Pour un écologiste voulant sauver la planète, notamment pendant la période commerciale de Noël, la meilleure solution consiste à s’enfermer chez lui dans une pièce sans lumière et sans chauffage.
Noël est un moment de ripailles, de lumières et de déplacements en famille pour fêter la naissance de Jésus pour les uns, le solstice d’hiver pour d’autres, ou encore la magie d’une tradition.
Mais limiter son « impact écologique » en devenant un « lutin vert », ou mieux encore, ne pas fêter Noël, voilà un acte écologique et responsable…
Pas de cadeaux inutiles dans la hotte
Noël souligne des tendances contradictoires entre l’abondance festive et la sobriété « exigée » par la crise climatique.
Cette période est donc propice à la réflexion sur des changements de comportements.
En effet, chaque cadeau matériel, même un livre, participe au réchauffement climatique par sa fabrication, sa livraison et sa destruction. C’est ce que le journaliste Georges Monbiot appelait en 2012 « le cadeau de la mort » :
« Apprenez et récitez un poème à chacun, racontez une blague, mais arrêtez de détruire la planète pour leur dire que vous tenez à eux. Cela ne fait que prouver l’inverse ».
Succès garanti…
Pour ceux qui ont tout de même besoin de quelque chose d’utile, ou pour les enfants rarement adeptes des cadeaux virtuels et peu sensibles à la poésie de Baudelaire ou de Rimbaud, vous pouvez offrir des jeux de construction ou des figurines taillés dans du bois mort local.
Repas : que manger ?
Le gibier chassé localement (biches, cerfs, sangliers…) est une viande naturelle « bio » produite sans consommation d’énergie. C’est festif, pas cher, et le faible bilan carbone est imbattable…
En revanche, l’élevage bovin émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que les exploitations de fruits, légumes, et céréales.
La viande sur la table de Noël contribuera donc davantage au réchauffement climatique qu’un repas végétarien ou, mieux encore, végan car le fromage est parfois plus « émetteur » que certaines viandes.
La dinde ou le chapon constituent une solution intermédiaire : un kilo de volaille produit 10 fois moins d’émissions de gaz à effet de serre qu’un kilo de bœuf.
Quant au saumon, les associations écologistes dénoncent les conditions de son élevage intensif utilisant des antibiotiques. Il est préférable de le remplacer par de la truite provenant d’un petit élevage artisanal local ou, pour ceux qui habitent près de la mer, par du poisson pêché sur le littoral et par des fruits de mer pour limiter l’impact écologique de l’assiette.
Renoncez au sapin, malheureux !
Le sapin devient aussi un choix politique. Ne pas en installer resterait le choix le plus respectueux de la planète. Il est cultivé sur des surfaces travaillées par des tracteurs, des débroussailleuses, et des engrais à la place d’une vraie forêt.
Le sapin peut cependant être admis avec un minimum d’ornement (pas de neige carbonique…) des éclairages avec des leds et une crèche en carton recyclé (facultative puisque cela devient un acte politique et rebelle).
En 2019, selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), 5,8 millions de sapins naturels ont été vendus en France (dont 80 % cultivés sur le territoire métropolitain), contre 1,15 million de sapins artificiels.
Toutefois, consacrer 4000 à 5000 hectares (et une dizaine d’années !) à la culture de sapins jetés après 15 jours d’utilisation ou, au mieux, qui finissent broyés pour en faire du compost, n’a pas grand sens écologique.
L’acte le plus responsable serait d’acheter un sapin en pot pouvant être replanté après les fêtes.
Que penser des sapins en plastique ? Confectionnés à l’étranger, ils doivent être réemployés pendant au moins une vingtaine d’années pour compenser les émissions liées à leur fabrication et à leur transport…
Sinon, il reste la solution de couper discrètement un sapin dans la forêt près de chez soi… C’est interdit, mais ça c’est écolo !
Que faire ?
En attendant une directive imposant ce qu’il est permis de faire, de manger, d’acheter, chacun peut aussi s’en tenir aux plaisirs traditionnels des fêtes de Noël (dites « de fin d’année » en novlangue) et ripailler avec sa famille et ses amis pour éviter de broyer du noir.
Pour les autres, chacun peut rivaliser d’imagination pour limiter son impact écologique au cri de : « Plus écolo que moi, tu meurs ! ». Pas de viande, pas de fromage, pas de vin (même bio), pas de saumon, du pain trempé dans une soupe de légumes pour tout le monde, une tisane, voire plus si affinités…, et au lit à 21 heures pour une longue nuit sous la couette en plumes de canard de la ferme voisine, avec le chauffage éteint.
En somme une bonne soirée de Noël écologique !
Voilà de l’écologie festive tendance bobo !
Moralité : pour ceux que Noël fait voir rouge car ce n’est pas bon pour la planète, le plus simple est de renoncer aux festivités et, pour les autres, rien n’interdit encore de prendre le contrepied des recommandations moralisantes des Verts !