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Réseaux sociaux : et si la menace pour la démocratie n’était pas du tout là où la voit Emmanuel Macron ?

, par  Élodie Messéant , popularité : 18%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Bonjour Visiteur à partir du 15 juillet 2025

Face aux dérives du numérique, Emmanuel Macron appelle à la « résistance ». Mais derrière le ton martial, experts et analystes dénoncent une approche déconnectée, qui confond dérégulation technologique et perte de contrôle politique.

1/ Emmanuel Macron recevait, ce mardi matin, près de 200 experts pour réfléchir à des solutions face aux dangers que représentent le numérique pour la démocratie, la santé mentale et les élections. Dans quelle mesure l’approche du président de la République, qui va jusqu’à appeler à la « résistance », peut paraître déconnectée du réel problème ? Faut-il vraiment penser que les réseaux sociaux sont responsables du délitement du débat public en France ?

Elodie Messéant : Il est vrai que nos responsables politiques n’ont généralement qu’une réponse face à ce qu’ils qualifient de délitement du débat public, qu’il s’agisse de messages haineux ou de fake news. Ils ne pensent qu’à une forme ou à une autre de censure. Le postulat de départ, pourtant, est erroné : on croit qu’on doit réglementer pour tuer l’erreur. Or, on ne tue pas l’erreur par la censure, mais par la raison, par l’argumentation, par le débat. C’est ainsi que la vérité finit par émerger. Il existe, à cet égard, un système que je trouve très pertinent sur X : les community notes, qui permettent une forme de fact-checking collaboratif. Les membres de la communauté peuvent voter pour corriger ou contextualiser une publication. Si un nombre suffisant d’utilisateurs valide la correction, celle-ci est effectivement mise en avant. C’est pour partie ce qui a poussé Greenpeace à quitter X : l’ONG a été régulièrement corrigée par des professionnels de l’industrie nucléaire, qui pointaient du doigt les erreurs et les inexactitudes. Cet outil illustre un modèle démocratique d’autorégulation, plutôt qu’une logique de censure verticale.

D’autant plus que, et c’est important de le rappeler, les fausses informations ne sont pas limitées aux réseaux sociaux. Le cas de Gabriel Zucman, relayé par de nombreux médias, en est un exemple. Sans doute faudrait-il s’interroger sur le rôle et la crédibilité de nos médias traditionnels. On parle souvent de pluralisme, mais dans les faits, ce principe est très mal appliqué. Les médias classés à droite, comme CNews ou TPMP, sont souvent visés par les autorités au nom du pluralisme, tandis que les médias classés à gauche ne le sont presque jamais. Dans le débat sur la “taxe Zucman”, que nous évoquions à l’instant, rares sont ceux qui contredisent véritablement son premier promoteur quand il est à l’antenne. Or, ses propositions ont des implications concrètes sur l’économie et les entreprises. Les médias traditionnels, subventionnés par l’État, diffusent aussi des inexactitudes – et ces erreurs sont financées par les contribuables. Les réseaux sociaux, eux, ne le sont pas : personne n’est obligé d’y participer ni de les financer. C’est pourquoi je pense qu’il ne devrait pas y avoir de subventions à la presse. Une presse libre doit être indépendante du pouvoir politique, donc nécessairement privée.

2/ Comment expliquer que la première solution envisagée par la classe politique française soit celle de la modération et, à travers elle, celle de la censure ? N’est-ce pas là l’illustration d’une mécompréhension ou d’une ignorance (potentiellement volontaire) du cœur du problème ?

Elodie Messéant : Les réseaux sociaux représentent, à bien des égards, une concurrence directe tant pour les médias que pour le politique. Ils offrent un moyen alternatif de s’informer, hors du contrôle des circuits institutionnels. Cela dérange, car la parole officielle peut être contredite immédiatement et publiquement. Certes, il existe des dérives complotistes, et certaines sont délirantes. Le procès concernant Brigitte Macron, par exemple, relève d’une pure théorie du complot. Mais faut-il pour autant en faire un sujet de droit

pénal ? Je trouve désolant que la législation actuelle permette à de telles affaires d’aboutir à un procès. D’ailleurs, il n’est pas anodin qu’Emmanuel Macron ait relancé le débat sur la “bonne santé du débat démocratique” au moment où ce procès s’ouvre. Cela illustre parfaitement la manière dont le politique instrumentalise le sujet. Je suis convaincue que les hommes et les femmes politiques ont pris toute la mesure de cette concurrence.

J’ai d’ailleurs tendance à penser que le réflexe politique, celui de la réglementation immédiate par la censure est de nature à aggraver la perte de confiance des citoyens dans la parole publique. C’est même un véritable cercle vicieux.

Cette tendance s’observe d’ailleurs dans d’autres cas de figure, notamment en matière de harcèlement en ligne qui est régulièrement instrumentalisé à des fins de contrôle ou de censure. Une loi du 7 juillet 2023 a instauré une majorité numérique à 15 ans. En pratique, cette loi est inapplicable. Bien sûr, le harcèlement est un fléau, et certaines plateformes comme TikTok posent des problèmes évidents, notamment pour la concentration des jeunes ou leur rapport à eux-mêmes. Mais la protection de l’enfance relève d’abord des parents, pas de l’État. Le danger, c’est quand l’État prétend se substituer à l’autorité parentale. C’est souvent la première étape d’une extension du contrôle social. Et c’est exactement le même schéma qu’avec la censure : une logique de substitution, sous couvert de protection.

3/ Dans quelle mesure faut-il penser que la rupture nette de confiance avec la parole publique et politique, notamment pour des raisons de censure là encore, peut diminuer la qualité du débat public en France ? A force de toujours vouloir censurer ceux qui penseraient « mal », ne prend-on pas simplement le risque de les radicaliser plutôt que de les convaincre ?

Elodie Messéant : C’est tout à fait exact et la rupture de confiance avec la parole publique comme politique que vous évoquez est d’ailleurs largement documentée. 62 % des Français estiment que “les responsables politiques ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme eux”, d’après le baromètre de la confiance politique émis cette année par le CEVIPOF, tandis que 72 % déclarent ne pas faire confiance aux partis politiques, et 64 % au gouvernement. D’une façon générale, rappelait l’Ifop en 2024, 58 % des Français disent ne plus avoir confiance dans les médias traditionnels. Ils sont 47% à exprimer ce type de méfiance à l’endroit des réseaux sociaux. Au total, poursuit l’Ifop, 49 % des citoyens jugent que la censure sur les réseaux sociaux “favorise la radicalisation plutôt qu’elle ne la prévient” et 68 % considèrent que “le pouvoir politique et les médias cherchent à disqualifier les opinions divergentes plutôt qu’à les comprendre” selon Harris Interactive (2024).

Plus on cherche à encadrer la parole, plus la défiance grandit. Et plus la défiance grandit, plus les responsables politiques veulent encadrer la parole. C’est un engrenage autoritaire. Nous vivons dans un pays qui se définit comme démocratique, mais dans les classements internationaux, la France est aujourd’hui considérée comme une démocratie imparfaite. La France est classée 21e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2025 (Reporters sans frontières), perdant 4 places par rapport à 2023. Cela devrait

interroger tout le monde et si cela ne signifie pas que la France est une dictature – loin s’en faut ! – cela révèle tout de même une tendance : un pouvoir de plus en plus centralisé et méfiant à l’égard de la critique.

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