« Bloc-notes : Macron face au défi d’un peuple exaspéré »
Mauvaise nouvelle pour la caste : le peuple en colère sera encore là en 2020. Depuis que la France modeste a fait irruption, le 17 novembre 2018, dans les rues de Paris et sur les ronds-points, elle n’a pas renoncé à se faire entendre de dirigeants hautains et maladroits. Les Gilets jaunes, mouvement antimondialisation mené par une classe moyenne en demande de protections sociales et identitaires, ont amorcé une dynamique. Elle est appelée à peser, y compris ailleurs dans le monde, en réaction à la brutalité des utopies universalistes. Les Britanniques viennent d’en faire la démonstration : ils ont accordé, à l’issue des législatives du 12 décembre, la majorité absolue à Boris Johnson ; un épouvantail pour l’establishment. Il mènera le Brexit à son terme. Ceux qui, depuis trois ans, assuraient que les électeurs s’étaient fait berner par des mensonges et qu’ils regrettaient d’avoir voté contre l’Union européenne ont l’air malins. Les voilà confrontés à ce qu’ils redoutent le plus : la démocratie.
L’année 2019 s’achève comme elle avait commencé : sur une incompréhension rédhibitoire entre des élites persuadées d’avoir raison et des citoyens n’en pouvant plus d’être inaudibles. N’en déplaise aux effarouchés, ce sont les Johnson, Trump, Orban, Salvini ou Bolsonaro qui savent aujourd’hui, mieux que la gauche décatie, parler à la classe ouvrière et aux plus fragiles. Le premier ministre britannique a fait ses meilleurs scores dans les bastions du Nord et des Midlands, tenus par les travaillistes. Jérémy Corbyn, candidat du Labour, s’est effondré pour n’avoir compris le malaise existentiel des enracinés dirigés par des déracinés. Son choix de flatter les minorités islamisées, au prix de raisonnements antisémites réitérés, a laissé voir les dérives des progressistes. Le conservatisme national est la nouvelle doctrine qui émerge à droite, sur les ruines d’une gauche universaliste qui a saccagé les nations. Dans cette recomposition, le gouvernement français navigue à contre-courant.
La macronie, désinvolte jusque dans son amateurisme, reste un monde à part.