On ne sait pas assez profiter de l’instant,
Du moment opportun englouti par le temps,
Ce kairos à saisir comme une fulgurance
Et qui s’évanouit au gré de nos errances.

L’occasion est propice, on hésite, elle passe,
Se volatilisant, nous laissant dans l’impasse :
Vouloir la rattraper, ce ne se peut jamais,
Fugace, éphémère et fermant ses guillemets.

Une voie nouvelle s’était bien entrouverte
Et l’on pouvait partir vers d’autres découvertes,
L’automne de la vie cachait bien ce printemps,
Mais on n’a rien changé quand c’était si tentant.

Car l’habitude a tout sclérosé de nos actes,
Le traintrain quotidien ne permet plus d’entracte,
Et l’aventure est close à l’imagination,
Et le repli sur soi n’est plus que réplétion.

La vieillesse a tu le nouveau de tout kairos
Et s’éteint avec lui tout attrait de l’éros :
On a plié bagage, on en a fait son deuil,
Demeure seul ouvert le chemin du cercueil. (5/11/15)