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Mondial : les leçons d'une victoire française

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Article du 11 juillet 2018

En rire, ou en pleurer ? L’explosion de joie suscitée, mardi soir, par la victoire de la France contre la Belgique (1-0) lors de la demi-finale de la Coupe du monde de football, a été celle d’un pays tout entier. A Paris, les rues ont été très vite envahies de supporters brandissant des drapeaux tricolores ou chantant La Marseillaise. Les banlieues étaient également présentes. "On est en finale !", hurlaient des gens heureux et chahuteurs. Pour avoir dû traverser, à vélo, une série d’artères noires de monde, j’ai pu observer une jeunesse totalement exaltée, souvent drapée de bleu-blanc-rouge. Pour ma part, je n’ai pas vu beaucoup de drapeaux étrangers. Cet exubérant patriotisme avait évidemment quelque chose de sympathique. Sans doute démontre-t-il que le nationalisme, qu’Emmanuel Macron a voulu diaboliser lundi dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, reste une valeur encore capable de fédérer un pays. La France vibrait d’une seule voix hier soir. Cependant, autant l’avouer ici : j’ai éprouvé une pénible gêne devant cette surexcitation de la foule, envahie d’une passion effrénée pour un jeu de ballon. Se lisaient, dans ce panurgisme bruyant et frustre, les effets d’un endoctrinement aux choses les plus futiles. Alors même que la France gagnait contre la Belgique, elle cédait à l’Inde sa 6e place dans le classement des économies mondiales. Le pain et les jeux (panem et circenses) sont souvent les marqueurs de sociétés en déclin.

Les politiques vont évidemment se précipiter à nouveau pour tenter d’instrumentaliser l’impeccable parcours des Bleus. Ici et là, commencent à se lire les éloges d’une société multiculturelle. Déjà, en 1998, la propagande d’Etat avait tenté de vendre les bienfaits d’une France "black-blanc-beur", avant qu’éclatent en 2005 les émeutes des cités et que l’équipe de France de 2010 se déchire sous l’effet d’un communautarisme islamique. Mais en l’occurrence, s’il est une leçon que pourraient retenir les dirigeants, et singulièrement le chef de l’Etat, c’est celle que donne Didier Deschamps avec sa discrétion et son professionnalisme. Voilà un homme qui ne sait pas ce que la communication veut dire. Tandis que Macron s’épuise dans des artifices et des discours-fleuves, l’économie de gestes et de mots de l’entraineur de l’équipe de France parait autrement efficace. C’est lui qui a réussi à bâtir la remarquable cohésion de son équipe. Elle n’est d’ailleurs pas multiculturelle - les revendications religieuses ou culturelles n’ont pas leur place chez les Bleus - mais plus simplement multiethnique. La force que montre l’équipe de France est celle d’une intégration réussie. La renaissance française sera en tout cas à ce prix.

Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/201...