Par Pierre L. Gosselin.
Un article de NoTricksZone
Accueillie au départ sous les applaudissements, l’industrie allemande des équipements solaires est aujourd’hui en pleine débâcle. Les politiciens s’apprêtent pourtant à reproduire le même schéma dans l’industrie automobile.
La promesse d’un paradis solaire pour revigorer l’ex-RDA communiste
Implanté au début des années 2000 au cœur de l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, entre Dessau et Leipzig principalement, le nouveau paradis du photovoltaïque était censé transformer cette région sinistrée en « Temple du Soleil » en lui apportant la prospérité économique grâce à une multitude d’emplois high-tech.
À la belle époque de sa splendeur, pas une semaine ne passait sans que la presse ne mentionne de nouvelles innovations et leur cortège d’inaugurations en présence de politiciens trop heureux de se congratuler les uns les autres.
Des subventions par millions
D’après le journaliste allemand Dirk Maxeiner, le gouvernement allemand a déversé l’argent des contribuables par centaines de millions d’euros pour mettre tout cela en place : « On a vu affluer 142 millions d’euros dans le Brandebourg, 120 millions en Saxe-Anhalt et 143 millions en Thuringe. »
L’idée, la vision, consistait à faire de ces régions la vitrine scintillante de l’avenir high-tech de l’Allemagne et à montrer au monde comment devenir le pays de l’écologie.
Du Temple du Soleil à la Vallée de la Mort
Mais le clash avec la dure réalité n’a pas tardé. En quelques petites années, les cellules photovoltaïques à bas prix importées de Chine ont inondé les marchés et les prix se sont écroulés à vive allure. Quelques mois plus tard, le Temple du Soleil n’était plus qu’un champ de ruines.
Qui plus est, le niveau exorbitant des tarifs de rachat de l’énergie verte entraîna rapidement une montée en flèche des prix de l’électricité pour le consommateur . Le gouvernement fut donc obligé d’agir vite pour réduire les tarifs de rachat, ce qui eut pour effet de rendre l’énergie solaire encore moins intéressante. Le marché s’est retrouvé submergé de panneaux photovoltaïques et les producteurs allemands n’eurent plus qu’à mettre la clef sous la porte.
Conclusion sarcastique de Dirk Maxeiner : « Grâce à la révolution énergétique subventionnée, les contribuables allemands ont créé des emplois non pas à Bitterfeld comme prévu, mais dans ces charmantes villes que sont Guangzhou, Hangzhou ou Xi’an. »
On n’a jamais vu une décadence aussi rapide
Selon la Fondation Hans Böckler : « Au cours des dernières décennies, aucune autre industrie n’a connu une croissance aussi rapide que celle des panneaux solaires – et aucune ne s’est effondrée aussi rapidement. » Quinze ans ont suffi pour accomplir le cycle.
La Fondation décrit comment de petites start-up se sont transformées en stars des marchés high-tech puis sont devenues insolvables les unes après les autres à partir de 2011. Des entreprises comme Solar Millennium, Q-Cells, Centrotherm, ou Conergy ont toutes fait faillite aussi rapidement qu’elles avaient surgi.
En une seule année, 30 000 emplois ont disparu et des dizaines de milliards en capital privé ont été détruits. « Le seul désaccord des experts des marchés financiers porte sur le montant : parle-t-on de 30 ou de 50 milliards d’euros ? »
Les dirigeants allemands refusent de tirer les leçons de cette expérience
Aujourd’hui, les politiciens et les médias verts ont mystérieusement déserté le « Temple du Soleil » et les ruines qu’il en reste. Cela ne les empêche pas de continuer à promouvoir les énergies vertes dans un refus obstiné de tirer les leçons dela débâcle de l’énergie solaire subventionnée.
Comme l’écrit Dirk Maxeiner, les politiciens écolos comme le socialiste Stephan Weil de Basse-Saxe n’ont rien appris. Ils réclament maintenant une « transition des transports » et une transformation de l’industrie automobile !
Pour Maxeimer, ces dirigeants qui signent les politiques publiques ont l’air de croire qu’il est possible de résoudre le problème en continuant sur le chemin erroné de la subvention, mais en agissant encore plus vite.
L’obsession allemande de la transformation
Dirk Maxeiner s’interroge : « Que doit-on comprendre de la transformation de l’industrie automobile ? Les vélos peuvent être fabriqués en Chine à des prix encore plus bas. »
Le journaliste montre alors comment les dirigeants allemands sont saisis d’une sorte de « frénésie de la transition » selon laquelle tout ce qui existe doit impérativement subir une transformation écologique fondamentale, peu importe que cela ait du sens ou non.
Selon lui, les politiciens tels que Weil en sont à exiger que l’industrie automobile « arrête de fabriquer les voitures que les gens veulent, et alors seulement tout redeviendra bel et bon. »
Résumé de Maxeiner : maintenant que l’Allemagne a envoyé son industrie solaire dans le mur, il semblerait que les dirigeants politiques allemands souhaitent faire exactement la même chose avec l’industrie automobile. Mais pour y parvenir, il leur faudra détruire son industrie du charbon afin que les voitures électriques fonctionnent grâce à l’énergie propre de l’éolien.
Or d’où viendront ces voitures électriques ?
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Traduction par Nathalie MP pour Contrepoints de From “Solar Valley To Death Valley”… How Germany’s Solar Industry Imploded – German Autos Next To Go ?
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