par Boris Karpov
Suite à l’information de la destruction d’un bunker ennemi (de l’OTAN) enfoui à 200-300 mètres dans les environs de Lvov par une frappe de missile Kinzhal, certains ont prétendu que le Kinzhal n’a pas cette possibilité. J’ai donc contacté un de nos lecteurs français, éminent mathématicien :
https://t.me/boriskarpovblog/9317
« En tant que scientifique de haut niveau, pourriez-vous expliquer, concrètement, les conséquences de l’arrivée d’un missile hypersonique « Kinzhal » sur une cible, s’il ne contient aucun explosif.
Energie cinétique, et puissance de destruction. La question principale étant « Peut-il détruire un bunker en béton situé à XXX mètres sous terre », en faisant varier XXX et la nature de la « terre » : Basalte, béton etc.
Ceci parce que suite à des informations que nous (entre autres) avons diffusé sur un tir de Kinzhal ayant pulvérisé un bunker souterrain et liquidant quelques centaines d’officiers OTAN, certains prétendent que c’est impossible. Je suis bien placé pour savoir que l’info est exacte mais une démonstration mathématique/physique serait idéale ! »
Voici la réponse de Jean-Marie ARNAUDIES
Note : Le signe ^ signifie “puissance”. 10^5 = 10 puissance 5 = 100000 (Le chiffre 1 suivi de 5 zéros)
Voici une toute première approche en comparant à la bombe atomique d’Hiroshima
L’énergie E_H déployée par la bombe atomique d’Hiroshima est estimée à 50 térajoules (en abrégé : TJ). Donc E_H=50 x 10^12 Joules= 5 x 10^(13) Joules
Calculons l’énergie cinétique du Kinzhal. Ce missile pèse 4000 kg. Sa vitesse de croisière peut être estimée à un peu plus de Mach10 (estimatioin basse d’après moi). Mais comptons Mach 10 pour nous faire l’avocat du diable, c’est-à-dire pour aboutir à une minoration des énergies en jeu.
On aboutit immédiatement à l’énergie cinétique suivante, en Joules : la formule abstraite est (1/2) M x V^2, où M désigne la masse et V la vitesse. La masse sera estimée en kg et la vitesse en m/s (= mètre à la seconde). On trouve ainsi que l’énergie cinétque E_K du Kinzhal à sa pleine vitesse est donnée, en Joules, par
E_K = 1/2 x 4000 x (10 x 344)^2 Joules = 2,36672 x 10^(10) Joules.
Maintenant il faut estimer les pressions par mètre carré, dans le cas du Kinzhal et dans le cas de la bombe d’Hiroshima.
L’énergie déployée sur son impact par le Kinzhal est aisée à estimer : toute la force du missile se concentre sur au plus un mètre carré. En effet, la surface d’une section du Kinzhal perpendiculaire à son axe est significativement inférieure à 1 mètre carré.
Donc on arrive à une énergie appliquée par le Kinzhal sur un seul mètre carré à son impact avec le sol égale ou supérieure à 2,36672 x 10^(10) Joules.
Mais l’énergie de la bombe A d’Hiroshima s’est exercée sur bien plus d’un mètre carré. Cette énergie a tout carbonisé sur une surface correspondant à un disque de 600 m de rayon. La bombe n’a pas creusé un grand trou, car l’explosion initiale a été essentiellement aérienne, même si c’était près du sol. 600 m de rayon, cela fait 1130976 mètres carrés. Pour satisfaire le diable, ne comptons que 10^6 mètres carrés. Au centre supposé de ‘l’explosion, la température a été de l’ordre de 6000 degrés Celsius et à 600 mètres, elle a encore été de l’ordre de 1300 degrés Celsius. Si on réduit la zone à 400 m de distance du centre, on voit que la température à 400 m du centre a été supérieure à1600 degrés Celsius sur une superficie de plus de 500 000 mèters carrés.
Admettons que toute l’énergie de la bombe d’Hiroshima se soit exercée sur ces 500 000 mètres carrés. A l’intérieur de ce périmètre, très peu de métaux ont pu résister à une fusion complète ( température de fusion du fer =1528 degrés Celsius). On peut estimer que la pression s’est exercée en moyenne sur ce périmètre, ce qui va donner une minoration extrêmement pessimiste.
Donc chaque mètre carré de cette zone de 0 à 400 mètres du « centre » de l’explosion aura enduré au pire une énergie de la bombe A d’Hiroshima supérieure ou égale à (5 x 10^(13)) Joules divisé par 500 000, soit 10^8 Joules, ce qui nous donne l’énergie suivante, notée P_H :
P_H= 10^8 Joules.
Il en résulte que l’énergie E_K subie par l’impact du Kinzhal à son contact avec le sol est
2,366672 x 10^(10) Joules
sur un mètre carré, donc E_K est plus de DEUX CENT FOIS SUPERIEURE à l’énergie par mètre carré du centre principal de l’explosion d’Hiroshima.
Il y a en plus une grande différence entre la bombe A d’Hiroshima et le Kinzhal : la dévastation d’Hisroshima a été essentiellement superficielle, car la bombe n’a pas explosé suite à un impact avec le sol, tandis que le Kinzhal avec son nez pointu a exercé toute son énergie cinétique dans une seule direction, pour se creuser un chemin depuis la surface jusqu’à ses profondeurs. Donc la dévastation subie par l’effet du Kinzhal a été plusieurs centaines de fois plus forte sur le mètre carré de son point d’impact que la dévastation sur chaque mètre carré de l’hypercentre des effets de la bombe A d’Hiroshima.
Cela signifie que la force du Kinzhal à son contact avec le sol a été DINGUE, sans aucune mesure avec celle produite par la bombe A d’Hiroshime sur chaque mètre carré de son hypercentre. Sur deux ou trois cent mètres de profondeur, la croûte terrestre est archimolle face à des énergies par mètre carré de cette envergure. Cette force du Kinzhal à son contact avec le sol dépasse l’entendement !
On vérifie cette appréciation en comparant avec les carottages du sol effectués dans les recherches pétrolières. On creuse des trous atteignant 3000 m de profondeur sans pour autant avoir besoin d’un Kinzhal ! Donc que ce soit du granit ou de la marne dense et mollassonne, pour un Kinzhal, creuser un trou de 200 ou 300 m de profondeur est une amusette !
Dans cette étude dont vous voudrez bien excuser la brièveté, je n‘ai tenu aucun compte d’une éventuelle charge (nucléaire ou non) portée par le Kinzhal. Si une telle charge lui est ajoutée, lors de l’impact avec le sol, cette charge va DIMINUER la profondeur maximum du boyau créé par le Kinzhal, car cette charge exercera ses effets dans toutes les directions, donc agrandira considérablement l’ouverture initiale du trou creusé par le missile, ce qui diminuera la force de l’impact par mètre carré.
La marge semble tellement énorme que cette remarque doit permettre aux militaires d’affiner l’effet du Kinzhal : si on recherche une cible profonde, disons supérieure à 300 mètres de profondeur, il faut régler la charge explosive portée par le Kinzhall de façon qu’elle n’explose que lorsque le Kinzhall aura atteint la profondeur voulue. Pour une cible très profonde, même pas besoin de charge ! en revanche pour une cible peu profonde, disons moins de 100 m de profondeur, on peut régler la charge explosive du Kinzhal pour qu’elle explose quelques centièmes de seconde après le contact du missile avec le sol.
Cette très brève et très approximative étude me convainct que tant que les russes auront de l’avance sur les USA en matière de missiles à très grande vitesse, les Kinzhal avec ou sans charges nucléaires et leurs descendants feront échec à tous les armements US imaginables, atomiques, voire thermonucléaires ou non. Si j’avais du pouvoir, je demanderais à mes savants de faire le maximum pour augmenter ette énorme vitesse. Par exemple, si on passe à 20 Mach au lieu de 10 Mach, l’énergie au contact du sol sera multipliée par 4 et si on arrive à Mach30, alors l’énergie au contact du sol sera presque 10 fois supérieure, ce qui montre qu’alors aucun abri souterrain ne sera plus possible pour l’ennemi (l’avantage du Kinzhal sera alors de l’ordre de milliers de fois plus de force au contact du sol que par un armement nucléaire ou thermonucléaire). Il me semble donc vital pour la Russie qu’elle appronfondisse et augmente cette avance au maximum et surtout, qu’elle fasse tout ce qu’il faut pour éviter que la trahison aide les USA à fabriquer eux aussi des missiles du type Kinzhal.
Jean-Marie ARNAUDIES
Je pense que ceci clot définitivement la discussion sur « l’impossibilité » du Kinzhal de détruire un bunker enterré à 200-300 mètres
source : Rusreinfo