Un article de l’IREF.
Après avoir déclaré qu’il fallait absolument un accord sur le projet de Loi immigration , et avoir tout fait pour y parvenir dans sa négociation avec les élus Les Républicains, le gouvernement se renie.
La mauvaise foi macroniste
Le mercredi 20 décembre au matin, Emmanuel Macron déclarait en Conseil des ministres : il y a dans ce texte « des choses que je n’aime pas, mais qui ne sont pas contre nos valeurs ». Le soir même à la télévision, il justifie le compromis et l’« assume totalement » parce qu’il est « utile aux Français », « conforme à nos valeurs » et efficace. Mais ce même mercredi, le président de la République saisit le Conseil constitutionnel pour qu’il puisse « statuer sur la conformité de tout ou partie de cette loi ».
Mme Borne, qui a bataillé dur pour faire passer cette loi dit désormais qu’elle est fragile. Pour répondre à la demande des sénateurs Les Républicains afin qu’ils votent la loi, elle a promis de réviser sans délai l’aide médicale d’État –AME – dans une lettre adressée à M. Larcher le 18 décembre. Mais dès le 20 décembre elle déclare sur France Inter : « Il n’est pas question de supprimer l’aide médicale d’État ».
Pour sa part, M. Gérald Darmanin a exécuté un numéro de guignol le mardi 19 décembre à l’Assemblée en s’énervant avec la pire des outrances contre le Rassemblement national qui voulait voter « son » projet de loi. Comme si celui-ci lui appartenait ! Il se vante maintenant, avec Mme Borne, et ensemble avec la plus parfaite mauvaise foi, que ce projet de loi a été adopté sans les voix du Rassemblement national ; alors que si le Rassemblement national avait voté contre, il ne passait pas. Savent-ils seulement compter ?
Le dévoiement de la démocratie
Ce projet de loi n’est pas parfait. Mais il va dans la bonne direction, y compris sur l’idée de pouvoir accueillir un certain nombre de migrants dont la France a besoin. Un pays ne peut pas vivre isolé, il respire avec des flux entrants et sortants. Mais il faut veiller à ce que ceux qui entrent ne le fassent pas pour de mauvaises raisons, pour profiter des aides publiques, propager des idées de haine… Le texte y veille mieux qu’auparavant.
Mais parce que le Rassemblement national a voté cette loi, qui ne va pas totalement dans son sens d’ailleurs, il faudrait que tout à coup ladite loi soit mauvaise. Elle était la meilleure des lois avant le vote du Rassemblement national, elle serait devenue la pire après. Le fait que le Rassemblement national a voté cette loi la polluerait, la rendrait nuisible, pestiférée. Ceux qui s’en revendiqueraient désormais seraient contaminés par le Rassemblement national, deviendraient infréquentables, des intouchables. Comme le président de Région Charles Millon était devenu un mauvais président après que des élus Front national eurent voté son programme en mars 1998.
Pire, cette loi devrait être inappliquée. Ainsi, 32 départements dirigés par la gauche ont annoncé qu’ils n’appliqueraient pas la nouvelle règle selon laquelle les étrangers qui ne travaillent pas devront attendre trente mois avant d’être éligibles à une aide.
La démocratie verse ainsi dans l’anarchie avant de dériver vers une forme de tyrannie choisissant les bons élus et excluant les mauvais, acceptant certaines lois et en refusant d’autres. Peut-être que le Rassemblement national n’était pas fréquentable, mais il est sûr que la gauche et les macronistes deviennent dangereux. Ils n’ont jamais eu beaucoup d’idées fermes et claires puisqu’ils n’en ont qu’en même temps, mais désormais, ils perdent leurs nerfs. En se réfugiant derrière le Conseil constitutionnel ils l’abaissent autant que la démocratie elle-même.
Le Rassemblement national est un parti systématiquement antilibéral dont nous combattons le programme dans ses composantes étatiques, collectivistes et démagogiques, et dans ses rapprochements avec des gouvernements irrespectueux de l’État de droit. Mais la démocratie consiste à convaincre plutôt qu’à exclure, à respecter la différence plutôt qu’à vouloir la supprimer. Elle permet de combattre ses adversaires, mais pas parce qu’ils sentent mauvais. Elle a vocation à accoucher de bonnes institutions et de règles justes dans l’exercice d’un débat loyal et permanent.
Quand le gouvernement s’enferme dans un entre-soi étroit et réducteur, quand il hait ceux qui ne pensent pas comme lui, quand il préfère exclure ses adversaires plutôt que de les rallier à sa politique, quand il pratique la duperie plutôt que de faire prévaloir l’intelligence… le peuple tout entier peut être inquiet de son avenir. Il serait temps que se dessine une alternative.
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