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Le Bon sens est anticonformiste !

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nietzsche-descartesLe bon sens des Français fait de la résistance. Malgré le battage médiatique, les images-choc, les pétitions du show-bizz, les gestes de bonne volonté mis en valeurs sur les écrans, et l’icône d’une Allemagne tellement exemplaire, les Français sont toujours majoritairement hostiles à l’élargissement de l’accueil des migrants (entre 56% et 52% des sondages). Ils sont maintenant favorables à une intervention au sol contre l’Etat islamique (61%), et considèrent que l’appel d’air germanique est irresponsable (62%). 8 Français sur 10 jugent le gouvernement inférieur à ses obligations sur cette question, mais ils ne sont pas opposés à des quotas d’immigrés, c’est-à-dire à une solution mesurée (65%). Si la guerre à daesh rassemble la gauche comme la droite, en revanche, le clivage existe toujours entre la gauche irréaliste et la droite lucide. La première approuve évidemment l’appel de Valls à l’accueil « nécessaire » des migrants. La seconde n’en voit pas la nécessité et en anticipe les conséquences néfastes.

Contrairement à ce que prétendent les joueurs de flûte du microcosme politico-médiatique, cette attitude prudente et réfléchie est la véritable tradition française, celle qui fait prévaloir la raison classique sur le sentiment romantique, Molière et La Fontaine sur Goethe et Schiller, Descartes sur Nietzsche. L’Allemagne a une identité marquée par la démesure, le « kolossal ». Les applaudissement frénétiques pour recevoir les migrants à Münich font penser à d’autres ferveurs qui, dans la même ville mais dans le passé, allaient dans une autre direction. La France a toujours mieux réussi lorsqu’elle a choisi l’équilibre, la mesure, le juste milieu. En revanche, l’originalité de la situation actuelle et des événements qui s’y produisent, c’est que les débordements vont de pair avec le conformisme et que le marginal devient celui qui essaie d’être raisonnable. Il est plus confortable de suivre la foule sur le chemin tracé par les médias que de s’en écarter avec le souci de raison garder. Le confort du conformisme actuel s’appuie sur deux sentiments, d’une part l’autosatisfaction narcissique d’être en phase avec la pensée dominante, de recevoir de celle-ci l’onction morale, d’autre part le soulagement de ne pas être stigmatisé comme un hérétique qui ose contester le prêt-à-penser nécessaire au vivre-ensemble. Dans plusieurs fictions anticipant la menace totalitaire, ont été opposés à ce bonheur moutonnier des personnages tragiques qui refusaient le système : c’est Bérenger qui ne devient pas rhinocéros chez Ionesco ; c’est Bernard Marx qu’une goutte d’alcool dans son éprouvette d’embryon a rendu différent des autre membres du Meilleur des Mondes ; c’est Winston Smith qui sauvegarde sa mémoire face à la dictature mémorielle de 1984.

Les sondages semblent indiquer qu’un miracle français est en train de se produire. Alors qu’un fleuve de bons sentiments aveugles inonde l’actualité, les Français renâclent et continuent de faire preuve d’un bon sens anticonformiste. Ils se rebellent ! Si on veut résoudre le problème des migrants, il faut d’abord terrasser ceux qui justifient en réalité ou en apparence leur fuite, les islamistes. Voilà ce qu’ils pensent ! En effet, les Etats-Unis ont liquidé une armée puissante et bien équipée, celle de Saddam Hussein, en quelques jours, et nous ne pourrions pas faire de même avec les bandes de daesh ? Les Français sont ainsi partisans d’une intervention au sol. La fédéralisation de l’Irak avec un Sud chiite, un Est kurde et un Nord sunnite, tribal et où les baasistes retrouveraient leurs assises est possible. La stratégie absurde d’Obama, son désengagement prématuré, ses sympathies étranges, et son simulacre de guerre ont créé le chaos actuel. Il n’est pas utopique de rétablir l’ordre et de faire cesser le déchaînement de la barbarie en Irak et en Syrie. Dans ce dernier pays, avec le soutien de la Russie et de Poutine, qui est le seul homme d’Etat à tenir un discours cohérent, il faut contribuer au retour de la stabilité. Cet objectif ne peut être atteint qu’en tenant compte avec réalisme du régime baasiste d’Assad.

Les Français souhaitent également qu’on distingue les vrais réfugiés qui fuient les persécutions des migrants économiques qui cherchent une société où il fait mieux vivre. La France n’a ni le besoin ni les moyens d’accueillir les seconds. Elle peut en revanche, conformément aux valeurs qu’elle proclame, ouvrir ses portes de manière sélective aux premiers. Mais alors, il faut tenir compte des régions du pays d’où ils viennent et de leur appartenance à un groupe en danger. L’accueil des Chrétiens et des Yézidis parait à ce titre justifié. En revanche, les Kurdes bénéficient d’une autonomie géographique. Les Chiites ont également leur emprise régionale et l’appui de l’Iran. Les Sunnites majoritaires ont le soutien des riches Etats du golfe qui offrent des possibilités d’emplois considérables. Que les Chrétiens soient une fois de plus, comme les Arméniens jadis, tentés de trouver refuge en France ne serait pas surprenant, la laïcité républicaine en fût-elle quelque peu bousculée. De telles idées, très raisonnables, sont cependant originales. Elles sont peu répandues dans les médias et encore moins dans les milieux dirigeants. Dans ce monde inversé qui est le notre, il serait réjouissant qu’un peuple anticonformiste impose sa conception à ses dirigeants, les rappelle à un élémentaire bon sens dont ils ont perdu l’habitude.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...