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Le jour où je fus Alain Delon et autres chinoiseries

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Pendant une bonne dizaine d’années, entre 1996 et 2005, j’allais régulièrement en Chine pour le boulot. J’allais acheter là-bas à un prix dérisoire ce que nous vendrions 10 fois plus cher aux consommateurs européens ravis. Mes fournisseurs, comme tout bon fournisseur avec un bon client, faisaient généralement bien les choses pour qu’on ne les oublient pas. Et à vrai dire, comme tout bon acheteur et tant que cela restait dans le cadre d’une certaine éthique, je ne me privais pas d’accepter quelques gentillesses mais jamais d’argent. J’aurais peut-être du comme certains de mes petits camarades. Mais bon...

L’un d’eux essaya pourtant. Ce tout petit bonhomme, 1m40 au garrot tout au plus, était à la tête d’une grosse usine d’électro-portatifs. Il s’était acheté à grand prix une Lincoln Continental comme celle-ci, la grande frimeAlors que nous faisions la route entre Shanghai et Wu Xi, vautrés à l’arrière de ce char d’assaut, lui, les pieds ne touchant pas la moquette, nous nous arrêtâmes pour que je puisse me soulager d’une envie pressante. Direct aux urinoirs, la lance en action, je vois mon petit bonhomme arriver en courant, se caler sur la pointe des pieds dans l’urinoir d’à-côté et regardant ostensiblement la différence qu’il pouvait y avoir entre nous, il me dit avec un large sourire, si vous voulez, sur les prix, je surfacture de 2 ou 3% et je vous verse la différence sur un compte à HK. Naturellement, je déclinais l’offre en lui disant,en anglais s’il vous plait, que moi, j’avais contrairement à lui tout ce qu’il fallait là où il le fallait. Je cessai de travailler avec lui.

Ainsi, ce jour où l’un de mes chinois, à Hong Kong, me promit un magnifique cadeau. Je lui dis que je n’avais pas le droit. Il me rétorqua, vous verrez, celui-ci, vous pourrez l’accepter sans problème. Faîtes moi confiance. Sûr ? Oui, vous pouvez me faire confiance. Okay, donc. Et le voilà appeler son chauffeur avec la limousine qui va bien, nous montons dans la voiture, une Mercedes à rallonge, et nous voilà partis. Cinq minutes plus tard, nous descendons dans un parking privé, au 5ème ou 6ème sous-sol ; nous étions arrivés. Le gars me dit, le voilà votre cadeau, prenez le temps que vous voulez, profitez-en et admirez. Il me fut donné l’occasion d’admirer la plus belle collection de voitures privées qu’il m’ait été donné de voir : Maserati, Lamborghini, Lotus, Rolls, Phaeton, une Maybach et même une vieille Ford T en parfait état de marche. Que du bonheur. Il faut s’être assis dans une Maybach pour avoir une idée précise de ce que peut être le grand luxe. Le reste de la soirée fut consacré à la pêche aux seiches sur le yacht du bonhomme.

Un autre jour, cet autre Chinois m’inviter dans un restaurant où en guise d’animation musicale, il y avait un orchestre symphonique d’une cinquantaine de musiciens en smoking qui, au fur et à mesure que la soirée se déroulait, se transformait de manière presque imperceptible en orchestre de rock. L’apéro sur du Mozart, le digestif sur, cerise sur le gâteau, du Queen. Aussi incroyable que le foie gras dégueulasse.

Il y eut ce moment très drôle, un soir, où dans un karaoké, Cognac millésimé noyé sous les glaçons, il me fallu décliner, pour d’évidentes raisons, l’assortiment de nanas qui m’était proposé pour agrémenter ma nuit. Et cet idiot de chinois qui n’a pas pensé un instant que si l’on m’avait présenté un plateau de gars bien faits, j’aurais peut-être eu la main un peu plus lourde sur le carnet de commande...

Les chinois qui ont réussi, réussite qui ne dure que le temps que les autorités autorisent, aiment étaler souvent de manière grotesque leur fortune. Il y eut donc ce fournisseur qui m’invita à dîner chez lui dans sa somptueuse demeure. Marbre partout, boiseries, tapis persans ( je suppose ), tableaux de maître, des nanas un peu partout et comme il se doit, parmi les convives, un général de l’armée rouge. Un dîner fastueux : langoustes, caviar et tout le tremblement. La seule faute de goût fût ces merveilleux vieux Bordeaux, certains plus âgés que moi qui nous furent servis dans de tout aussi merveilleux verres en cristal de Baccarat mais... avec glaçons d’office. En guise de cadeau de fin de soirée, me fut remis une cartouche de cigarettes dont le nom m’échappe, un koala ou un panda comme logo, dont on n’omit pas de me préciser que à l’unité valait l’équivalent de 250 Francs Français !

Il y eut cet autre fournisseur de Ningbo avec qui j’échange encore de temps en temps tant il était sympa qui m’invita à son mariage ; le jour d’avant, le jour J et le jour d’après. De ce dernier, je ne me souviens de rien, des deux précédents, du faste, des dizaines de serveurs en livrées d’époque et perruque, des feux d’artifice, la télé locale et le père de Louis distribuant à qui voulait des liasses de billets de banques de 1 000 francs chacune.

Et puis il y eut cet escapade dans un coin reculé pour visiter un très vieux temple à 200 ou 300 km de Nanjing. Mon fournisseur m’avait promis que le lieu valait le détour et que là-bas ne vivaient que des chinois d’avant. Nous étions à deux voitures et comme il se doit des grosses Mercedes noires. Tout juste sortis de réunion, nous étions encore en costards cravates. Arrivés sur les lieux, genre convoi officiel qui s’arrête, nous débarquions et j’étais le seul occidental. Alors que nous visitions les lieux, un premier gars vint me saluer, puis un deuxième, puis plusieurs, des vieilles paysannes aussi, en tout plus d’une cinquantaine de personne du coin. Je m’enquis auprès de mon gars des raisons de cet engouement pour mon humble personne ; une fois renseignement pris, il apparut que tous ces gens-là dont je parierai qu’aucun n’avait la télé tant ils étaient guenillards m’avaient pris pour celui qui est en Chine (comme au Japon) une véritable icône avec qui seul Mao peut rivaliser : Alain Delon. Et c’est ainsi que je me retrouvais à signer des autographes, à faire des bises, des courbettes : J’étais Alain Delon, il me fallait assurer. Ceci dit, la photo ci-dessus de cette journée prouve sans aucun doute que ces chinois là devaient être soit mirauds, soit, je ne l’ai jamais su, payés par mon fournisseur pour que je puisse être un instant Alain Delon.

On pourrait croire, à la lecture de ce billet, que je n’aime pas trop les Chinois et m’en moque allègrement. Faux ; de tous les fournisseurs que j’ai eu, ce n’étaient peut-être pas les plus rigoureux mais aucun ne m’a jamais fait faux bond. Ce fut un vrai plaisir que de bosser avec eux. Je n’en dirais pas autant des Italiens ou des Roumains...

Allez, sur ce bonne soirée, même en Socialie.

Folie passagère 3267.
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D’accord, pas d’accord : atoilhonneur chez yahoo.fr

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