Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Pour Israël, réalisme plutôt que fanatisme politico-religieux.

, par  vanneste , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

La nouvelle confrontation entre Israël et le Hamas concentre une fois de plus l’attention du monde sur un territoire exigu qui condense en lui une richesse historique et religieuse inversement proportionnelle à ses dimensions. Il est au centre du Livre, de la Bible, et joue donc un rôle essentiel pour la religion juive aux yeux de laquelle il était Terre promise, pour le Christianisme qui y est né puisque la vie du Christ s’y déroule, et qui, de là, s’est diffusé dans l’Empire romain, pour les Musulmans enfin qui l’ont plus tardivement conquis. Jerusalem, capitale de David et ville du Temple, lieu de la Passion du Christ et reliée à l’Islam par le voyage nocturne et aérien du Prophète, recèle les lieux sacrés de trois religions qui représentent des milliards d’individus. Les Hébreux l’ont conquise puis perdue à plusieurs reprises. Les Arabes musulmans l’ont tenue pendant plus de treize siècles avant et après le court règne des Chrétiens qui en avaient libéré l’accès grâce aux croisades. La diaspora à la suite de la répression des révoltes par l’occupant romain laissait subsister une minorité juive, les Arabes chrétiens étaient nombreux et ont traversé la période turque avec leur régime spécial de soumission, les Musulmans y étaient nettement majoritaires.

L’antisémitisme européen, d’intensité différente selon les époques et les régions du continent, et la permanence d’une communauté israélite, soucieuse d’entretenir sa foi et ses traditions, sont les deux faces d’une réalité historique dont on ne saurait nier l’importance en Europe. Il serait injuste de sous-estimer le rôle joué par cette minorité sur le plan culturel, scientifique et économique dans notre civilisation occidentale. La tolérance à son égard a souvent porté ses fruits : qu’on songe à l’extraordinaire richesse culturelle du très catholique Empire Austro-Hongrois, auquel les Juifs ont tant apporté, qu’on songe à la merveilleuse aventure des Camondo, ces banquiers juifs venus d’Espagne, installés dans l’Empire Ottoman, et qui viennent à Paris en 1867. Leurs enfants seront des mécènes à qui l’on doit l’enrichissement des collections de nos grands musées et bien sûr le Musée Nissim de Camondo, du nom du petit-fils tué comme aviateur français durant la Grande Guerre ! La fin de sa soeur, de son époux et de leurs deux enfants sera cruelle : ils seront assassinés à Auschwitz sans que “l’Etat français” fasse quoi que ce soit pour les sauver. La tragédie de cette famille éclaire la situation actuelle : c’est bien sûr le délire antisémite des nazis qui a légitimé le rêve sioniste de la restauration d’un Etat juif capable de protéger ses membres sur la terre promise et retrouvée. L’instrumentalisation de l’islam par les nazis, qui éprouvaient à son égard une étonnante sympathie, assez révélatrice de la bouillie mentale sur laquelle repose cette idéologie, et la collaboration du Grand Mufti de Jérusalem, réfugié à Berlin, auprès d’Hitler, ont donné plus de force encore à ce projet d’un Etat d’Israël, conquis par une poignée de héros dont certains sortaient des camps d’extermination, tandis que d’autres travaillaient la terre promise en friche depuis des siècles. Leur victoire sur des armées plus nombreuses et mieux équipées a forgé une épopée initiale, nécessaire à toute nation. Car le paradoxe était évident : une communauté transnationale dont les intellectuels avaient particulièrement défendu le cosmopolitisme était en train de reconstituer une nation sur un territoire et autour d’une religion, même si celle-ci ne constituait pas celle-là juridiquement.

Les conséquences contradictoires de cette politique n’ont cessé de grandir. Laisser les Juifs de Palestine sans Etat était les abandonner au génocide. Leur permettre de créer cet Etat revenait à déposséder les habitants les plus nombreux de leurs droits sur leur sol. D’une part, à l’époque où s’opérait la décolonisation au profit des autochtones et au détriment des colons, sous l’égide de l’ONU se créait un Etat colonial. D’autre part, ces colons revendiquaient leur droit de premiers occupants puisque cette terre avait été la leur avant d’être celle des Arabes. Mais, l’étude des cartes montre que l’Etat hébreu le long de la côte comprenait en partie le pays des Philistins ( la Palestine) et en revanche laissait la Judée et la Samarie, les anciens royaumes juifs d’Israël et de Juda aux Arabes de Jordanie. Plus concrètement, l’exiguïté de l’espace d’Israël le rendait d’autant plus indéfendable que sa démographie interne l’exposait à se retrouver un jour avec une majorité arabo-musulmane. L’option de renoncer au projet sioniste est évidemment exclue. Dans la confusion des guerres et des ballets diplomatiques, seul le réalisme peut prévaloir. Les frontières initiales étant indéfendables, Israël s’est étendu, notamment sur la Cisjordanie. Il a, en revanche, abandonné la bande de Gaza, une zone aberrante sur les plans économique et politique, avec les conséquences actuelles, le bombardement des villes israéliennes à partir de celle-ci. On ne peut sérieusement imaginer qu’il laisse un Etat potentiellement ennemi revenir à quelques kilomètres de la côte. Jérusalem est certes sacrée pour les trois religions, mais les Catholiques ont Rome, les Chrétiens accès aux Lieux Saints, et les Musulmans, La Mecque et Médine : il est assez équitable de laisser Jérusalem à Israël sur le plan politique. La plupart des pays arabes ont d’autres préoccupations que la Palestine et peuvent nouer des relations positives avec un Etat dont le degré de développement peut être un levier pour l’ensemble de la région. Le nationalisme arabe s’est replié sur des patriotismes nationaux, l’islamisme est clairement l’ennemi de l’Occident : la solution d’un seul Etat est la plus réaliste, mais elle laisse subsister le problème le plus épineux : celui de la population arabo-musulmane sur le territoire du Grand Israël, tant en ce qui concerne ses droits que son évolution démographique.

Contrairement aux apparences dessinées par la majorité des médias, la politique de Trump qui était proche de cette orientation était la plus réaliste. L’arrivée de Biden est une mauvaise nouvelle pour Israël, et pour le monde. L’un des conflits les plus dangereux vient de se réveiller !

Voir en ligne : https://www.christianvanneste.fr/20...