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Nucléaire : le presque KO de Zemmour face à Mélenchon

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Par Philippe Charlez.

Si le débat entre Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon s’est concentré comme il fallait s’y attendre sur les thématiques identitaire et migratoire, nous avons toutefois eu droit à… une pause de 15 minutes sur le nucléaire.

Ce point de discussion avait été réclamé par le chef des Insoumis qui depuis quelque temps a fait sien le combat climatique. On s’attendait donc à ce que le député des Bouches-du-Rhône domine le polémiste sur ce sujet. Et pourtant l’analyse détaillée des échanges a posteriori prouve le contraire : Zemmour a été excellent et avait parfaitement préparé son argumentaire alors que Mélenchon tellement sûr de lui s’est engagé dans un discours fumeux démontrant qu’il ne maîtrisait en rien le sujet.

Argumentaire construit et sourcé chez Zemmour

L’essayiste est certes resté sur des propos très conventionnels, mais son argumentaire était parfaitement construit et surtout étayé par une remarquable connaissance des chiffres.

Ainsi, après avoir indiqué que « l’écologie avait depuis 40 ans été prise en otage par l’extrême gauche » il a promu une « écologie pragmatique de droite ».

Il a rappelé que grâce à ses 75 % de nucléaire et ses 12 % d’hydroélectricité, la France « était l’un des pays les plus décarbonés du monde » (110 gCO2/MWh soit la moitié de l’Allemagne et des États-Unis) et donc celui qui « se défend le mieux dans cette terrible bataille face au CO2 ».

Il a aussi avec justesse insisté sur le fait qu’abandonner le nucléaire « c’était abandonner la souveraineté de la France et renier un savoir-faire qui a tiré le meilleur des ingénieurs ».

Face au nucléaire Éric Zemmour a fustigé l’éolien « qui ne fournit de l’électricité que 25 % du temps » et « le solaire 12 % du temps ».

Il en a conclu avec beaucoup de justesse que sortir du nucléaire c’est « accepter une décroissance qui ne dit pas son nom », une décroissance que l’écologie politique appelle de ses vœux et qui nous conduira inexorablement vers la pauvreté absolue.

Éric Zemmour a aussi mentionné l’abandon lamentable du projet Astrid « réutilisant les déchets comme combustible ». Sa connaissance très précise du nucléaire lui a permis d’énumérer les émissions par kWh des différentes sources : les 12 gCO2/kWh sont parfaitement exacts.

Il en conclut que sans nucléaire « ce sera du gaz ou du charbon avec un accroissement significatif des émissions françaises ».

Un réquisitoire sans appel dont devrait s’inspirer l’Energiewende allemand !

Peur et ignorance du nucléaire chez Mélenchon

L’argumentaire de Jean-Luc Mélenchon pour « sortir du nucléaire » repose quant à lui sans surprise sur le « marché de la peur », une stratégie classique de ses amis écologistes.

Ressassant Tchernobyl (dommage qu’Éric Zemmour ne lui ait pas rétorqué que la catastrophe était le fruit de la déroute du communisme, un système que l’ancien trotskyste avait adoubé dans son jeune temps) et Fukushima (n’ayant fait aucune victime nucléaire directe ni collatérale), il s’est lancé dans une grande « tirade collapsologique » anticipant qu’un possible incident à la centrale de Nogent « nécessiterait de déplacer les 12 millions de Franciliens » et annonçant de façon péremptoire qu’en 2050 « Bordeaux et la centrale du Blayais auraient disparu… sous les eaux ».

Par ailleurs pourtant « coaché par des dizaines de sympathisants », sa maîtrise du sujet s’est révélée plus qu’approximative.

Entre le « comment refroidir les déchets », les « 4 centrales à l’arrêt pour causes de sécheresse et de canicule » et « la prise de risque supplémentaire de l’enfouissement non intégrée dans le prix du MWh » les imprécisions du patron des Insoumis se sont multipliées.

Quand le polémiste a parlé d’indépendance énergétique, Mélenchon a rétorqué « que l’uranium n’était pas produit en France » ce qui est vrai. Mais le député des Bouches-du-Rhône aurait dû s’informer : le prix du combustible représente moins de 5 % du prix du MWh nucléaire alors que pour la génération électrique gazière il pèse pour près de 60 %.

La sortie du nucléaire promue par le patron des Insoumis réduirait non seulement de façon significative l’indépendance énergétique française chèrement gagnée durant les années 1970 et 1980 mais surtout gonflerait de façon incontrôlée le déficit de la balance commerciale ainsi que la facture gazière des Français au grand dam du citoyen inquiet de voir les prix du gaz flamber depuis plusieurs mois.

Quant à la proposition de l’Insoumis de remplacer le nucléaire par des hydroliennes ou de la géothermie elle est tout aussi grotesque. Les quantités d’électricité produites resteront purement marginales par rapport à une demande électrique qui devrait doubler d’ici 2050.

Mais l’apothéose de l’imprécision mélenchoniste se situe sur le coût du grand carénage estimé selon lui à 150 milliards d’euros alors que l’évaluation actuelle d’EDF est de 49 milliards.

Zemmour, toujours aussi à l’aise avec ses chiffres, a rétorqué que 150 milliards d’euros était le prix engagé par l’État pour subventionner les renouvelables. Dommage que le polémiste ne lui ait pas répliqué que le carénage prolongeant de 20 ans la durée de vie des 55 réacteurs français n’augmenterait le coût de l’électricité que de 7 euros/MWh ce qui conduirait à un MWh de 49 euros alors que le MWh se négocie régulièrement entre 100 et 200 euros sur le marché spot.

Il n’y a donc aucun choix cornélien à faire entre un MWh pilotable à 50 euros et un MWh intermittent à 70 euros. Le match se serait alors terminé par un KO.

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