« Les Français ne se laisseront plus plumer »
Le coupe est pleine : les Français ne se laisseront plus plumer. Il y a peu de chance que la révolte fiscale, qui se fera entendre partout ce samedi, se laisse convaincre par les mesures d’urgence annoncées ce mercredi matin sur RTL par le premier ministre. D’autant qu’Edouard Philippe a rappelé en préalable : "On ne va pas annuler la taxe carbone, nous n’allons pas changer de pied, nous n’allons pas renoncer à être à la hauteur de cet enjeu (ndlr : la transition écologique) qui est considérable". Jamais le Mal français n’a été si bien illustré qu’avec cet ensemble annoncé de mesures technocratiques (chèque énergie, super-prime à la casse, prime pour changer de chaudière au fioul, etc.) Ces subventions (500 millions d’euros) seront destinées à amoindrir le poids des prélèvements publics supplémentaires sur le carburant. En Absurdie, il est logique de creuser un trou pour y mettre la terre du trou voisin et de répéter l’opération afin de rationaliser le processus. Ainsi raisonnait le sapeur Camenber. Ainsi phosphore aussi l’énarque de Bercy. Il créé des taxes, puis des aides pour les payer. Mais il y a longtemps que les hauts fonctionnaires de l’Etat jacobin ne savent plus comment vivent les gens, ni ce que signifie le bon sens. Les idées simples les déroutent. Dans leur vision dogmatique et apocalyptique de l’écologie, seule la taxe est miraculeuse. C’est ce que Philippe a rappelé ce matin, en espérant ne pas se fâcher avec l’électorat vert. Toutefois, même Nicolas Hulot, le père de la fiscalité carbone, ne se presse pas pour défendre son bébé vorace.
Les "gilets jaunes" ont déjà remporté une première victoire, sans avoir eu à bouger le petit doigt : celle de voir le gouvernement paniquer, tout en feignant d’assumer ses choix écolos. Reste que son refus d’annuler les taxes prévues sur le carburant l’oblige à argumenter sur un choix contestable. Ce matin, Philippe trouvait un intérêt à aider un automobiliste à se séparer d’une voiture consommant 6 litres aux 100 km pour une nouvelle auto en consommant 5… Qui peut croire en ces pinailleries ? Saint-Simon reprochait au vieux Louis XIV de se perdre "dans le détail des petites choses". Les Français assistent à l’agonie d’un pouvoir dépassé. Une révolution est en marche. Le monde nouveau n’est pas à rechercher dans la Macronie. Celle-ci est la banale héritière d’un centralisme vertical. Il est producteur de normes qui heurtent la société civile et son besoin d’horizontalité dans les prises de décision. L’autoritarisme dans l’application du 80 km/h en zone rurale avait été la première alerte. Derrière la fronde fiscale se trouve le rejet des "élites" déconnectées, arrogantes, irresponsables. Ce sont elles qui ont naguère incité à acheter les voitures diesel qu’elles bannissent aujourd’hui. Qui sait si, demain, ceux qui sont encouragés à choisir le chauffage électrique pour leur maison ne seront pas sommés de l’abandonner illico, au profit d’une autre lubie décrétée par les idéologues de l’écologie ? Les Français ont raison de ne plus vouloir de ce monde dépassé, symbolisé par un chef de l’Etat enivré de sa propre personne. Il est temps de retrouver, avec le peuple, les fondements de la démocratie.