19/12/2016 – 18h30 Barcelone (Lengadoc Info) – Après des années de lutte pour obtenir leur indépendance, les Catalans sont désormais au bord de la rupture avec Madrid.
La présidente du parlement de Catalogne poursuivie en justice par Madrid |
Le conflit entre le gouvernement catalan de Carles Puidgemont (droite nationaliste) et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (conservateur), vient d’entrer dans une nouvelle phase. Ce vendredi 16 décembre, la présidente du parlement catalan, Carme Forcadell (ERC), a été convoquée devant le tribunal supérieur de la justice de Catalogne. Elle est notamment accusée de désobéissance.
En juillet dernier, Carme Forcadell a soumis au vote du parlement catalan une résolution appelant à une séparation unilatérale de la Catalogne avec l’Espagne. La présidente du parlement pourrait, si elle est reconnue coupable, être destituée car avant ce vote, le tribunal constitutionnel de Madrid lui avait demandé de ne pas soumettre cette résolution au vote des députés.
Les nationalistes catalans vont-ils franchir le Rubicon ?
Cette convocation devant les tribunaux de la présidente du parlement catalan intervient deux jours après la censure et la suspension par le tribunal constitutionnel espagnol du projet de référendum sur l’indépendance de la Catalogne qui doit se dérouler, théoriquement, en 2017.
En agissant de la sorte, Madrid souhaite bloquer le processus d’autodétermination engagé en septembre 2015 lorsque les nationalistes catalans ont gagné les élections régionales. Pour Mariano Rajoy, il s’agit également de conforter sa (très faible) majorité au parlement espagnol. En effet, après 10 mois sans majorité, le gouvernement de Mariano Rajoy ne tient que grâce à l’alliance de son parti avec Ciudadanos (centre-droit) et la complaisance des députés socialistes. Or ni Ciudadanos ni le parti socialiste espagnol ne sont favorables à l’indépendance de la Catalogne.
Mais du côté catalan, ce blocage institutionnel imposé par Mariano Rajoy commence à lasser et désormais, le gouvernement catalan souhaite passer outre le refus de Madrid. Carles Puidgemont a d’ailleurs annoncé que si la justice décidait de destituer Carme Forcadell, elle serait, malgré tout, maintenue à son poste. De même, Barcelone compte bien organiser un référendum en 2017 sur la question de l’indépendance et ainsi passer outre la décision du tribunal constitutionnel.
L’année 2017 pourrait bien être le moment de vérité pour les nationalistes catalans. Bloqués par Madrid, ils sont désormais contraints de basculer dans l’illégalité s’ils veulent obtenir un état indépendant.