Quand reviennent parfois nos souvenirs d’enfance,
Ce ne sont pas d’abord ceux de réjouissance,
Fêtes et succès sont tombés en déshérence,
Ils vivent le temps d’une fragile jouvence.
Ceux qui nous ont marqués sont ceux d’une souffrance,
Ils ont laissé leurs plaies béantes d’impuissance,
L’âme diminuée comme d’une indigence,
Troublant la mémoire d’innommables fragrances.
C’est l’affront de ce prof imbu de sa puissance,
C’est d’un amour transi la sotte évanescence,
C’est le faux pas qu’on doit à quelque outrecuidance,
C’est l’enfermement dans un trop d’indépendance.
Les plaies qui titillent notre réminiscence
Ont pourtant forgé notre régénérescence,
Le temps les polit en douces résipiscences,
Mais le cœur sursaute encor de leurs turbulences.
La mémoire ambiguë trouve en ses résurgences
Des moments de terreur qu’apaise l’indulgence,
Arrivera le temps de notre sénescence
Où elle ne luira plus que par son absence. (14/10/14)