La République française a toujours eu un gros problème avec celui qui lui a été imposé comme Président de la République par le coup d’État de 2017. Très tôt, quoique de façon contradictoire, il a été perçu massivement par le peuple comme illégitime à occuper ce poste et à diriger le pays. On ne se lancera pas dans le sempiternel débat sur la monarchie républicaine mise en place par de Gaulle avec sa constitution de 1958 mais il faut rappeler que l’accès à la présidence de la Ve république après son fondateur, a toujours intronisé des candidats qui avaient fait leurs preuves antérieurement dans la carrière politique. Même si en ce qui concernait Nicolas Sarkozy, ou pire François Hollande la trace laissée antérieurement à leur avènement, pouvaient être ténue.
En ce qui concerne Emmanuel Macron, une opération de longue main nous a imposé un parfait inconnu au CV politique d’un blanc quasi immaculé, n’ayant jamais auparavant affronté le suffrage universel, ni occupé des postes de responsabilité publique significatifs au-delà de deux nominations issues du copinage de la haute fonction publique socialiste la plus corrompue. Un poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée, avant quelques mois à Bercy, comme ministre de l’Économie pour y préparer le coup d’État de 2017. Par deux fois Emmanuel Macron va bénéficier de l’escroquerie inventée par François Mitterrand de la stratégie du castor. Initialement, une fois le grand favori de la présidentielles 2017 liquidé par les voies judiciaires, il a incontestablement été élu largement contre la candidate de l’impasse politique. Et exactement comme Georges Bush élu président des États-Unis grâce à une fraude massive en 2000, fut revalidé régulièrement cette fois-là en 2004, Macron a été, et régulièrement cette fois-là, réélu en 2022. Toujours contre la même adversaire et toujours grâce à la même stratégie du castor. Le problème est qu’après cette réélection obtenue grâce au bloc des retraités, la machine s’est déréglée. Une première défaite aux élections législatives pourtant devenues simple validation du résultat présidentiel après l’alignement de la durée des mandats. Puis ses partisans écrasés aux européennes de 2024, la dissolution absurde qui suivit, et le sauvetage inespéré fourni par la « gauche », Jean-Luc Mélenchon en tête, avec encore et toujours la stratégie du castor.
C’est ainsi que s’est créé un sentiment diffus d’illégitimité qui nourrit aussi le rejet dont il est l’objet. Et ce au-delà de la politique antisociale mise en œuvre de destruction méthodique de l’État-providence, de la corruption qui l’entoure, sa nullité politique et diplomatique, ses traits de caractère insupportables et son arrogance personnelle. Toutes ses interventions quelles qu’elles soient, sont immédiatement disqualifiées avec une rage surprenante. Et il apparaît maintenant d’évidence qu’il ne peut pas gouverner sans le recours à une répression féroce à l’aide de sa justice, sa police et les lois liberticides que les différentes Assemblées nationales croupion adopte en cadence. Il y a déjà quelque temps, interpellé sur les dérives de son régime Emmanuel Macron avait voulu imprudemment donner aux Français une petite leçon en lançant à la volée « essayez la dictature et vous verrez ! », en définissant en parallèle dictature et démocratie. Le problème était que sa description de la dictature colle à son système. Et une démocratie à peu près normale entretient avec le macronisme des rapports étonnamment lointains. Quand par exemple il dit : « Une dictature, c’est un régime ou une personne ou un clan décident des lois », on a envie de lui répondre « mais Monsieur Macron c’est exactement ce qui se passe avec vos Assemblées croupions complètement caporalisées par la surveillance d’un Conseil constitutionnel à vos ordres et un appareil judiciaire qui vous protège scrupuleusement ». Est-il besoin de rappeler le cas d’Alexis Kohler mis en examen pour plusieurs infractions gravissimes, convoqué par une commission d’enquête parlementaire pour leur répondre d’un bras d’honneur spectaculaire et le soutien du parquet malgré l’évidence de l’infraction pénale ?
Avant d’examiner comment et pourquoi la légitimité institutionnelle et politique de l’actuel Président de la République est en fait complètement inexistante, il convient de s’expliquer sur ce que devrait être cette légitimité républicaine qui lui fait désormais complètement défaut.