« La minijupe, vaincue par la mode pudique »
Finies, les minijupes ! A New-York comme à Paris, La mode féminine est désormais aux robes longues. Dans Elle de cette semaine, un article constate : "De Valentino à Balenciaga, en passant par Dior, Givenchy ou Isabel Marrant, les longueurs sont revues pour frôler le genou, voire descendre jusqu’à la cheville". Sont également "tendance" des blouses volumineuses "avec des rangers pour souligner leur allure casual". Oui, "le court est mort" confirme une journaliste espagnole interrogée par l’hebdomadaire féminin. On y apprend que même Kate Moss, connue pour ses tenues utra-courtes, s’est montrée en soutane rose pâle, à Saint Tropez cet été… Commentaire de l’auteur de l’article, Ilaria Casati : "Il y a dix ans, il y a mille ans, la Brindille paradait dans la citadelle du Var en mini-short denim effilé. Une autre époque". Mais cette mode - à des années-lumière d’une Jane Birkin toute en jambes dans Blow-Up (1966) - est loin d’être anodine. Elle s’inscrit dans un mouvement de fond qui a touché le prêt-à-porter : la "mode pudique". Le magazine explique : "Avec ses épaules, genoux et décolletés couverts, ses pantalons amples et ses voiles, ce style répond aux normes de pudeur imposées par les religions et les traditions. Un phénomène qui séduit de plus en plus de femmes de confessions musulmane, mais aussi juive, orthodoxe, catholique ou mormone". En réalité, c’est bien le code islamique qui est en train, doucement, d’imposer ses choix aux femmes occidentales "branchées", qui s’éloignent du culte du corps légué par la civilisation gréco-latine.
Là est le paradoxe du néo-féminisme : il dit vouloir combattre le machisme et le sexisme, mais il est le premier à flatter les normes imposées par l’idéologie islamiste. Or c’est elle qui pousse à couvrir les femmes pour les soustraire au regard des hommes, et qui ordonne à l’épouse d’être soumise à son mari. Avec une naïveté confondante, certains magazines, spécialement anglo-saxons, en viennent à promouvoir l’élégance du voile, voire la drôlerie du burkini. Comment prendre au sérieux ce militantisme quand il n’ose s’attaquer à la révoltante condition des femmes dans les cités ? La sacralisation de la diversité, clef de voute du politiquement correct, a pour effet de laisser en paix ceux qui infantilisent les femmes, au nom de leurs traditions. Dans ce contexte, la "mode pudique" prend le risque de conforter une vision dégradante de la femme tentatrice. Les femmes à la mode qui portent des robes longues ne sont évidemment pas, pour la plupart, les soutiens de cette stratégie politique. Les hippies avant elles s’habillaient ainsi. Mais la banalisation de la pudeur dans l’habillement marque malgré tout l’influence insidieuse de l’islam rigoriste. Les femmes feraient mieux d’écouter Laetitia Casta, quand elle explique pourquoi elle a posé nue à la une du Elle du 19 juillet : "Quand on arrive au monde on est nue. (…) Je suis atterrée par la vengeance d’un certain puritanisme (…) Finalement, la nudité est un acte de rébellion". Laetitia Casta ? Une vraie résistante.