukrainienne n’avait pas les moyens d’intercepter ce type de missile.
Au passage, le général Olechouk ajoute que seuls des missiles modernes, comme ceux que l’Occident pourra fournir, peuvent intercepter ce genre de missile comme le X-22.
Les observateurs réguliers pro-russes du conflit, comme la chaine Telegram Slavyangrad, Donbass-Insider ou le site Waronfakes ont alors rappelé le fait que l’armée ukrainienne a auparavant déclaré à plusieurs reprises avoir abattu des X-22, notamment le 5 juin, le 29 juin et le 16 décembre dernier, documents à l’appui.
Ils ne manquaient pas de souligner que, soit l’armée ukrainienne mentait aujourd’hui, soit elle mentait hier et avant-hier. Difficile choix pour le pouvoir ! Si l’on doit assumer un mensonge, quel est celui qui cause le moins de dégâts ou qui sert le plus la cause du moment ?
Rappelons que le président Zelensky a toujours soutenu, contre toute évidence, que le missile qui a tué deux civils en Pologne en novembre dernier était un missile russe. La crédibilité de la parole officielle ukrainienne sur ce genre de thématique était donc déjà pour le moins diminuée.
Quoi qu’il en soit, cette polémique a mis Arestovitch sur la sellette : officiellement contredit par l’armée, certains députés comme Alekseï Goncharenko réclamaient sa tête en demandant qu’il soit interdit de s’exprimer sur les affaires militaires, renvoyé et poursuivi pour haute trahison.
Par la suite, Arestovitch s’est excusé en prétextant une erreur de communication, sans pour autant retirer ses propos. Et a expliqué qu’il tenait ses informations d’une personne de confiance, un ancien de l’armée de l’air : alors témoin direct dans les rues de Dnipro de la séquence malheureuse, ce dernier présentait la tentative d’interception du missile comme responsable du drame.
Arestovitch a conclu qu’il aurait dû présenter cette option comme une version possible des faits, soutenue par certains signes, mais qu’il y avait aussi la thèse d’un tir direct sur l’immeuble. Les détails des explications d’Arestovitch sont présents dans cette vidéo en lien avec ce tweet.
Certains ont voulu entendre surtout les excuses, mais d’autres ont continué à considérer qu’Arestovitch ne pouvait tout simplement pas donner une autre version possible que celle de l’armée. Le 17 janvier, Arestovitch, sous pression, a donné sa démission.
Analyse des indices existants
Peut-on démêler le possible de l’impossible ? Pour essayer de savoir quelle est la version la plus plausible des faits, outre le témoignage relayé par Arestovitch, de nombreuses vidéos de l’explosion sont disponibles sur les réseaux sociaux afin de se faire un avis.
Il est tout d’abord frappant qu’au moins trois vidéos de l’impact du missile existent. Cela signifie probablement qu’un premier bruit anormal, sans doute une explosion préalable, a attiré l’attention d’observateurs (ce qui est confirmé pour deux des trois auteurs des vidéos).
Cette première explosion, non loin du lieu du drame, pourrait en effet être le résultat d’une tentative d’interception du missile en vol avec pour conséquence sa déviation de trajectoire finale.
La première vidéo est filmée à partir d’un appartement. On voit d’abord un flash dans le ciel. Deux secondes plus tard, on entend une forte explosion. Et dans la seconde qui suit, un nuage de fumée apparait derrière les immeubles.
La seconde vidéo est cette fois filmée à partir d’une voiture à l’arrêt, dans la rue. Elle filme au début fixement le ciel. On voit alors un flash dans le ciel similaire à celui vu dans la précédente vidéo, mais on entend un bruit d’explosion plus rapidement, suivi immédiatement d’un second bruit d’explosion, plus sourd, et la caméra fait un virage à 90 degrés pour filmer l’impact.
Le fait que la caméra du téléphone fixe le ciel au début de la vidéo peut être dû au fait qu’un bruit suspect était apparu dans cette direction, ce qui aurait motivé la personne à commencer à filmer. Cela serait compatible avec une première explosion en l’air due à une tentative d’interception. Du reste, le téléphone filme à ce moment-là vers le nord-est, qui est à peu près la direction d’où viendra le missile.
Une troisième vidéo est aussi filmée à partir d’un véhicule, cette fois-ci en mouvement. Cette vidéo est diffusée au ralenti car on peut y voir la forme floue d’un missile qui semble tomber quasiment à la verticale. Sur cette vidéo, on voit aussi clairement que le flash lumineux puissant est concomitant avec l’impact du missile. Rappelons que la vitesse du son est d’environ 340 mètres par seconde, ce qui explique l’écart plus ou moins grand entre le flash et le bruit de l’explosion en fonction de la distance de la caméra.
Le site waronfakes s’est procuré la vidéo d’origine. Il nous montre que la caméra qui a filmé était installée sous le rétroviseur d’un véhicule qui filmait le trafic routier. La vidéo qui a circulé sur les réseaux était en fait un montage : elle ne conservait que la partie gauche du cadrage.
On découvre alors avec la bande-son que l’on entend distinctement deux explosions, ce qui se rapproche de ce qui pouvait être entendu dans la seconde vidéo : cela pourrait aller dans le sens de la thèse d’une première explosion du missile à l’impact, qui aurait ensuite déclenché une explosion au gaz dans l’immeuble. Quasiment tous les immeubles d’Ukraine sont équipés de canalisations de gaz, dont la tuyauterie se situe parfois à l’extérieur, sur la façade, au moins partiellement.
Sur une quatrième vidéo, on peut voir distinctement deux foyers d’incendie différents sur le site. On voit d’abord des flammes au niveau de la rue, à l’impact probable du missile. Puis l’on remarque des fumées importantes en arrière du bâtiment. Ce dernier semble avoir été soufflé par une explosion secondaire, accréditant la thèse de la rupture d’une canalisation de gaz au sein de l’immeuble, côté rue, projetant tout le bâtiment vers l’arrière.
Waronfakes montre par ailleurs une série de photos d’immeubles détruits par des explosions de gaz qui montrent des dégâts très similaires. Le site affirme aussi que l’immeuble était connecté au gaz, comme semble le démontrer les images que l’on peut voir sur Google Earth, avec des tuyaux jaunes typiques des canalisations de gaz qui sortent du sol en façade.
Enfin, la trajectoire quasi-verticale du missile est contradictoire avec la fiche technique du X-22 qui explique que ce dernier descend vers sa cible selon un angle de 30°. Le même missile filmé à Krementchouk a bien frappé sa cible a un angle de 30°. Si c’est un X-22 que l’on voit à l’écran, il ne semble donc pas suivre une trajectoire normale, ce qui accréditerait la thèse qu’une tentative d’interception ait modifié sa trajectoire.
Une autre hypothèse est que le missile vu à l’écran ne serait pas un X-22 mais un S-300 de la DCA ayant manqué sa cible, thèse que Waronfakes semble privilégier. Mais cela voudrait dire que ce S-300 n’aurait pas explosé en vol, ce qui n’expliquerait pas pourquoi les gens regardaient dans le ciel avant l’impact.
Quelle cible était visée ?
Le journaliste Mark Krutov, travaillant pour Radio Liberty, a tenté d’identifier des cibles possibles non loin de l’impact. Il a ainsi repéré la centrale électrique Pridneprovskaya TPP, qui a déjà été bombardée plusieurs fois, mais qui se trouve vers l’est à quand même à 3,3 kilomètres de l’impact, soit bien au-delà des 600 mètres jugés comme étant la marge d’erreur du missile (voir article sur Krementchouk). Une autre cible possible, l’usine PivdenMash est, elle, située encore plus loin, à près de 6 kilomètres de là vers l’ouest.
Pour waronfakes, une cible possible aurait été une petite base militaire située à 13 km à l’ouest/sud-ouest de l’impact. Cela dit, sur une vidéo filmée le soir du 14 janvier, on peut voir l’absence d’électricité dans le quartier touché par l’impact, suggérant que la centrale thermique située à 3 km avait aussi pu être touchée le jour-même.
Le point de vue russe
Pour sa part, le gouvernement russe s’est exprimé sur cette affaire par la voix de Dmitry Peskov, le secrétaire de presse de la présidence, qui a déclaré que "l’armée russe ne frappe ni les bâtiments résidentiels ni les infrastructures sociales en Ukraine”.
Il a également attiré l’attention sur le fait que certains représentants de Kiev (et chacun aura reconnu Arestovitch) ont déjà désigné la défense aérienne comme la cause de la tragédie.
L’ambassadeur russe aux Nations Unies, Vasily Nebenzya, a défendu la version suivante : "Un missile russe qui visait une installation d’infrastructure énergétique a été abattu par la défense aérienne ukrainienne. Comme le lanceur de défense aérienne était positionné dans un quartier résidentiel contrairement aux normes du droit international humanitaire qui vous tiennent tant à cœur, le missile est tombé sur un immeuble résidentiel”. Cela dit, on n’a pas vu de preuves du positionnement de la DCA ukrainienne.
Arestovitch avait précisé que si la Russie n’avait pas envoyé de missile au-dessus de Dnipro, le drame du 14 janvier ne serait pas arrivé, arguant qu’elle était de toute façon responsable directement ou indirectement.
À cela, Nebenzya répond qu’il “ne serait pas nécessaire de notre part de mener des frappes contre une infrastructure qui soutient le potentiel militaire de l’Ukraine, si les dirigeants ukrainiens se montraient prêts à négocier la paix dans des conditions réalistes qui élimineraient les raisons qui ont rendu nécessaire une défense militaire.”
Puis, à l’attention de ses collègues occidentaux, il a ajouté : "Nous regrettons qu’aucun d’entre vous n’ait dit un mot de condamnation des frappes aériennes quasi continues des forces armées ukrainiennes contre Donetsk qui ont également fait des morts. Dans ce cas cependant, le régime de Kiev cible délibérément des quartiers résidentiels où il n’y a pas d’installations militaires.”
Le représentant russe a hélas raison sur ce sujet. Le dernier bombardement meurtrier sur Donetsk par les forces ukrainiennes remonte au 16 janvier. Des bombardements kiéviens ont détruit un supermarché, causant au moins trois morts, dans l’indifférence de l’Occident, comme c’est le cas de tous les bombardements sur les zones civiles des séparatistes depuis 8 ans, comme j’en ai été témoin en tant qu’observateur international. Le mois de décembre dernier a été particulièrement meurtrier à Donetsk.
Quelle conclusion peut-on tirer ?
À la lumière de tous ces éléments, du témoignage a priori fiable du contact d’Arestovitch qui n’avait aucune raison de mentir, du fait qu’au moins deux personnes ont commencé à filmer avant l’impact, du fait que les autorités ukrainiennes ont été prises à faire de fausses déclarations à plusieurs reprises, du fait que les Russes n’avaient objectivement aucune raison de tirer à cet endroit, du fait que les cibles potentielles étaient au moins cinq fois plus éloignées de la marge d’erreur du missile incriminé, du fait que ce dernier n’avait pas une trajectoire normale, à moins d’un problème technique ou d’une erreur de programmation du X-22, la thèse de la déviation du missile suite à une tentative d’interception semble la plus probable pour expliquer la tragédie.
Mais ce n’est naturellement pas la thèse qui arrange le plus le pouvoir ukrainien, car dans cette guerre, toute tragédie humaine est bonne à exploiter au maximum pour émouvoir l’Occident et demander toujours plus d’armements.
Donc, il fallait contredire Arestovitch, particulièrement à un moment où, avec la perte de Solédar, la dynamique sur le front semble s’inverser de nouveau. D’autant que l’Ukraine s’inquiète de la continuité du soutien américain avec le changement de majorité à la Chambre des Représentants, comme l’explique le Washington Post.
L’heure est donc à la remobilisation de l’effort de guerre des Occidentaux, et plutôt que d’admettre une défaite embarrassante, rien de tel qu’un crime de guerre bien choquant qu’on peut attribuer à l’ennemi. On a déjà analysé ici cette méthode à l’œuvre dans la série des articles sur les allégations de crimes de guerre contre les Russes.
Le mensonge et la propagande comme mode de fonctionnement
Le télégrammeur pro-russe Masno, qui n’hésite pas à l’occasion à critiquer la Russie, analyse que “la tragédie de Dnipro a révélé le fait que tous les responsables ukrainiens mentent”, et que leurs mensonges peuvent être modifiés en fonction des situations et des besoins.
Ainsi, jusqu’ici, “il était nécessaire de convaincre le public que la défense aérienne ukrainienne est la meilleure et abat près de 90% des missiles, ce qui était censé inspirer aux citoyens un sentiment de sécurité et de fierté envers les forces armées ukrainiennes. Tout allait dans le concept général d’instiller chez les masses un sentiment de victoire.
Maintenant, la situation a changé, car désormais l’objectif n’est plus d’inspirer la sécurité, la fierté et la victoire, mais la haine, la colère et, bien sûr, un effet informatif pour le public occidental sur la question de la nécessité d’obtenir de nouvelles armes sophistiquées.
Il ne se passera qu’un peu de temps avant que les autorités admettent, encore une fois, qu’elles ont menti au peuple à ce moment-là, car c’était si nécessaire, comme dans tous les cas précédents.”
Masno liste alors une série d’anecdotes qu’il serait trop long de reprendre toutes, la plus fameuse étant les mensonges de l’ex-médiatrice des droits de l’homme, Lyudmyla Denisova qui inventait des histoires de viol d’enfants par centaines pour réclamer des armes à l’Occident. Voir l’article à ce sujet.
Pour Chrystelle Néant, de Donbass-Insider, outre qu’elle rappelle un communiqué ukrainien du 29 juin s’étant vanté d’avoir abattu un X-22, “Il y a 2 problèmes, lorsque toute la communication est basée sur le mensonge : d’une part, les mensonges deviennent de plus en plus incohérents entre eux ou avec les faits connus...” (Ici, la parole officielle contredit d’un coup au moins 3 communiqués précédents sur la destruction des X-22) “ ...d’autre part, mentir constamment, comme le font les soutiens de Kiev, requiert un effort mental constant. Dès qu’Arestovitch (ou Ursula von der Leyen) oublient, un bref instant, qu’il faut mentir, la propagande de Kiev se fissure.”
Elle rappelle ensuite que “Orwell, dans 1984, avait résolu le problème des contradictions de la propagande du régime totalitaire de Londres par un ministère chargé de réécrire constamment les journaux, dont les articles ‘erronés’ (en contradiction avec les nouveaux mensonges) étaient détruits. Cela ne fonctionne pas, avec internet. Chacun est libre de comparer la ‘vérité’ officielle actuelle avec les versions précédentes.”
Afin de démontrer que certaines vérités sont tout simplement inadmissibles dans cette Ukraine en guerre, dans une autre affaire, le 16 janvier, la vice-ministre de la Défense, Hanna Vasylivna Maliar, a menacé de poursuites, sous l’Article 114-2 du Code pénal, les militaires ou les civils ukrainiens non-autorisés qui confirmeraient la perte de Solédar, alors que même le très antirusse Institute for the Study of War reconnaissait dès le 14 janvier qu’il était “très improbable” que l’armée ukrainienne ait encore des positions dans la ville. Dans ce monde orwéllien de la propagande de guerre, il y a donc deux réalités parallèles, celle du terrain et celle du discours officiel.
En temps de guerre, tout est ou devient propagande. C’est une autre manière que de dire que la vérité est la première victime de la guerre.
Source F-S