Silence dans la presse française. Un journaliste anglais, Tommy Robinson, a été incarcéré pour 13 mois dans l’indifférence des défenseurs de la liberté d’expression. Mieux : c’est la "fachosphère" qui est accusée par la classe médiatique de s’indigner de cette atteinte à la démocratie. Jusqu’alors, seuls des pays comme la Chine, la Turquie ou la Russie osaient arrêter et mettre au trou des journalistes dissidents. Mais le tort de Robinson, fondateur de l’English Defence League, est apparemment de militer "contre l’islamisation de l’Angleterre" et l’extrémisme musulman. Alors que le journaliste diffusait en direct sur Facebook live, le 25 mai devant le tribunal de Leeds, les arrivées des protagonistes au procès d’un gang indo-pakistanais soupçonné de crimes pédophiles, des forces de l’ordre sont venues l’arrêter en direct. Déféré immédiatement devant la justice, Robinson (déjà condamné avec sursis) a écopé de 13 mois fermes, applicables dans l’instant. Cinq heures se seront écoulées entre son arrestation et son incarcération. Les juges ont condamné Robinson pour "outrage" ; en fait, pour avoir enfreint l’interdiction judiciaire de faire de la publicité sur ce procès de présumés proxénètes musulmans. Dans une démocratie aussi exemplaire que celle de l’Angleterre, cette mise au silence d’un journaliste, présenté comme un lanceur d’alerte par ses amis, a toutes les apparences d’une dérive judiciaire liberticide. La presse ferait bien de se réveiller.
Le politiquement correct, qui vient d’embastiller Tommy Robinson en imposant de surcroît l’omerta, est une prison intellectuelle dont les journalistes doivent s’échapper s’ils veulent rester crédibles dans leur rôle de contre-pouvoir. La France est à la merci d’un pouvoir politique qui cherche à contrôler toujours plus l’information, en profitant de l’endormissement de ceux qui sont supposés la défendre. La proposition de loi sur les "fake news", qui sera discutée jeudi devant l’Assemblée nationale, est de ces dangers qui doivent être dénoncés par la profession. Les députés macronistes, qui oeuvrent à répondre au souhait du chef de l’Etat lui-même, proposent cette définition pour la "fausse information" : "Allégation ou imputation d’un fait dépourvue d’éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable". Mais un tel flou peut permettre toutes les censures, au bon vouloir d’une parole officielle et d’une justice qui aurait à dire ce qui est vrai et ce qui est faux. Comme le rappelle L’Opinion de ce lundi, la proposition de loi accorde aussi au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), plus flic de la pensée que jamais, la possibilité de "débrancher" les sites internet de médias étrangers soupçonnés de mauvais sentiments. Non, tout ceci n’est pas à la hauteur de la France qui prétend donner des leçons de liberté d’expression à la Russie, à la Turquie ou à la Chine.