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Populisme : avoir peur de Steve Bannon ?

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« Populisme : avoir peur de Steve Bannon ? »
"Populisme : l’inquiétante campagne européenne de Steve Bannon", titre ce lundi Le Figaro sur sa Une. Dimanche soir, au Brésil, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a obtenu 46% des voix au premier tour, contre 29% à son rival de gauche Fernando Haddad, adoubé par Lula da Silva, figure historique actuellement en prison pour corruption. Bolsonaro serait un nostalgique de la dictature militaire. S’il est élu le 28 octobre, sa politique de lutte contre les violences devrait passer notamment par la libéralisation du port d’arme. "Un bon bandit est un bandit mort", a expliqué le candidat, lui-même victime d’un récent attentat au couteau durant la campagne présidentielle. Est-ce à dire que le populisme mènerait forcément à la dictature ? C’est ce message qui est suggéré par ceux qui, à gauche, assimilent Bolsonaro, ex-capitane de l’armée, à ce courant réactif dynamisé par Donald Trump. Ceux-là oublient que le Brésil, donné jadis en exemple du métissage et du vivre ensemble, est devenu un pays (208 millions d’habitants) gangréné par la violence : elle a atteint l’an dernier le record de 63.880 morts. En sept ans, cette guerre intestine a fait plus de tués que le conflit en Syrie. Avant d’être le produit d’un populisme, le favori brésilien est le symptôme d’une gauche qui, elle-même populiste quand Lula la représentait, s’est illustrée par son laxisme et sa vénalité. Aussi, ce qui devrait inquiéter, c’est l’incapacité des dirigeants à se montrer à la hauteur. Cette remarque est valable aussi bien pour le Brésil que pour l’Europe. Bannon ne fait que constater ces faits.

"Mon but est simple, explique-t-il au Figaro : donner une voix aux gens simples. Ce sont les mêmes en Europe qu’aux Etats-Unis". Il est difficile de s’effrayer d’une telle perspective, sauf à craindre la voix des citoyens et donc la démocratie. Bannon s’est certes échappé des codes du politiquement correct et de la prison mentale du discours obligé. Mais cette liberté de jugement ne fait pas de lui une menace, sinon pour ceux qui craignent la vérité et persistent à défendre une Europe supranationale, déracinée, subjuguée par la figure du "migrant". Quand l’ancien conseiller de Trump soutient le projet de Matteo Salvini et Viktor Orban, "qui rejettent l’idée d’Etats-Unis d’Europe et d’une France transformée en Caroline du Nord", il parle avec des mots qui sont le plus souvent entendus chez les peuples d’Europe, à en croire les sondages ou les scrutins. Le réveil des consciences est, en réalité, la meilleure des nouvelles. Seule une lucidité collective peut faire échec aux politiques conduites par des dirigeants prolophobes et fossoyeurs des nations. Que Bannon cherche à fédérer ce mouvement de masse répond à une logique. Reste qu’il ne suffira pas de critiquer les élites pour avoir forcément raison. Le populisme, s’il veut couper court aux caricatures et aux craintes de ses opposants, doit approfondir ses idées et ses programmes. Tout en rappelant l’urgence à combattre la dictature de la bien pensance, qui vaut bien celle des militaires brésiliens.

Liberté d’expression par Ivan Rioufol

Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/201...