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Macron giflé : les réseaux sociaux sur la sellette ?

, par  Jonathan Frickert , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Jonathan Frickert.

Infligée mardi 8 juin au cri royaliste de « Montjoie ! Saint-Denis ! », la gifle prise par le chef de l’État qui se targuait pourtant d’être «  à portée d’engueulade » lors d’un déplacement dans la Drôme a fait les choux gras de la presse durant plusieurs jours. Le soufflet a ainsi provoqué un émoi quasi unanime.

Condamné jeudi à 18 mois de prison dont 4 fermes, Damien Tarel, 28 ans, sans emploi stable et amateur de Béhourd – un sport de combat médiéval – est devenu en quelques heures la personnification de la violence des réseaux sociaux, largement aidé par la polémique lancée la veille par Jean-Luc Mélenchon à l’encontre de l’influenceur Papacito pour faire oublier sa sortie complotiste liant élections et attentats.

Quoi qu’on pense de la fonction que certains considèrent obsolète, quoi qu’on pense de l’homme que l’on critique quotidiennement, notamment sur Contrepoints, cet acte est profondément condamnable.

Il serait intéressant d’évoquer les causes de cette montée de violence, qu’il s’agisse de la désacralisation de la pratique présidentielle induite par le quinquennat ou de la pratique antidémocratique du chef de l’État qui pousse naturellement à ce type de dérives. Néanmoins, cette gifle risque fort de provoquer une nouvelle salve de lois liberticides à moins d’un an du prochain scrutin présidentiel.

Une vieille tradition française

Il est difficile de ne pas former de parallèle entre la gifle présidentielle et les enfarinages subis par François de Rugy et Jean-Luc Mélenchon ce week-end.

Si les actions coup de poing à base de farine, d’œufs ou de véritables tartes font rire nos amis étrangers qui y voient un symbole du pays de la viennoiserie, ce type d’actions est une vieille tradition politique, de Jean-Pierre Chevènement à François Fillon en passant par Manuel Valls et François Hollande.

Sans aller jusqu’à évoquer les attentats et assassinats frappant des hommes politiques et des chefs d’État, la gifle se situe dans un autre niveau de gravité qui ne le rend pas moins étonnamment fréquent.

Ainsi, début 2017, l’ancien Premier ministre et candidat à la primaire de la gauche Manuel Valls avait lui-même été giflé lors d’un déplacement en Bretagne. L’adolescent avait été condamné dès le lendemain à trois mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général.

Plus proche du sommet de l’État, un autre président de la République a également été l’objet d’une agression physique. Un passant a tenté d’agripper la veste de Nicolas Sarkozy à l’occasion d’un déplacement dans le Lot-et-Garonne en 2011.

Les agressions physiques d’hommes politiques de premier plan sont donc fréquents dans notre vie politique. Qu’il s’agisse des chaînes d’information en continu ou des réseaux sociaux, la société médiatique a tendance à amplifier ce type d’évènements pourtant tristement communs, à tel point que plusieurs élus ont depuis fait part de leur propre expérience ces dernier jours, souvent sans jamais avoir porté plainte.

Ce caractère commun ne doit toutefois pas nous amener à prendre cela avec légéreté. En effet, la grande tradition liberticide de la majorité au pouvoir depuis 2017 nous incite à nous méfier de l’usage législatif du soufflet présidentiel.

Une tentation liberticide

Car même en mettant de côté le contexte sanitaire qui, comme chaque crise, a inspiré pléthore de mesures liberticides, des restrictions de circulation au désormais fameux passeport sanitaire en passant par les restrictions diverses et variées concernant les cultes, l’instruction ou le travail, difficile de ne pas dresser un funeste bilan des libertés depuis 2017.

Beaucoup se souviendront naturellement de la fameuse loi sécurité globale . Mais le cas le plus parlant reste sans doute l’épisode de la loi Avia, censurée en juin dernier par le Conseil constitutionnel. Initiée en 2019 par une icône de la diversité de la macronie connue pour sa fâcheuse tendance à mordre des chauffeurs de taxi , cette loi incluait notamment des sanctions financières aux hébergeurs de médias sociaux, un risque que la liberté d’expression soit soumise encore davantage à la tyrannie de l’algorithme que tout internaute a déjà connu une fois dans sa vie, ainsi qu’une atteinte au principe du contradictoire pourtant au cœur de notre État de droit.

Fin 2020, le gouvernement avait tenté de contourner la censure du Conseil constitutionnel en faisant passer ce texte par la voie européenne .

Difficile de ne pas penser à cette loi lorsqu’on entend la réaction du chef de l’État à son agression, laquelle pourrait bien servir de prétexte à une nouvelle loi sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux visés

Dans un entretien pour BFMTV en direct de Clairefontaine où les Bleus préparaient l’Euro qui a démarré vendredi, le président de la République a explicitement mis en cause « [la] haine et [la] violence sur les réseaux sociaux qui après se normalise ».

Les réseaux sociaux rejoignent ainsi la longue liste des boucs-émissaires des maux de notre société, aux côtés des armes, des voitures ou même du sucre, oubliant totalement que le seul responsable d’un acte est son auteur.

Selon le site Talkwalker, la France compterait aujourd’hui près de 40 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux. Sur ces dizaines de millions d’utilisateurs, un seul a giflé le président de la République : Damien Tarel.

Serait-ce une raison suffisante pour accuser les réseaux sociaux d’avoir provoqué cet acte ?

En suivant la logique d’une personne censée : évidemment que non.

En suivant la logique d’un homme politique : évidemment que oui. Dans cette logique, tout fait divers isolé et ponctuel, en particulier visant le sommet de l’État, est un prétexte à de nouvelles lois restreignant la vie de millions de Français qui n’ont pourtant aucune velléité de violence.

Il y a donc fort à parier que ce souffletgate soit suivi d’une intense activité législative, l’État répondant à cet acte idiot par ce qu’il sait fait le mieux : produire de la contrainte.

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