Les mois d’été sont parfois chauds et ceux de 2022 furent aussi particulièrement chargés : après quelques semaines de pause, force est de constater que le monde continue de tourner frénétiquement.
Ainsi, pendant que la France continuait sa descente dans les absurdités macronesques habituelles sur le mode « Vite, vite, faisons venir à grands frais des pompiers étrangers au statut vaccinal inconnu pour ne surtout pas réintégrer les pompiers français non vaccinés », pendant que la situation internationale continuait de se dégrader à tous points de vue tant du côté de l’Asie que de l’Ukraine, et pendant que tout ceci se déroulait avec forces gros titres et fines analyses dans les médias grand public, une nouvelle fracassante passait totalement inaperçue.
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Ce n’est qu’à la faveur de quelques timides articles d’une presse qui a consciencieusement regardé ailleurs qu’on apprend, furtivement, que certains pays n’entendent pas vraiment se couler dans le moule que l’Occident avait prévu pour eux : suite à une réunion des BRICS, ces pays en développement rapide qui comptent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, d’intéressantes dispositions monétaires ont été prises dont on pourrait dire qu’elles remettent profondément en cause l’ordre mondial financier actuel sans que, pourtant, personne ne s’en soit réellement ému.
Les accords de Bretton Woods ont clairement dessiné en 1944 le monde de l’Après Seconde Guerre mondiale en faisant du dollar américain la monnaie de référence pour tous les échanges internationaux, avec la mise en place de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Les accords multipartites qui viennent de se nouer entre les BRICS et au-delà modifient donc l’ordre mondial monétaire de façon majeure, dans l’indifférence suspecte d’à peu près tout le monde occidental.
On peut s’en étonner puisque ceci signifie de façon assez claire une perte de suprématie pour le dollar américain. En effet, jusqu’à présent certains échanges commerciaux internationaux étaient réglés en dollars américains : la vente de matières premières, le prix du baril ou de l’or, les règlements interbancaires entre nations étaient très majoritairement réglés en dollars ce qui imposait du reste que des masses considérables de billets verts devaient être conservés dans la plupart des banques centrales des pays de la planète.
Pour ces pays, l’utilisation du dollar n’a pas que des avantages. La monnaie américaine donne à l’Oncle Sam une très grande capacité d’influence dans le monde : qui utilise le dollar doit en respecter les moindres contraintes, notamment celles imposées par la politique étrangère américaine, et qui ne les respecte pas peut se retrouver coupé des échanges internationaux ou voir ses réserves bloquées… Ce fut le cas de nombreuses fois pour différents pays, les tentatives de sortie du « système dollar » se traduisant parfois par des changements brutaux de régime. Quant à l’interdiction d’utiliser le dollar, elle a longtemps signifié un effondrement de l’économie concernée…
Cette position dominante du dollar lui permet aussi de diluer son inflation en la répartissant à échelle planétaire. Pratique : l’impression de billets n’avait jusqu’à présent pas d’impact réel pour l’économie américaine. Le dollar était jusqu’à présent sa monnaie, et les problèmes afférents étaient rejetés sur le reste du monde.
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Cependant, les récents développements internationaux montrent que cette hégémonie monétaire n’est plus aussi solide.
Avec l’annonce par les BRICS de la création d’une nouvelle monnaie de réserve , la position américaine va fondamentalement changer : en offrant à tous ceux qui le voudront une monnaie de réserve concurrente (ou supplémentaire) au dollar, les BRICS vont donner l’occasion à des douzaines de pays de s’affranchir du dollar et donc de l’influence américaine directe ou indirecte (c’est le cas de l’Algérie par exemple ).
Parallèlement à l’introduction programmée de cette nouvelle monnaie de réserve, l’Inde a déjà annoncé utiliser le dollar de Hong-Kong, le yuan ou le dirham pour payer son charbon à la Russie, ce qui lui permet de contourner assez facilement les sanctions imposées à la Russie de Poutine. Du reste, la Turquie – pourtant membre de l’OTAN – semble mettre en place des mécanismes équivalents pour ses propres besoins.
Voilà qui est ballot !
Normalement, tout était prévu pour un nouvel ordre mondial taillé au cordeau : la pandémie devait générer des piscines olympiques de dettes faramineuses, qui devaient à leur tour largement inciter les gouvernements, en pleine banqueroute, à effacer ces dettes par le truchement d’une nouvelle monnaie mondiale , à la fois numérique et totalement contrôlée par les États. Et dans ce nouvel ordre mondial, c’était très simple : l’Occident mènerait la danse, les humains seraient tous contrôlés par cette monnaie et tout irait bien (pour les élites) sur le principe « Vous ne serez bien sûr plus propriétaire de rien, mais vous serez heureux (ou sinon, tant pis) », comme l’explique calmement un Forum Économique Mondial toujours aussi relax du collectivisme.
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Malheureusement, avec ce nouveau développement, ce « Nouvel Ordre Mondial » ne semble pas prendre la direction envisagée par nos fines élites : difficile d’imposer une monnaie unique dans un monde qui n’est pas unipolaire par exemple et alors qu’une partie des nations s’éloigne vigoureusement d’un dollar devenu une arme financière (weaponized currency). Difficile de pousser ces monnaies numériques de Banques centrales alors que le bitcoin et les cryptomonnaies indépendantes continuent d’attirer l’attention et d’offrir une alternative de plus en plus crédible aux monnaies fiat qui démontrent chaque jour un peu plus les dangers qu’elles comportent.
Eh oui : difficile de rendre l’utopie collectiviste mondialiste attrayante dans un contexte de plus en plus mouvant, où la concurrence apparaît et ne semble pas vouloir se laisser faire. Difficile de vendre ces CBDC dans un monde qui ne veut pas se plier au diktats de moins en moins cachés d’une petite élite délicieusement éco-consciente qui veut diminuer son empreinte carbone en oubliant de préciser que le carbone, c’est vous… Si un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place, ce n’est décidément pas celui que cette élite avait prévu.
Accessoirement, on ne pourra s’empêcher de noter que ce Nouvel Ordre Mondial imprévu semble se dessiner sans l’euro. Ce n’est pas un hasard.
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