02/10/2015 – 18h20 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Ce mercredi, le Nouvel Obs publiait un article pour le moins inquiétant de Vincent Jouvert, annonçant que la « Troisième Guerre mondiale » a peut-être commencé ce 30 septembre 2015.
Un scénario alarmiste que l’on retrouve régulièrement dans bon nombre de sites internet dont la rigueur n’est pas la première des vertus. On peut donc être surpris de voir le très « sérieux » et politiquement correct Nouvel Observateur véhiculer ce genre de discours. La réflexion de Vincent Jouvert repose sur deux événements qui se sont déroulés ces derniers jours, à savoir l’escalade des tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et l’intervention russe en Syrie, deux événements laissant apparaître selon l’auteur, deux axes opposés avec la Russie, l’Iran et la Syrie d’un côté et les pays occidentaux et les pays sunnites de l’autre.
Il faut bien le reconnaître, depuis quelques jours, le Moyen Orient occupe une place centrale dans la machine médiatique mondiale. Pour autant, l’actualité récente ne modifie guère la situation des forces en présence. Voulant éviter de revivre les scénarios irakien et afghan de l’ère Bush, Barak Obama refuse toujours d’intervenir massivement. Les aveux récents du Pentagone sur l’échec de la formation de troupes rebelles syriennes par l’armée américaine démontre la faible influence des États-Unis sur ce conflit, se contentant de quelques bombardements aériens avec une coalition réduite, histoire de dire dans les médias du monde entier qu’ils font la guerre à l’État Islamique.
De son côté, la Russie a décidé d’intervenir directement en Syrie. Il est trop tôt pour se faire une idée réelle de l’ampleur de cette intervention et son impact réel sur le conflit. Les rumeurs et la désinformation allant bon train, il est difficile de faire le tri parmi les informations qui nous parviennent. Néanmoins, une chose est sûre, Vladimir Poutine n’intervient pas en Syrie volontairement pour combattre l’État Islamique. L’intervention russe n’est motivée que par la volonté de sauver le régime de Bachar El Assad alors aux abois. Une intervention d’ailleurs assez tardive dans un conflit qui dure depuis quatre ans. Il ne s’agit alors pas d’intervenir pour qu’il n’y aie plus de vidéos de décapitation sur internet qui choquent tant l’opinion publique occidentale mais de maintenir en place un régime ami et qui plus est, le seul capable d’imposer un semblant d’ordre dans le chaos syrien.
Si la situation générale au Moyen Orient semble pour le moins instable, doit on craindre une déflagration générale conduisant à une guerre mondiale comme l’indique Vincent Jouvert ? Et bien la réponse est probablement non. Tout simplement parce que seuls les États-Unis et la Russie ont les moyens politiques de déclencher cette déflagration, or on le voit bien, ces deux pays font preuve d’une grande prudence et d’un grand pragmatisme. Ce qui au passage tranche avec la position de la France qui, pour le coup, n’a absolument aucune influence sur la région d’où l’agitation caricaturale de Laurent Fabius contre les « méchants » Poutine et Assad.
S’il y a bien une leçon de la guerre mondiale précédente qui a été retenue par les dirigeants du monde c’est que l’on ne se fait pas la guerre entre puissances. Un conflit mondial de haute intensité entraînerait aujourd’hui tellement de pertes et de destructions qu’aucun camp ne pourrait en revendiquer la victoire. C’est pour cela que lorsque la situation internationale atteint un seuil critique, la diplomatie prend le dessus sur les armes comme ce fut le cas lors des « alertes nucléaires » de 1962 à Cuba et de 1973 avec la guerre du Kippour. Aussi il n’est pas surprenant alors de voir le secrétaire d’état américain John Kerry et le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov annoncer qu’une réunion aura lieu entre militaires des deux pays afin de coordonner leurs actions en Syrie.
Jordi Vives