« Le vrai visage de la lèpre qui monte »
Oui, il y a une "lèpre qui monte" en France. Mais, contrairement à ce que soutient Emmanuel Macron, elle n’est pas chez les populistes : ceux-ci ne font que mettre en garde contre l’utopie mondialiste et postnationale du chef de l’Etat. A entendre le discours officiel, la République serait menacée par l’extrême droite et ses groupuscules. En réalité, ces organisations sont marginales. Leurs acteurs ont surtout le profil d’abrutis ou de pieds nickelés. La lèpre que le pouvoir, curieusement, ne veut pas voir crève pourtant les yeux. Elle est islamiste, quand elle crie "Allah Akbar !" dans les rues de Paris, trois jours avant la commémoration des attentats du Bataclan et des terrasses, ce 13 novembre. Elle est d’extrême gauche, quand elle impose la terreur dans les universités. Mardi soir, François Hollande a dû renoncer, face à la violence, à une conférence organisée à la faculté de Lille. L’amphithéâtre qui devait accueillir l’ancien président a été envahi par des gauchistes. Ils ont jeté ses livres ou en ont déchiré les pages. Cette action s’inscrit dans la stratégie liberticide des nouveaux fascistes. Ce sont ces censeurs qui ont récemment fait obstacle à une conférence de la philosophe Sylviane Agacinski à l’université Montaigne de Bordeaux, et à un séminaire de l’essayiste Mohamed Sifaoui à la Sorbonne. Dans un récent blog (21 octobre), j’ai aussi alerté sur le sort réservé à la littérature mal pensante, par ces bras armés de la nouvelle pensée totalitaire. Elle est nourrie d’une haine contre l’Occident et d’une fascination pour les minorités. Ce totalitarisme qui s’installe, dans l’intimidation et la culpabilisation, est revivifié par l’indifférence qu’il suscite auprès de "démocrates" prioritairement soucieux de faire taire le peuple en colère.
Dans ce contexte pesant, les accusations sans preuve portées contre Roman Polanski relèvent d’un même activisme de justiciers autoproclamés : pour eux, la Justice et le Droit doivent céder la place au lynchage et au tribunal médiatique. Polanski, dont le film, J’accuse, sort ce mercredi, a été accusé publiquement de viol, vendredi. La photographe Valentine Monnier a affirmé, dans Le Parisien, qu’elle avait subi des violences sexuelles de la part du cinéaste quand elle avait dix-huit ans. La scène se serait déroulée il y a quarante-cinq ans. Valentine Monnier n’ayant jamais porté plainte et la prescription s’appliquant après un tel délai, la Justice n’est donc plus en mesure de se prononcer sur les faits. L’actrice Adèle Haenel a apporté son "soutien total" à la photographe, après avoir elle-même, quelques jours plus tôt, accusé le réalisateur Christophe Ruggia de comportements déplacés quand elle était mineure. Adèle Haenel non plus n’a jamais porté plainte, même si le parquet s’est depuis saisi de l’affaire. Dans les deux cas, les deux femmes veulent faire comprendre qu’elles ne comptent plus sur la Justice pour porter la cause des victimes du sexisme. Il n’est pas question ici de mettre en doute leur sincérité. Mais leur démarche commune, qui consiste à rompre avec l’Etat de droit, revient à ouvrir la voie à la justice expéditive, cette autre caractéristique du totalitarisme. Se décréter victime et désigner un coupable est un processus arbitraire et dangereux. Dans cette même logique, faudrait-il que des citoyens, s’ils se défient de la Police, s’autorisent à lancer leurs propres milices ?