A quatre-vingts ans, il me faut faire un bilan
De ce que fut ma vie, dans le rétroviseur,
Quand bien même le regard devient chancelant
Et s’il me faut alors ajuster le viseur.
Cinglent en coups de fouet ennuis, tracasseries
Qui ont jalonné le long chemin de ma vie :
Les voici amplifiés par quelque espièglerie
De regrets, de remords, censée inassouvie.
Ces ombres cachent sans doute quelque lumière :
Il faut les occulter et fouiller plus avant,
Revenir tout au bout de l’enfance première
En ce temps qui ne fut jamais guère éprouvant.
La jeunesse n’est jamais qu’un temps sans souci :
Elle ne commande jamais qu’à l’espérance,
C’est de son horizon que toujours s’éclaircit
Son désir affirmé de plus de fulgurance.
A quatre-vingts ans c’est un fauteuil qui attend
L’instant où advient le premier trébuchement :
Il nous faut arrêter l’horloge de ce temps
Et jeter aux orties tout vœu de renflouement. (18/06/17)