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La mascarade régionale et l’inertie bureaucratique

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Article publié le 28 juin
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par h16

Voilà, le second tour de la péniblerie électorale régionale est maintenant terminé et le peuple français va pouvoir reprendre le cours des quelques activités qui ne lui sont pas encore interdites ou surtaxées.

Soyons franc : tout a déjà été dit sur le premier tour, sa participation rikiki et les peu nombreux votants dont la composition générale, plutôt du côté des retraités que des étudiants, autorise la classe jacassante à de pénétrantes analyses sociopolitiques sur le mode « les jeunes ne sont plus citoyens » et autres poncifs du même acabit.

Et il est vrai qu’avec 80 % des moins de 35 ans qui se sont abstenus, on pourrait arriver à cette conclusion si on poussait l’indigence intellectuelle à s’arrêter là. Au passage, cela veut dire que le grotesque pari « McFly & Carlito » du chef de l’État est donc raté, ce que bien peu de journalistes semblent vouloir admettre malgré l’évidence et les sondages fébriles affirmant le contraire.

La remise en question des sondages n’étant pas pour tout de suite, comme, du reste, sur les 10 dernières élections au moins, il faudra se contenter des pleurnicheries habituelles des médiocres chroniqueurs officiels de la vie politique française sur la perte de civisme, les dangers qui pèsent sur la démocratie et sur le peu d’implication des Français dans ces régionales.

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Bien tristement, la réalité pragmatique n’est pas lâchée sur les plateaux, tout juste est-elle édulcorée en évoquant un contexte (sanitaire en l’occurrence) qui n’a pas aidé ni la campagne ni le vote, et un niveau de pouvoir (régional) qui n’est pas suffisamment clair pour le citoyen qui ne voit donc pas forcément ce pour quoi il vote.

Pourtant, on aurait gagné à dire les choses en face, et de préférence aux brochettes de clowns venus palabrer sur les plateaux et qui ont surtout profité de l’occasion pour (au choix) se chamailler sur des différences d’opinions nanométriques et sans grand intérêt, ou pour célébrer leur victoire avec toute la retenue calculée dont ces hypocrites sont capables entre deux coupettes de champagne payé avec l’argent gratuit des citoyens, abstentionnistes compris.

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Disons-le carrément : s’il y a eu une telle abstention, c’est bel et bien parce que les Français n’ont rien à carrer de ces élections régionales.

D’une part, ce niveau de pouvoir ne sert absolument à rien comme l’a amplement prouvé le remaniement de ces régions qui n’a débouché sur absolument aucun changement palpable pour ces citoyens . Ginette du service compta de l’ancienne région Poitruc-Machin a peut-être été fusionnée avec le service compta & finance de l’ancienne région Limouchose pour rejoindre en fanfare la naissance de la région Nouvelle-Dépense, mais franchement, tout le monde (à part Ginette, et encore) s’en tamponne assez vigoureusement : la facture globale n’a fait qu’augmenter , et les attributions budgétaires et de compétences, déjà passablement bordéliques, ont simplement gagné en complexité.

D’autre part, ces régions se contentant de gérer (mal) et de distribuer (encore plus mal) le pognon gratuit des autres en provenance directe et exclusive de l’État, les présidents de ces fromages républicains sont essentiellement des comptables chargés d’asperger en fonction de critères très vaguement politiques la manne fiscale sur laquelle ils n’ont que peu de leviers. On comprendra que l’intérêt du citoyen dans ces tubulures en coulisses soit particulièrement modeste .

Enfin et surtout, le citoyen a maintenant compris que son vote importe très peu.

Si ce vote est pratique pour le citoyen afin de virer l’un ou l’autre incompétent, arrogant ou crétin qui aurait malgré tout réussi à choper le pouvoir, le vote qui permet de déterminer une politique et une orientation pour le pays semble s’être évaporé quelque part dans les dernières décennies.

Oui, le réalisme pousse à constater que voter ne sert plus qu’à éliminer quelques nuls parmi les enfilades d’arrivistes plus ou moins habiles qui nous sont présentés régulièrement ; croire que voter permettrait d’orienter le pays, de réformer l’une ou l’autre administration serait d’une naïveté confondante.

Et pour cela, il suffit de constater que les trois derniers présidents en exercice à la plus haute fonction de l’État et donc théoriquement disposant du plus large pouvoir, ont été parfaitement incapables de faire dévier la trajectoire néfaste du pays. Ils ont parfois un peu modifié l’assiette du bolide dans sa trajectoire parabolique descendante, mais ont tous été infoutus d’en changer la destination finale (le sol).

Certains seront tentés d’apporter moult exemples de réformes soi-disant nécessaires, courageuses, importantes, marquantes ou que sais-je pour montrer que, mais si, mais si, tel président et son gouvernement ont réellement influé sur le destin du pays. Les leurres médiatiques et politiques, les rhétoriques plus ou moins efficaces des partis servent précisément à ça : faire croire que ces bouffons ont effectivement un impact.

Les dernières crises montrent qu’il n’en est rien : la direction générale du pays, le trajet qu’il suit et sa vitesse actuelle tiennent beaucoup, beaucoup plus de l’inertie qu’il a acquise il y a plusieurs décennies que des testiculations présidentielles (impressions de gesticulations tout en ne glandant rien). Regardez les choses en face : alors que le pays était devant d’une crise majeure, alors que son petit Président est même monté à la télé pour déclamer, en zozotant avec gravité, que nous étions en guerre , et que l’État allait tout mettre en œuvre (quoi qu’il en coûte) pour juguler le pire, alors qu’une mobilisation de toutes les administrations, de toutes les bureaucraties était à l’ordre du jour (et le mot ordre ici n’est pas rhétorique), … tout ce qui pouvait merdouiller mollement l’a fait dans des petits prouts gras.

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Eh oui : malgré l’intervention du Président, malgré tout un gouvernement tendu comme un seul homme dans le but d’organiser une réponse adaptée à la crise sanitaire, absolument rien n’a fonctionné correctement . Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État s’est habilement employée à nouer les lacets des autres. Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État a consciencieusement appliqué les milliards de procédures débiles qu’elles ont minutieusement construites depuis cinquante ans. Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État a agi de façon à peu près individuelle, sans coordination d’ensemble, dans le but de conserver sa parcelle de pouvoir, de minimiser ses responsabilités et tout travail qui lui incomberait et de maximiser son budget.

Les immobilismes crétins, les idées idiotes, les procédures à la con, les interdictions ubuesques et les règlements ineptes se sont donc multipliés dans un véritable ensemble symphonique d’inutilité bureaucratique quintessentielle pour garantir que le beau volontarisme du mirliflore présidentiel se traduise au final par un petit zéphyr tiède. Et tout ça pour une crise majeure ouverte avec une véritable déclaration de guerre, alors même que chaque Français (en ce compris chaque échelon de chaque administration) avait bien compris l’enjeu et l’importance de l’action décisive…

Imaginez le niveau de néant chimiquement pur que doivent produire ces mêmes administrations lorsqu’il s’agit d’une énième réforme lancée par un gouvernement (ô combien temporaire) pour un sujet qui ne mobilise qu’un ou deux ministres, avec éventuellement un Grenelle et un numéro vert (ou deux)…

Les Français ont compris que, quel que soit leur vote, la petite musique de l’État providence allait continuer, cahin-caha, que les louanges du collectivisme continueraient d’être chantées, de même qu’ils commencent à comprendre que l’épouvantail RN n’est que ça, un épouvantail qui, confronté à la même administration pachydermique obèse, ne pourra pas plus faire de réformes que les douzaines d’autres guignols avant eux.

Ne votant plus que pour éjecter les usés, les nuls et les imbéciles, ils ne se déplacent plus pour donner un avis dont, par inertie bureaucratique, personne n’a rien à foutre : les politiciens ne les écoutent pas en dehors des campagnes électorales, et les journalistes ne sont plus payés pour ça depuis un demi-siècle. Au final, personne ne tient compte des votes.

C’est d’ailleurs aussi pour cela que ce pays est foutu.

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