La campagne présidentielle s’anime avec l’entrée en lice de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse , une candidate animée d’une fougue combative exceptionnelle. Mais le candidat principal, le Président de la République , n’est toujours pas officiellement entré dans la mêlée : il ne se déclarera que seulement en février prochain.
Notre économie décline depuis plus d’une vingtaine d’années et tous les clignotants sont au rouge : une croissance insuffisante du PIB, un taux de chômage très élevé qui ne diminue pas malgré tous les efforts des divers gouvernements, des dépenses publiques au plus haut niveau de tous les pays de l’OCDE, des prélèvements obligatoires à un niveau record, une balance commerciale toujours fortement déficitaire et un endettement du pays qui augmente inexorablement, d’année en année.
Nos gouvernants se trouvent contraints de recourir chaque année à de l’endettement pour maintenir notre économie à flot, si bien que maintenant, la dette extérieure est considérable : elle avoisine 120 % du PIB, alors que les règles européennes imposent de ne pas aller au-delà de 60 %. Cette situation ne peut plus durer.
Pour apprécier correctement les propositions des uns et des autres en matière économique, il faut avoir pour grille de lecture le cercle vicieux dans lequel se trouvent enfermés nos gouvernants, un enchaînement fatal qui les contraint à augmenter chaque année les prélèvements obligatoires et à accroître l’endettement du pays.
La régression industrielle de la France
Le mal dont souffre l’économie provient de la régression constante du secteur industriel français depuis la fin des Trente glorieuses. La liaison très forte entre la production industrielle d’un pays et le niveau du PIB par tête de ses habitants n’a pas été considérée par les différents gouvernants. En effet, ils ont tous été formés à Sciences-Po comme à l’ENA, à partir de la thèse des trois secteurs de l’économie développée par Jean Fourastié dans Le grand espoir du XXe siècle , paru en 1952 ; le déclin de l’industrie française leur a donc semblé tout à fait naturel. Il était normal de s’acheminer vers une société post-industrielle constituée uniquement d’activités de services.
Et ce n’est donc qu’avec la crise du Covid-19 que nos gouvernants ont pris conscience du problème . Notre secteur industriel ne contribue plus aujourd’hui que pour 10 % seulement à la formation du PIB. Le pays est devenu le plus désindustrialisé de tous les pays européens, Grèce mise à part. À la fin des Trente glorieuses il s’agissait de 26 % du PIB, et des pays comme l’Allemagne en sont à 24 %. Pour compenser la perte de richesse résultant du déclin de l’industrie les pouvoirs publics ont été contraints d’augmenter constamment les dépenses sociales. Elles ont pris ainsi une part croissante dans les dépenses publiques, et pour financer ces dépenses publiques croissantes l’État a dû régulièrement augmenter ses prélèvements obligatoires, c’est-à-dire la fiscalité.
Les rentrées fiscales se révélant chaque année insuffisantes, l’État a eu sans cesse recours à de l’endettement. Nous sommes donc confrontés à un enchainement fatal conduisant à un accroissement régulier de la dette du pays.
Une priorité pour les candidats
La priorité pour notre prochain président va être d’extraire le pays de ce cercle vicieux.
Pour cela il n’y a pas d’autre solution que de reconstituer urgemment notre secteur industriel. C’est en effet l’industrie, comme le montre le graphique ci-dessous, qui est le moteur de la croissance dans un pays.
https://www.contrepoints.org/?attac...
On voit que la corrélation a un degré de confiance extrêmement élevé, et l’équation de la droite de régression indique que l’élasticité entre l’augmentation de la production industrielle et le PIB/tête des habitants est de 0,64 : une augmentation de 10 % de la production industrielle entraine un accroissement de 6,4 % de la richesse par personne.
Pour redresser la situation de l’économie française il s’agit de reconstituer le secteur industriel en le portant au niveau de 18 % environ du PIB, niveau en dessous duquel il n’aurait jamais dû descendre. Cela signifie la création de 1,8 million d’emplois nouveaux dans ce secteur que les économistes nomment « le secteur secondaire », ce qui porterait son effectif à 4,5 millions de personnes. À titre de comparaison, l’Allemagne en est à 5,7 millions dans les entreprises de plus de 50 personnes.
Il sera intéressant de voir comment chacun des candidats envisage de procéder : pour bien faire il faudrait que nous puissions reconstituer ce secteur industriel en une dizaine d’années, ce qui supposerait que soit créés environ 180 000 emplois industriels nouveaux par an. C’est un objectif extrêmement ambitieux et très difficile à inscrire à son programme. Les candidats nous diront s’ils comptent y parvenir par des mesures libérales ou bien par des interventions de la puissance publique.