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Le Bilan Carbone : erreurs méthodologiques fondamentales et incertitudes

, par  Auteur invité , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Par Bernard Beauzamy.

Assurément, la Ville de Paris rejette des eaux usées dans la Seine, puis dans la mer. Il ne viendrait pourtant à l’idée de personne de comptabiliser ces eaux sur trois cents ans, et de dire : voilà qui participe d’autant à l’élévation du niveau de la mer. Ce serait une double faute de logique, tout d’abord parce que Paris capte l’eau avant de la rejeter, et aussi parce l’eau est recyclée par la Nature : évaporation, pluies, etc. Nous ne sommes donc pas en présence d’un lac, couvert, statique et tranquille, qui serait alimenté par les rejets de Paris et grossirait à chaque litre rejeté.

C’est cette double faute de logique qui est commise pour le Bilan Carbone : les activités humaines participent à tous les éléments du cycle du carbone ; ajouter les rejets au fil des années constitue une faute de logique majeure. Le Bilan Carbone, tel qu’il est actuellement réalisé, est entièrement dépourvu de valeur scientifique.

Bilan carbone : quelle pertinence ?

Seul un bilan instantané (le rejet instantané d’une usine, d’une automobile…) a un sens logique, tout comme le débit d’un robinet. Sur le plan de la logique, il est parfaitement légitime de mesurer la quantité d’eau rejetée par Paris à chaque seconde. Mais ce n’est qu’un indicateur parmi des milliers d’autres, et quel intérêt, quelle pertinence, lui accorder ?

Une autre chose nous choque aussi : il ne s’agit pas d’un bilan carbone, mais d’un bilan CO2, et ce n’est pas du tout la même chose. Le bilan carbone d’un être vivant quel qu’il soit (homme, animal, plante, etc.) est vite fait ; entre la naissance et la putréfaction, c’est zéro. Ici, on s’intéresse aux molécules de gaz carbonique et non aux atomes de carbone.

Que faudrait-il faire pour que le Bilan Carbone (continuons à l’appeler ainsi pour le moment) soit cohérent du point de vue de la logique ? La réponse est simple : il faut le débarrasser de tout ce qui concerne le passé (les constructions anciennes, les immobilisations), de tout ce qui concerne le futur (par exemple les démantèlements) et se restreindre au présent ; on comptabilise des émissions instantanées (on peut le faire par an, et les ramener ensuite à la journée, par exemple).

Pas d’obligation juridique au niveau mondial

Le Bilan Carbone ne correspond à aucune obligation juridique au niveau mondial, mais la Communauté Européenne a commencé à émettre des recommandations. La France a immédiatement édicté des lois et règlements contraignants. Mais alors que, en France, toute loi ou règlement est l’objet de débats sans fin (la loi Carrez, les radars de surveillance de la vitesse), le Bilan Carbone n’a été l’objet d’aucune critique méthodologique.

Certains Bilans Carbone tiennent en quelques pages, d’autres en réclament plus d’une centaine. Certains sont factuels et honnêtes, d’autres sont moins honnêtes. Tous, bien sûr, sont entachés d’erreurs méthodologiques majeures. Peu importe en vérité : tous sont inutiles. Au mieux, le Bilan Carbone est un empilement d’évidences, comme on ferait le « bilan nourriture » d’une agglomération ; au pire, il est malsain et dangereux, par l’usage immédiat et sans nuance qui en est fait. Comme expliqué plus haut, même si on lui donne un contenu scientifique convenable, ce n’est qu’un indicateur parmi d’autres.

Enfin, supposant le Bilan Carbone réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire les activités du présent, et seulement celles qui relèvent de l’entreprise proprement dite (et non celles qui sont sous-traitées), en restreignant ainsi le périmètre, peut-on obtenir un résultat satisfaisant et fiable, pouvant éventuellement servir de base à une taxation ?

Impossible de tenir la comptabilité du CO2

La réponse est entièrement négative. La variabilité des processus industriels fait qu’une évaluation précise est possible en théorie, mais complètement impossible en pratique ; selon les circonstances, il peut y avoir des variations de 20 % à 100 %, entre les rejets de processus semblables. En ce qui concerne les salariés, et leurs moyens de transport, on se heurte au respect de la vie privée : l’employeur n’a pas à connaître ces informations. Il est donc impossible en pratique de tenir, pour une entreprise donnée, une comptabilité du CO2 qui soit aussi précise que la déclaration de TVA, pour prendre cet exemple.

Comment procéder, dès lors ? Évidemment, on sera tenté de dire « adoptons des valeurs moyennes, des valeurs grossières : tel processus produit approximativement telle quantité de CO2 ; pour 1000 salariés, on comptera approximativement tant d’automobiles, qui produiront approximativement tant de CO2. »

Mais alors : Le Bilan Carbone n’a plus aucune valeur incitative : l’industriel n’a plus aucun intérêt à remplacer une machine peu performante par une autre plus performante, puisque ceci n’est pas pris en compte dans son bilan, qui ne repose que sur des valeurs moyennes ; Le Bilan Carbone ne peut servir de base à une taxation : on ne peut taxer, selon les lois en vigueur, qu’en fonction de quantités effectivement produites, et non en fonction de quantités estimées, par quelque méthode que ce soit.

Le Bilan Carbone, enfin, constitue un gigantesque puits de fraudes en tous genres, probablement le plus gigantesque gisement de tout le XXIe siècle. Comme on ne peut pas tout vérifier, l’industriel déclarera ce qui l’arrange. Les salariés, si cela leur convient, déclareront qu’ils viennent en vélo « la plupart du temps ». Il faudra envoyer des inspecteurs dans les parkings pour relever les plaques d’immatriculation des véhicules et les croiser avec les fichiers de police pour confondre les tricheurs !

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