Confrontée à la révolution conservatrice, la pensée "progressiste" devient lourdingue. Ceux qui annonçaient un mai 2018 flamboyant, continuateur de l’épopée soixante-huitarde, n’ont réussi à mettre en scène que des manifestations mitées, aux slogans usés. La "Marée populaire" du 26 mai, ainsi survendue par Jean-Luc Mélenchon, s’est noyée dans sa baignoire. Présentant, lundi, ses propositions de réforme de l’audiovisuel public, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a cru utile de qualifier une partie des Français de "hautement réactionnaires", en donnant mission aux télévisions et radios publiques de "changer les mentalités". La ministre a répété à son tour qu’il y a trop d’hommes blancs de plus de 50 ans dans l’audiovisuel. Mais Françoise Nyssen ferait mieux de se demander pourquoi ceux qu’elle voudrait voir rééduqués par la propagande d’Etat n’entendent pas participer à "la dégradante obligation d’être de son temps" (Anna Arendt). Votre serviteur avait écrit, en 2012, un essai intitulé : De l’urgence d’être réactionnaire (Puf). Le livre annonçait le réveil des citoyens prêts participer à des réactions politiques, rendues nécessaires devant la somme des désastres produits par la pensée dominante et sa sotte arrogance. Les déferlantes organisées par la Manif pour tous, en 2013, allient vite illustrer cette résistance de la France bien élevée et silencieuse. Cette vague ne cesse de s’amplifier désormais.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la synthèse des travaux du Comité consultatif national d’éthique, rendue publique mardi et dont Le Figaro fait état ce mercredi. Ce qui apparaît est la très forte mobilisation des opposants à la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples lesbiens et les femmes célibataires, et des opposants à l’euthanasie. C’est un coup d’arrêt aux évolutions sociétales qu’ont voulu donner ceux qui ont participé sur internet à cette consultation voulue par le chef de l’Etat. 89,7% des 6353 participants s’opposent à la PMA pour toutes ; 86,9% des 4916 participants réclament le respect de l’interdiction de donner la mort. Les "progressistes" dénoncent un noyautage des milieux catholiques ou liés à la Manif pour tous. Ils font remarquer que, dans les sondages, près de 6 Français sur 10 se déclarent favorables à l’extension de la PMA. L’euthanasie rencontrerait des scores plus élevés encore. Cet argument d’une sur-mobilisation des opposants est certainement recevable. Cependant, ces résultats font aussi comprendre que le camp du Bien, naguère champion des infiltrations et des détournements, a perdu la main. La dynamique est chez ceux qui refusent le prêt-à-penser médiatique. Même des personnalités de gauche (José Bové, Noël Mamère, Sylviane Agacinski, Michel Onfray, etc.) prennent leur distance avec la reproduction artificielle de l’humain et les manipulations de la vie. Tous réacs ?