A l’occasion du salon des maires d’Ile-de-France s’est tenu un débat sur la difficulté de recrutement dans la fonction publique territoriale. Le coupable fut vite trouvé : le « fonctionnaire bashing ». Oui, à force de dénigrer la fonction publique et l’administration, plus personne ne veut venir y travailler.
Battons notre coulpe car l’IREF a écrit, et nous le pensons à juste titre, quelques articles peu amènes à l’égard des fonctionnaires. Heureusement, personne n’a encore proposé de créer un délit de « fonctionnaire bashing ».
Pour autant les solutions avancées par les intervenants ne nous ont pas semblé pertinentes. Bien dans l’air du temps, il a été suggéré d’engager davantage les collectivités locales en faveur de l’environnement. Ce serait une des solutions miracles pour attirer les jeunes talents. Sauf que, d’après une étude réalisée par l’institut BVA Xsight pour le compte du groupe ISC Paris, seulement 9% des jeunes citent les engagements en termes de RSE (responsabilité sociale des entreprises) comme importants dans le choix d’un job.
Une fonctionnaire de la maire communiste de Montreuil (93) n’a pas dit autre chose quand elle a affirmé que « ce sont les politiques publiques qui font l’attractivité d’une collectivité locale ». Ce que l’on peut traduire par : « Ce sont les dépenses publiques qui font l’attractivité d’une collectivité locale ». C’est probablement pourquoi, en 2023, les dépenses de fonctionnement locales ont progressé de 5,9% alors que l’inflation n’atteignait que 4,8%.
Sans doute la fonctionnaire de Montreuil avait-elle aussi en tête la politique de congés divers et variés mise en place dans le département de la Seine-Saint-Denis, et pensait-elle aux collectivités qui tentent, par tous les moyens, de ne pas appliquer les 35 heures, ce qui augmnterait le nombre d’heures travaillées.
Curieusement, aucun intervenant n’a cité le statut de la fonction publique comme étant un repoussoir pour les jeunes d’aujourd’hui. Et pourtant, c’est bien sa rigidité qui rebute les candidats : ils ne veulent plus de l’emploi à vie, ils fuient l’avancement à l’ancienneté, ils sont opposés à l’absence de sanctions, etc.
La réforme de Stanislas Guerini, qui prévoit notamment de faciliter les licenciements et de rémunérer les fonctionnaires au mérite, mesures plébiscités par les fonctionnaires eux-mêmes, va dans le bon sens mais elle ne va pas assez loin. C’est le statut de la fonction publique qu’il faut remettre en cause.