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La très mauvaise passe de Facebook

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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par h16

Constat en début de semaine : ce n’est vraiment pas la grande forme pour Facebook. Et, de façon plus remarquable, en quelques jours, la situation du premier réseau social mondial s’est considérablement dégradée puisque ses déboires, qu’on soupçonnait clairement depuis quelques mois voire quelques années pour les observateurs les plus affûtés, se sont concrétisés et sont maintenant acceptés même par la presse grand public.

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Il faut dire que les événements n’ont pas été tendres avec le réseau mondial de Marc Zuckerberg : depuis quelques années, il se murmurait déjà qu’il plafonnait en nombre d’utilisateurs et dans la population qu’il parvenait à toucher et à fidéliser. Cette dernière, moins jeune que les derniers réseaux sociaux arrivant sur le marché, est aussi celle qui dispose d’un pouvoir d’achat notoirement plus élevé et constitue donc une cible marketing plus juteuse, mais il n’en demeure pas moins que les dernières années ont montré l’essoufflement de l’essor et des usages.

Et puis, il y eu des fuites de données de plus en plus massives. En avril dernier, on apprenait ainsi que plus d’un demi milliard de comptes utilisateurs avaient ainsi laissé échapper leurs précieuses données sur les réseaux interlopes du darkweb.

Or, lundi dernier, des rumeurs insistantes ont évoqué une nouvelle fuite massive de données d’utilisateurs de Facebook. Vraies ou non, ces fuites imposent doucement dans l’esprit de tous que la plateforme est fort loin des standards de sécurité qu’elle prétend atteindre, ce qui n’améliorera certainement pas ses performances en termes de fidélisation de clientèle ou d’utilisateurs…

Parallèlement à cette fuite, la presse révélait les allégations portées par Frances Haugen, ex-employée de Facebook chef de produit chez le géant, qui accusait le réseau social de « choisir le profit plutôt que la sûreté » et de négliger la lutte contre les vilaines choses qui piquent diffusées sur la plateforme en ligne, notamment vers les jeunes.

Frances Haugen accuse #Facebook d’avoir "privilégié ses intérêts" au détriment de ceux des utilisateurs.

L'ancienne ingénieure chef de produit chez Facebook, s'est montrée pour la première fois à visage découvert, dimanche, lors d’un entretien diffusé par la chaîne CBS pic.twitter.com/Nmkvmtlyrn

— FRANCE 24 Français (@France24_fr) October 4, 2021

L’histoire ne s’arrête pas là puisque, dans la foulée, les utilisateurs constataient le mardi une véritable disparition de leur plateforme : pendant plusieurs heures, les serveurs de Facebook ne répondaient plus.

L’explication officielle (une erreur humaine, essentiellement) impose un peu de prudence. Par exemple, il ne serait pas invraisemblable que les erreurs de routage insérées l’aient été de façon calculée afin de garantir que la plateforme ne soit pas accessible le temps suffisant nécessaire à corriger certains soucis internes qui auraient permis, justement, ces fuites massives de données.

On comprend bien que cette hypothèse sera farouchement niée par la direction de l’entreprise, mais le résultat n’en est pas moins le même : en quelques jours, ce qui apparaissait il y a encore quelques semaines comme un des plus puissants réseaux social mondial est devenu à la fois la cible de critiques acerbes d’une lanceuse d’alerte, l’objet de fuites massives de données sensibles d’utilisateurs et la victime d’une panne majeure de plusieurs heures sur l’ensemble de son infrastructure…

Les coïncidences existent.

On pourra cependant arguer que celles-ci tombent vraiment bien puisque, lorsqu’on épluche les allégations de Haugen, on ne peut s’empêcher de noter le ton particulièrement orienté de la lanceuse d’alerte.

Ainsi, lorsqu’elle évoque les problèmes de sécurité de la plateforme, elle ne veut bien sûr pas parler de sécurité informatique, mais plutôt de la sécurité psychologique des utilisateurs (des utilisatrices dans le cas d’Instagram, filiale de Facebook) et aussi de la sécurité… du discours officiel : selon elle, les algorithmes de la plateforme californienne garantissaient par exemple un certain filtrage lors des élections américaines en novembre de l’année dernière permettant d’éliminer les informations qu’ils jugaient fausses ; apparemment, ces algorithmes auraient été stoppés après ces élections pour de basses raisons commerciales et de profit purement matériel.

On le comprend assez vite : pour la « lanceuse d’alerte », le souci ne provient pas d’un filtrage actif particulièrement présent de la part de la plateforme, mais bien de sa modulation (à la baisse !) en fonction des objectifs de la direction, voire de l’orientation prise par cette dernière en fonction des événements. Lors de ses dépositions, Haugen a été relativement peu ambiguë :

Facebook whistleblower Frances Haugen : “Yesterday we saw Facebook get taken off the Internet. I don’t know why it went down. But I know for more than 5 hours, Facebook wasn’t used to deepen divides, destabilize democracies, & make young girls & women feel bad about their bodies." pic.twitter.com/y3thv8R6On

— Breaking911 (@Breaking911) October 5, 2021

Autrement dit, Facebook serait surtout coupable de ne pas intervenir suffisamment sur les informations et discours déposés sur sa plateforme afin de n’en conserver que les éléments compatibles avec la doxa actuellement en vogue : le politiquement correct n’est pas encore suffisamment imposé, et pour la brave lanceuse « d’alertes », les petits moments de liberté que la plateforme laisse donc à ses utilisateurs sont encore trop de largesses face à ce qu’elle a vite fait de classifier en agressions et en risques potentiels pour les autres utilisateurs.

Il est vrai que pour les tenants de la pensée unique, la liberté d’expression a toujours constitué une menace insupportable.

Dans ce contexte, on comprend nettement mieux la gourmandise avec laquelle la presse s’est emparée des alertes en question, et comment tout ceci mousse subitement dans la direction générale de certains politiciens américains déjà à l’affût pour transformer cette mousse en nouvelles politiques massivement interventionnistes sur la vie numérique :

#USA Senator Ed Markey :”Here’s my message for Mark Zuckerberg : your time of invading our privacy , promoting toxic content and preying on children and teens is over. Congress will be taking action…” pic.twitter.com/jdSTeVXV4Y

— Nicole Elisei (@EliseiNicole) October 5, 2021

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En somme, tout se passe exactement comme prévu, c’est-à-dire au plus mal : dans un premier temps, une lanceuse d’alerte dévoile les manipulations de Facebook et de ses filiales sur leurs utilisateurs à des fins lucratives et politiques visant à purger ou éliminer des propos politiquement incorrects. Dans un second temps, ces alertes sont utilisées pour contraindre Facebook à manipuler encore plus ses utilisateurs en accroissant la purge politiquement correcte.

Par la suite, on se doute que de peur d’interpréter trop souplement les nouvelles lois édictées suite à cette affaire, tous les réseaux sociaux vont surenchérir en renforçant encore leurs propres filtrages internes.

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Oui, vraiment, la période actuelle n’est pas tendre pour Facebook et la tendance générale ne s’annonce pas favorable pour son avenir non plus : la lanceuse d’alerte sera un outil pratique pour imposer de nouvelles restrictions de contenu et une surveillance étatique toujours plus forte des réseaux sociaux. Les fuites de données massives, provoquant ou non des interruptions complètes de service, ne laissent augurer rien de bon sur la sécurité des utilisateurs de la plateforme.

Facebook, qui fut un moyen pratique pour « organiser » les révolutions (ou, au moins, les laisser s’organiser), semble ne plus être en grâce : peut-être ces États qui l’ont trouvé pratique ont à présent compris que Facebook et les réseaux sociaux constituaient aussi, en plus d’un moyen de propagande appétissant, une véritable menace pour leur stabilité ?

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