En 2010, j’avais considéré que l’alliance de l’UMP et du FN était inéluctable si la droite française voulait gagner les élections à venir, garder le pouvoir en 2012 et bâtir enfin la politique que beaucoup de Français attendaient, car nécessaire à l’intérêt supérieur de notre pays. Je m’étais à l’époque appuyé sur l’exemple italien. Il me paraissait contraire au bon sens que la droite française persiste à perdre les élections, notamment régionales, en refusant un accord avec “l’extrême-droite”, encore minoritaire, alors que la droite italienne l’emportait en rassemblant jusqu’aux héritiers de Mussolini. On pouvait penser que la répulsion pour une dictature qui a conduit à la compromission avec le nazisme et à la guerre serait plus forte que celle que pouvait susciter en France un mouvement qui avait abandonné les outrances provocatrices de son fondateur, et dont la composition était diverse. A la Mairie de Tourcoing, où j’étais élu, un incident avait opposé le Maire socialiste, qui dans son discours avait amalgamé le FN à la “Collaboration”, à un élu de ce parti, ancien de la IIe DB, et libérateur de Paris, qui l’avait très mal pris ! Par ailleurs, j’observais que l’évolution du FN compensait malheureusement la fusion du RPR et de l’UDF. La seconde avait émasculé le premier. Des technocrates “progressistes” avaient remplacé les gaullistes conservateurs et patriotes qui avaient animé le RPR. Chirac, dénué de la moindre conviction, louvoyait depuis que Marie-France Garaud ne le cornaquait plus. Quant à Sarkozy, trop parisien, ébloui par les phares du microcosme médiatique, il avait commis “l’ouverture à gauche” après sa victoire à droite de 2007.
Ma position, de bon sens, reposait donc à la fois sur l’arithmétique électorale et sur les convictions du RPR, patriotisme, souverainisme, conservatisme sociétal, exigence d’ordre, que je voyais reprises par le FN. Sur le plan économique, on pouvait encore croire que le FN était libéral-national. Or, je fus pris dans un étau : d’une part, l’appareil de l’UMP me tomba dessus, et je fus à deux doigts d’être convoqué par un Bureau politique pour être exclu. Membre du RPR dès sa création, il était pénible pour moi d’être attaqué par un Eric Besson, venu du PS et incapable de défendre intelligemment l’identité nationale, ou par Rama Yade, ministre franco-sénégalaise, qui, en cas de guerre entre les deux pays, avait dit choisir le Sénégal. Quant à Xavier Bertrand, sa sévérité à mon encontre devait provenir de son appartenance maçonnique. J’avoue ne jamais avoir compris l’obsession anti-FN des Loges, ou tout au moins de certaines. J’imaginais au contraire qu’elles étaient des lieux de liberté de pensée. Mais, l’accueil du FN à ma proposition fut très décevant, d’une totale froideur. Il y avait deux causes à cette attitude. La première était logique. Marine Le Pen ne voulait pas être l’auxiliaire, mais savait qu’en continuant son parcours, elle ferait de son parti le premier. C’est ce qui est arrivé avec ce revers que l’alliance de rejet réunit alors contre elle tous les autres, qui n’ont pourtant rien en commun sauf ce rejet. Un parti qui est relativement majoritaire en voix se retrouve donc avec une poignée de députés incapables de former un groupe à l’Assemblée, et ne dirige jusqu’à présent aucune région en raison d’alliances contre-nature. Le second motif est plus souterrain : il tient d’abord à la présence très lourde au sein du FN devenu RN du lobby LGBT qui n’a jamais apprécié mes position sur ses centres d’intérêt obsessionnels que je continue à penser contraires au bien commun de notre pays. Plus généralement, sur le plan économique et social, des orientations démagogiques ont fait évoluer le RN vers la gauche. Il me sera difficile aux élections régionales prochaines de choisir entre Xavier Bertrand et Sébastien Chenu, ce transfuge qui menait “Gaylib” au sein de l’UMP et réclamait mon exclusion chaque jour…
Ce retour sur le passé me conduit à la situation présente. Il me serait facile de souligner aujourd’hui combien j’avais raison. En Espagne, la droite vient de gagner à Madrid. Vox continuera à soutenir le PP : c’est cette alliance qui leur avait permis d’arracher l’Andalousie à la gauche dont toute l’Europe sait désormais qu’elle tue notre continent. En France, le rapport de forces a évolué : les “nationaux” sont aujourd’hui plus forts que les “républicains” sauf pour les élections locales où l’implantation des élus surclasse un parti qui manque d’enracinement et de notables. Dans cette situation, “Les Républicains” avaient le choix entre deux solutions : soit retrouver une identité forte et droitière, ce qu’avait réussi Fillon, ce qu’a tenté Wauquiez, ce que poursuivent des Marleix, des Retailleau, des Ciotti, des Aubert etc… Soit s’accrocher à leurs fiefs, à leurs places en abandonnant toute trace de conviction, en brandissant de prétendues valeurs face à “l’extrême-droite” tout en étant incapables de les citer, et en préférant s’allier à des gens avec lesquels il n’y a pas le moindre soupçon d’une idée commune. Manifestement, ces deux options déchirent Les Républicains, comme l’a montré la grotesque palinodie marseillaise. Qu’y a-t-il donc que puisse partager la droite avec le macronisme, machine à recycler le parti socialiste, perclus de corruptions diverses, immigrationniste, adepte de la repentance nationale, impuissant à assurer la sécurité des Français, prêt à accélérer toutes les mesures de décadence sociétale et de dissolution de la nation dans le bain européen ? La suppression de l’ISF pour les fortunes mobilières et des “avancées” en matière de droit du travail, alors que notre pays a poursuivi sa dérive socialiste suicidaire avec un accroissement de la dépense publique, de la dette, de la fiscalité et du contrôle abusif des citoyens, de leurs pensées, de leurs déplacements, de leurs activités, sauf bien sûr pour ceux qui campent dans l’illégalité ? La gestion lamentable de la crise sanitaire devrait condamner définitivement l’imposture que nous subissons, et les Républicains viendraient à son secours ?