« Quand la macronie joue sur les peurs... »
Le clip de La République en Marche pour les Européennes est aussi subtil qu’une propagande de la Corée du Nord. Les archives soviétiques ou hitlériennes regorgent de ces visages souriants et ouverts d’un peuple regardant vers l’avenir azuré tandis que d’immondes figures du passé illustrent l’enfer sur terre. Le petit film (ici) s’intitule : "Pour une Renaissance européenne". Il est diffusé en appui de la lettre d’Emmanuel Macron, publiée le 5 mars dans la presse européenne. L’excellent Maxime Tandonnet me l’a fait découvrir mardi dans son blog. Les premières images montrent des inondations, des affrontements urbains, des chemises noires italiennes ; bref, la "lèpre qui vient", dont le chef de l’Etat se propose d’être le rempart. La voix off du président appuie une description apocalyptique de ce qui menace les Français s’ils ne votent pas LREM aux Européennes : "Regardez votre époque, regardez-là en face, et vous verrez que vous n’avez pas le choix, vous n’avez qu’un choix simple, celui de choisir de laisser un peu plus de place à chaque élection aux nationalistes, à ceux qui détestent l’Europe, et dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, ils seront là (…)". Suivent les portraits de Marine Le Pen ou de l’américain Steve Bannon, théoricien du renouveau souverainiste. Plus manichéen et plus stupide que ce matraquage reste difficilement atteignable, dans une démocratie digne de ce nom. Oser dire aux Français : "Vous n’avez pas le choix" est une injure à l’intelligence des citoyens. L’intolérance est bien le poison du despotisme macronien, qui rend suspecte la diversité des pensées.
Le camp du bien et d’autant plus ridicule à se pavaner sans vergogne qu’il est la source de bien des maux dénoncés par les peuples en colère. La contestation qui s’exprime contre la politique suivie par Macron et par l’Union européenne, qu’il prétend rénover, est directement liée aux erreurs des donneurs de leçons et à leurs postures arrogantes. D’ailleurs, la présidente du CDU allemande, proche d’Angela Merkel, n’a pas tardé à remettre à sa place le président français. Dimanche, dans une tribune publiée par Die Welt, Annegret Kramp-Karrenbauer (surnommée AKK), a déclaré, en rejetant des propositions de Macron : "Le centralisme européen, l’étatisme européen, la communautarisation des dettes, l’européanisation des systèmes de protection sociale et du salaire minimum seraient la mauvaise voie". Cette critique a été appuyée, mardi, par le chancelier autrichien Sébastien Kurtz, qui a dénoncé comme "utopiques" les "nombreuses propositions" du président Français. Pour sa part, l’économiste proche de Macron, Jean Pisani-Ferry, fait remarquer ce mercredi dans un entretien à l’AFP que "la banque pour le climat", proposée par le chef de l’Etat, "existe déjà", avec la Banque européenne d’investissements (BEI) sur la transition écologique. Macron, ivre de lui-même, est en train de se perdre dans son goût immodéré du pouvoir personnel. Son instrumentalisation des peurs et ses diabolisations sont les recettes des régimes aux abois.