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Le suprémacisme blanc est contraire à l’idéal libéral

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par J. D. Tucille.

Un article de Reason.com

Au milieu d’un fatras d’idées autoritaires, telle que la xénophobie, l’anticapitalisme et l’écologisme radical , le meurtrier d’El Paso était principalement motivé par une haine féroce contre les immigrants du Sud. Son manifeste est rempli de critiques au sujet des « mélanges raciaux », de l’« invasion hispanique » et du « remplacement ethnique et culturel » – des slogans à la mode chez les racistes et les suprémacistes blancs, qui font passer un illusoire héritage culturel et racial collectif au détriment du respect des personnes en tant qu’individus.

Il n’aurait pas pu se tenir autant à distance des idées libérales/libertariennes qu’en cochant chacune de ces notions pourries.

La tradition libérale – que le libertarianisme prolonge – ne considère pas les gens comme les membres d’une sorte de collectif borg ou d’une toute autre représentation d’une identité collective. Bien que nous soyons tous humains et que nous ne soyons pas toujours à la hauteur de nos prétentions, les libertariens aspirent au moins à traiter les personnes selon leurs propres mérites – ou leur absence de, à l’instar de ceux qui profèrent le genre d’absurdité prêché par Patrick Wood Crusius à El Paso.

« Le racisme est une forme particulièrement pernicieuse de collectivisme « , écrivait John Hospers, le regretté professeur de philosophie et premier candidat présidentiel du Parti Libertarien, en 1972.

« Ceux qui profèrent des insultes raciales ne prennent pas en considération les qualités individuelles ou les faiblesses de la personne insultée ; ils ne la connaissent peut-être pas du tout, ils savent juste qu’elle appartient à un tel groupe racial (juif, noir, italien, etc.). Bien que les qualités propres de la personne puissent être très différentes de celles de beaucoup d’autres membres de son groupe, tout cela est mis de côté  : tout ce qui les intéresse est que cette personne est membre de tel groupe. »

La reconnaissance de la primauté de l’individualité sur les travers de l’identité culturelle a été très tardive. Mais c’est aussi une évolution logique des principes libéraux fondamentaux qui a poussé les partisans dans la bonne direction, fût-ce parfois avec hésitation et – admettons-le – avec quelques réticences lorsque cela se révélait dérangeant. Une fois accepté le fait que les gens étaient davantage que des propriétés de l’Église ou du Roi, et qu’ils avaient une valeur intrinsèque, une voie s’est tracée sur le chemin.

« Le mouvement abolitionniste est né logiquement du libertarianisme lockéen issu de la Révolution américaine », note David Boaz dans son livre The Libertarian Mind, publié en 2015.

« Comment des Américains pourraient-ils déclarer que tous les hommes sont créés égaux… et dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, sans remarquer qu’ils tiennent eux-mêmes d’autres hommes et femmes en servitude ? »

Bien sûr, certaines personnes l’ont remarqué et ont fait l’inverse de ce qu’il aurait fallu. Ils ont élaboré des rationalisations morales et autres théories pseudoscientifiques pour justifier l’esclavage et les lois racistes de l’après-guerre civile, tout en rejetant explicitement les opinions libertariennes et individuelles qui exigent un traitement égal pour toutes les personnes. Ces fausses justifications conceptualisées du racisme se sont par la suite infiltrées dans le mouvement progressiste sous une forme plus moderne, posant les bases d’un traitement discriminatoire et même de stérilisation forcée.

Les vestiges de ces inepties empoisonnent encore le débat, alimentant l’alt-right de la peur du métissage et autres absurdités qui donnent matière aux sectaristes modernes.

Quel plaisir ce serait de pouvoir affirmer que le mouvement libertarien n’a jamais été entaché de fanatisme et d’abus collectivistes sur des personnes qui devraient être traitées comme des individus, mais c’est trop pour espérer de nos semblables humains ! Trop de libertariens et d’anciens libertariens ont embrassé le sectarisme, essayant de faire converger le mépris et les mauvais traitements envers les groupes marginalisés avec un certain degré de défense des libertés individuelles.

Tristement célèbre l’épisode du contenu raciste apparu dans certains bulletins publiés par l’ancien représentant Ron Paul dans les années 1990. Pour ce que ça vaut, Paul lui-même nie toute implication dans le document incendiaire publié sous son nom. Mais les auteurs et les rédacteurs de ces documents se sont certainement identifiés au mouvement libertarien et pensaient pouvoir s’en tirer en créant un cocktail toxique de libertarianisme et de sectarisme.

Hans-Herman Hoppe, associé au mouvement « paléo-libertarien » qui prétend fusionner les valeurs culturelles conservatrices avec les idéaux individualistes, flirte depuis longtemps avec les nationalistes et les racistes qui adoptent une vision collectiviste de la civilisation occidentale. Il décrit comme naïve « la croyance libertarienne en l’égalité empirique et, par extension, en l’interchangeabilité, la substituabilité de toutes les personnes et groupes de personnes ».

Le militant populiste canadien Stefan Molyneux a, à son crédit (si on peut l’énoncer ainsi), renoncé au libertarianisme et l’a dénoncé pour avoir renié ses thèses nationalistes et blanches .

Mais tous ces libertariens et ex-libertariens se distinguent délibérément de ce qu’ils considèrent comme le courant de pensée libertarienne politiquement correct, la pensée dominante libertarienne molle qui refuse de faire place au nationalisme blanc, au racisme et au traitement collectiviste des individus.

Il est important pour nous de mettre les fanatiques mal à l’aise. Libre à eux d’aller prêcher leurs absurdités tribalistes aux quelques survivalistes bas du front qui les attendent. Mais être libertarien, c’est aussi dénoncer les ennemis de la liberté et condamner leurs idées et leurs actions.

« Il n’y a pas de pont entre le libertarianisme et l’alt-right », écrivait Nick Gillespie, sur Reason il y a deux ans, alors que l’alt-right était la dernière incarnation de la pensée raciste en tant que telle. Mais « il faut dénoncer les droitards partout où ils prônent leur programme tribal, anti-moderne, anti-individualiste et anti-liberté ».

Oui, c’est exactement ça. Car dénoncer les intolérants et les tribalistes, c’est faire un pas de plus vers la liberté, la tolérance et le respect de tous, c’est traiter chacun en fonction de ses qualités personnelles et pas en fonction d’une identité collective quelconque.

Les suprémacistes blancs, les racistes et les collectivistes de toutes sortes sont étrangers à la pensée libertarienne et sont des ennemis de nos idéaux et de nos principes. Et nous devons les combattre à chaque fois que nous les rencontrons.

Traduction Contrepoints

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