Les féministes ont, depuis quelques années, fait plus de mal au féminisme que les hommes « machistes » qu’elles combattent. Obnubilées par l’écriture inclusive, elles en oublient les nombreux combats à mener dans d’autres pays du monde, comme dans certains pays arabes.
Combats pour autoriser le port du voile, reconnaître les droits des transgenres, pansexuels, bisexuels ou gender-fluid, combats pour imposer l’écriture inclusive ou réécrire les contes pour enfants, les féministes bataillent sur de multiples fronts. Elles semblent oublier, non seulement que le statut des femmes est en France presque identique à celui des hommes, mais aussi que d’autres femmes, ailleurs dans le monde, auraient besoin d’elles.
Des combats féministes inadaptés et contre-productifs
En suivant quelques comptes féministes sur les réseaux sociaux, on constate que leurs intérêts sont variés. Certains promeuvent la liberté pour la gent féminine à se laisser pousser les poils, d’autres les droits des LGBTQIAA+, d’autres encore la prostitution, à moins qu’elles ne collectionnent les doléances de jeunes femmes ne supportant plus le sexisme ni les harcèlements. Parmi ces comptes, on peut trouver des témoignages ou des revendications intéressants, et des victimes dont les bourreaux mériteraient une sanction pénale forte. Malheureusement, tout est noyé dans la masse de publications où l’idéologie a pris le pas sur la réalité. Le Collectif Némésis, mouvement féministe identitaire, regrette que les féministes se concentrent plus sur les droits des hommes biologiques, autrement nommés femmes transgenres, et sur le droit des femmes à se voiler, plutôt que sur les agressions et viols quotidiens.
Le combat féministe est double et contradictoire. D’un côté, la société doit faire abstraction des sexes, de l’autre on déploie un kaléidoscope d’identités qui devraient être reconnues et promues. D’un côté les féministes affichent leurs combats partout, dans la rue, sur leur lieu de travail et jusque sur leur propre corps, de l’autre elles exigent que chaque individu soit traité uniquement à l’aune de ses compétences. Ces acrobaties intellectuelles sont saupoudrées d’islamo-gauchisme. Les cultures de toutes les femmes doivent être acceptées, ce qui implique qu’elles puissent s’habiller comme elles le souhaitent, y compris avec un voile. Cela semble totalement déconnecté de la situation des femmes qui le portent par contrainte, et qui peuvent mourir de prendre la liberté de l’enlever.
Le féminisme universel oublie les femmes du monde arabe
Les féministes, au cours de leur histoire, ont permis certaines avancées indéniables, comme le droit de voter, d’accéder aux études supérieures, d’ouvrir un compte bancaire, et globalement d’accéder aux mêmes droits juridiques que les hommes. Nul ne saurait leur ôter ces victoires. Mais elles ont tendance à trop rester dans leur pré carré. Dans bien des contrées, la situation des femmes est très difficile, par exemple dans les pays arabes. En 2013, la Fondation Thomas Reuters publiait une étude sur le sujet. D’une manière générale, les femmes y sont très souvent considérées comme d’éternelles mineures dépendant de l’autorisation de leur père ou de leur mari, voire de leur frère, pour les actes les plus courants ou personnels de la vie : se marier, voyager, et même recevoir certains soins (comme en Arabie saoudite et au Qatar). Les relations avec les hommes sont très surveillées, et le mariage parfois très encadré. Le viol conjugal n’est pas toujours reconnu, comme au Koweït, en Algérie et au Liban. Au Qatar, une femme ne peut travailler ni être… libérée de prison sans l’aval de son mari. Il faut aussi la permission d’un homme de l’entourage proche, en Iraq, pour obtenir un passeport et même, la plupart du temps, se faire soigner. La litanie s’allonge encore si l’on mentionne les pays pratiquant l’excision, le travail forcé, ceux où les femmes ont moins de droits que les hommes, où leur témoignage vaut juridiquement moins que celui d’un homme, etc.
Des femmes, c’est vrai, sont victimes de viols, d’agressions et de meurtres en France. A partir du moment où elles les subissent parce qu’elles sont femmes, et non parce qu’elles sont blanches, noires, asiatiques, métisses, handicapées, il s’agit de violences sexistes qui doivent être combattues, comme toute autre violence. Mais les féministes s’attaquent également à des sujets qui, au mieux n’ont rien à voir avec le féminisme, au pire lui sont préjudiciable. Les 50 millions d’euros de subventions publiques alloués à « l’égalité entre les femmes et les hommes » par le projet de loi de finances pour 2021 seraient peut-être mieux employés s’ils étaient moins dispersés. On ne peut que souhaiter aux féministes d’ouvrir les yeux sur la situation réelle des femmes, afin d’utiliser leurs forces dans des combats adaptés, efficaces, qui permettrait à toutes d’être fièrement des femmes, simplement, sans avoir besoin d’être féministes.