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Seulement 16% des films français sont rentables

, par  Nicolas Lecaussin , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Bonjour Visiteur à partir du 15 juillet 2025

Nos lecteurs ont beaucoup réagi à l’article sur les subventions au cinéma français que nous avons publié il y a quelques jours. Certains, quelque peu sidérés par les chiffres qu’il révélait, nous ont demandé lesquels étaient les plus inquiétants. Ils le sont presque tous mais nous donnerions la palme d’or à celui que nous avons mis en exergue dans le titre : le secteur est en faillite, on le subventionne sans trop compter et malgré cela, seules 16% de ces œuvres très aidées sont rentables. Seules 16% ont des recettes supérieures à leur coût de fabrication. Le non-spectateur par choix mais néanmoins contribuable par contrainte n’est-il pas fondé à s’interroger sur cet énorme gaspillage d’argent public ?

L’article Seulement 16% des films français sont rentables est apparu en premier sur Contrepoints .

Voir l’article sur les subventions :

Un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur les aides au cinéma fait un constat accablant de la situation. Alors que les financements privés baissent et que le nombre de spectateurs se réduit, la production de films s’intensifie et dépend de plus en plus de la manne publique. Mais l’IGF ne suggère que quelques millions d’économies alors qu’il faudrait remettre en cause tout le système de financement public du cinéma français.

Quand on le compare, le cinéma français n’est pas à plaindre : les salles comptent 2,6 entrées par habitant contre 1,5 dans le reste de l’Union européenne (UE) ; le taux d’écrans pour 100 000 habitants s’élève à 9,7 en France, contre 5,8 en moyenne européenne ; la part du cinéma français dans le marché national s’établit à 40% alors que les parts de marché du cinéma européen sur le territoire de l’UE étaient en moyenne de 34% au cours des dix dernières années.
Le cinéma français : un géant aux pieds d’argile

De fait, même si la fréquentation des salles françaises semble avoir atteint un plateau entre 2009 et 2019, avec un peu plus de 200 millions d’entrées par an, le nombre d’entrées se maintient à un niveau élevé : 180 millions en 2023, 181 millions en 2024.

Du côté de la production, sur les 716 films qui ont fait l’objet d’une première sortie commerciale en France, 406 étaient français (57%). Parmi ceux-ci, 298 ont été agréés par le Centre national du cinéma (CNC), dont 236 films d’initiative française (79%). L’Inspection générale des finances (IGF) constate, dans son rapport, que la production de films agréés atteint régulièrement, depuis 2015, le seuil de 300 films. Ce niveau élevé représente un accroissement de près de 50% par rapport au niveau de production des années 2000 (213 films en moyenne) et de près de 100% par rapport au niveau de production des années 1990 (152 films en moyenne).

Précisons que le CNC peut délivrer aux films français ou coproduits par au moins un producteur français un agrément, nécessaire pour ouvrir droit aux aides financières. Il est délivré en deux temps : un premier agrément, dit « des investissements », est accordé avant le tournage ; un second, dit « de production », l’est après le tournage et l’obtention du visa d’exploitation.

Toujours est-il que l’offre croissante de films, notamment agréés, d’un côté et la baisse du nombre d’entrées de l’autre, se traduit par une augmentation du nombre de films qui n’ont que peu, voire très peu, de spectateurs. En 2022, plus d’un tiers des films financés sur fonds publics (35%) ont comptabilisé moins de 20 000 entrées et près des trois quarts (72%) moins de 200 000 (c’est-à-dire moins de 1,5 M€ de recettes en salle, alors que le budget moyen d’un film en France est d’environ 4,3 M€). En 2015, les films réalisant moins de 20 000 entrées ne représentaient que 15% du total. Cette année-là, 11% des films subventionnés étaient vus par moins de 5 000 spectateurs ; en 2022, c’était 18%. A l’autre bout du spectre, les films faisant plus d’un million d’entrées, qui représentaient 8% du total en 2015, n’étaient plus que 2% en 2022.

L’IGF relève également un accroissement des montants de financements publics mobilisés par spectateur : alors que 15% des films sortis en 2015 n’ont pas bénéficié de fonds publics (7%) ou ont coûté moins d’un euro de financement public par spectateur (8%), ils n’étaient plus que 6% en 2022 (dont 2% n’ayant reçu aucune subvention). La même année, 20% des films ont coûté plus de 50 € d’argent public par spectateur (2% en ont même coûté plus de 500).

Le rapport décrit également une filière sous tension dont la rentabilité économique dépend fortement des aides publiques, généralement non remboursables. Ainsi, selon les années, seules 10% à 15% des sociétés de production ont un résultat d’exploitation positif si l’on déduit les aides du CNC. Pour les sociétés de distribution, les chiffres sont de 8% à 19%.

L’IGF a également examiné la rentabilité de 837 films sortis entre 2015 et 2018 et ayant reçu l’agrément de production. Pour un coût de production total de 3 941 millions d’euros (M€), les recettes se sont élevées à 2 811 M€ et les pertes, par conséquent, à 1 130 M€, ramenées à 297 M€ après versement des 833 M€ d’aides publiques.

Sur l’ensemble de la période 2015-2018, seuls 16% des films ont généré des recettes supérieures à leurs coûts de fabrication. Par conséquent, 84% des films ne sont pas rentables (et ils sont encore 72% après versement des aides publiques).
Des aides multiples, certaines quelque peu escamotées

Le rapport tente d‘établir la liste des financements publics et privés obligatoires au cinéma : obligations d’investissement dans des œuvres cinématographiques auxquelles sont soumises les médias audiovisuels (415 M€ en 2023) ; préfinancements de la production octroyés par l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) ; crédits d’impôt soutenant la production cinématographique ; soutiens du Centre national du cinéma (CNC) ; taux réduit de TVA sur les billets de cinéma. Au total, l’IGF estime que près d’1,2 milliard d’euros (Md€) d’aides publiques ou de financements privés obligatoires sont accordés à la filière du cinéma.

Il nous semble que l’GF minimise les aides publiques. Si elle a pris en compte les subventions régionales dans le total de 1,2 Md€, elle fait l’impasse sur les aides communales. A Paris, par exemple, la mission cinéma de la ville est dotée de 10 M€ par an pour soutenir la production de court-métrages, les tournages, les salles « art et essai » indépendantes, les festivals, etc.

Le rapport ne dit pas non plus un mot du régime des intermittents du spectacle qui bénéficie à environ 130 000 personnes et qui est structurellement déficitaire d’1 Md€ par an. Le cinéma en profitant largement, il conviendrait d’ajouter une bonne partie de cette somme au 1,2 Md€. Par conséquent, le montant des aides publiques au cinéma serait plutôt de l’ordre de 2 à 2,5 Md€ chaque année.

L’inspection générale des finances propose quelques économies, à hauteur de 80 millions d’euros (M€), soit à peine 6,7% du montant des aides qu’elle a recensées. Autant dire une goutte d’eau, alors que l’État aurait besoin d’économiser au moins 200 Md€ par an pour redresser sa situation financière.

En réalité, c’est le principe même de ces aides au cinéma qu’il conviendrait de remettre en cause. Ce que l’IGF se garde bien de faire. Il est, en effet, particulièrement choquant de consacrer autant d’argent, pris dans la poche des Français, pour soutenir la production de films qu’ils ne veulent pas voir. De surcroît, l’industrie cinématographique ne craint pas de rémunérer très grassement la plupart de ses protagonistes, à commencer par les acteurs.
Des acteurs trop payés

Une polémique était d’ailleurs née à ce sujet il y a une dizaine d’années, à la suite d’une tribune publiée dans Le Monde critiquant sévèrement l’économie du cinéma français. Ce qu’écrivait alors l’auteur, le distributeur et producteur Vincent Maraval, mérite d’être relu : « Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 M€, alors que le coût moyen d’un film indépendant américain tourne autour de 3 M€. Ce coût moyen ne baisse jamais, alors qu’il y a toujours plus de films produits, que le marché de la salle stagne, que la vidéo s’écroule et que les audiences du cinéma à la télévision sont en perpétuel déclin face à la télé-réalité et aux séries. » Pourquoi les coûts français sont-ils si élevés, d’après Maraval ? Parce que les acteurs sont trop payés : « Mais pourquoi, au fond, les acteurs seraient-ils pires que les sportifs ? Parce que leur carrière est potentiellement plus longue ? Non, le seul scandale, le voilà : les acteurs français sont riches de l’argent public et du système qui protège l’exception culturelle. A part une vingtaine d’acteurs aux Etats-Unis et un ou deux en Chine, le salaire de nos stars, et encore plus le salaire de nos moins stars, constitue la vraie exception culturelle aujourd’hui. » Et il ajoutait : « Pourquoi, par exemple, Vincent Cassel tourne-t-il dans Black Swan (226 M€ de recettes monde) pour 226 000 euros et dans Mesrine (22,6 M€ de recettes monde) pour 1,5 M€ ? Dix fois moins de recettes, cinq fois plus de salaire, telle est l’économie du cinéma français. »

Depuis cette tribune, les chiffres sur les cachets des acteurs sont très méticuleusement dissimulés. Pour calmer les esprits, le CNC décida, en 2014, de plafonner le salaire des acteurs des films qu’il finance à 990 000 euros. Ce montant a-t-il été revalorisé depuis ? Nous n’avons pas trouvé l’information.

Au lieu de mettre fin à ce système honteux, le projet de budget du ministère de la Culture pour 2026 prévoit de réduire les crédits alloués au patrimoine (-58 M€ par rapport à 2025), et ce, alors même que Rachida Dati a décrété « l’urgence patrimoniale », et rappelé que 20% de nos monuments historiques sont en mauvais état et 5% en péril.

Voir en ligne : https://contrepoints.org/seulement-...