« Quand la macronie voit des menteurs partout... »
"Fake news !", "infox !" : c’est armé d’un gourdin que le gouvernement aborde le grand débat national. Pour le pouvoir, les remarques contrariantes sont vite suspectes de malhonnêteté. Elles sont même potentiellement délictueuses et pénalement répréhensibles. Hier, Emmanuel Macron a dénoncé les "mensonges" sur le contenu du traité d’Aix-la-Chapelle : un document, signé sans aucun débat préalable, qui accélère la convergence franco-allemande. Ce mercredi, sur France Inter, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a admis que le fait de soutenir, comme le fait notamment Marine Le Pen (RN), que la France serait prête à partager avec l’Allemagne son siège au Conseil de sécurité de l’Onu, s’apparentait une "fake news" susceptible de tomber sous le coup de la nouvelle législation. Certes, a-t-elle précisé, cette loi n’a vocation à s’appliquer qu’en période électorale, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il n’en reste pas moins que la ministre de la Justice a approuvé la perspective de pouvoir condamner pénalement les propos d’un opposant au nom d’une vérité officielle laissée à l’appréciation d’un juge. Alors que le chef de l’Etat ne se gêne pas lui-même pour alimenter les désinformations quand, par exemple, il désigne les Gilets jaunes comme une "foule haineuse", au prétexte de quelques dérapages, cette dérive liberticide et despotique devrait alerter les médias. Or nombreux sont ceux qui reprennent, sans distance critique, les démentis du pouvoir. Une semblable servilité avait été observée à propos du pacte de Marrakech renforçant le multiculturalisme. Là encore, les accusations en "infox" avaient rendu tout débat impossible.
En réalité, le traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et l’intégration franco-allemande mérite les réserves émises. Leur caractère éventuellement excessif ne peut justifier cette propagande officielle sur le mensonge organisé. Un minimum de décence devrait inciter a plus de retenue chez les nouveaux censeurs. D’autant que cet accord vient en appui d’une vision supranationale de l’Europe qui est loin d’être approuvée et qui, elle aussi, mériterait d’être discutée. Comme l’a montré, le professeur Olivier Gohin, mardi dans Le Figaro, nombreux sont les articles qui affectent la souveraineté nationale. Ainsi, dès le préambule du texte, est-il réaffirmé la volonté de construire une Union européenne "souveraine" : une provocation, alors même que la France des Oubliés veut justement reprendre en mains la destinée de la nation. L’article 5 prévoit que les deux Etats "établiront des échanges au sein de leurs représentations permanentes (…), en particulier entre leurs équipes du Conseil de sécurité" de l’ONU. De là à en déduire que ce siège pourrait être en effet partagé par la France, il n’y a qu’un pas qui relève peut-être de l’extrapolation, mais pas du mensonge dénoncé par Macron. La revendication du bilinguisme dans les territoires frontaliers vient également en rupture avec cette règle intangible qui fait du français la langue de la République. Bref, quand la macronie crie aux "fake news" et sort sa matraque, c’est qu’elle dissimule ses desseins. L’enjeu du grand débat est de faire tomber le masque de l’hypocrisie du pouvoir et de ses toutous.