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L’Afrique n’a pas besoin de plus d’aide, mais de plus de capitalisme

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Rainer Zitelmann.1

Un article de The Foundation for Economic Education

En 1990, l’ONU s’est engagée à réduire de 50 % la pauvreté dans le monde d’ici 25 ans. La réalisation de cet objectif ambitieux est en grande partie due au succès de la Chine. Au cours de la même période, le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 56,8 % à 42,7 % sur l’ensemble du continent africain. Cependant, avec 20 % d’Africains vivant sous le spectre de la famine, un pourcentage plus élevé que partout ailleurs dans le monde, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

La situation ne s’est pas améliorée ces dernières années . En fait, elle s’est détériorée, notamment en Afrique. Le rapport « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » pour 2019 a été publié conjointement par plusieurs organisations des Nations Unies et confirme l’augmentation de la faim dans le monde pour la troisième année consécutive.

On estime actuellement à 821 millions le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique dans le monde. Jusqu’en 2015, ce nombre avait diminué. Il a maintenant regagné les niveaux observés pour la dernière fois en 2011. Par rapport à 2017, la proportion de personnes souffrant de malnutrition (20 %) a augmenté dans presque toutes les régions d’Afrique. Les régions les plus touchées sont l’Afrique de l’Est, où près de 31 % de la population souffrent de malnutrition, et l’Afrique centrale, où ce chiffre atteint 26,5 %.

L’aide au développement aide-t-elle vraiment ?

Dès que les chiffres ci-dessus ont été publiés, des appels pour l’augmentation de l’aide au développement en faveur de l’Afrique se sont automatiquement multipliés. L’aide au développement a une belle connotation morale et constitue, selon certains, une sorte d’expiation quasi religieuse pour les péchés du colonialisme et de « l’exploitation du tiers monde par les pays capitalistes ».

Mais les objectifs sont-ils réellement atteints ? En 2002, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait déclaré : « Je n’ai jamais vu un pays se développer grâce à l’aide ou au crédit. Les pays qui se sont développés en Europe, en Amérique, au Japon, en Asie, comme à Taiwan, en Corée du Sud et Singapour, tous ont misé sur le libre marché. Il n’y a pas de mystère là-bas. L’Afrique a pris le mauvais chemin après l’indépendance ».

En Asie, la lutte contre la pauvreté et la faim a été très efficace parce que plusieurs pays asiatiques ont mis en œuvre des réformes capitalistes. Rien qu’en Chine, grâce à l’introduction partielle des droits de propriété privée et de l’économie de marché, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est tombée de 88 % en 1981 à moins de 1 % aujourd’hui.

Les pays asiatiques ont reçu beaucoup moins d’aide au développement que les pays africains. Née en Zambie, Dambisa Moyo , qui a étudié à Harvard et a obtenu un doctorat à Oxford, identifie l’aide occidentale au développement comme l’une des raisons de l’échec de la lutte contre la pauvreté en Afrique.

« Au cours des cinquante dernières années, plus de 1000 milliards de dollars d’aide liée au développement ont été transférés des pays riches vers l’Afrique », souligne Moyo dans son livre Dead Aid : « Mais plus de 1000 milliards de dollars d’aide au développement au cours des dernières décennies ont-ils amélioré la situation des populations africaines ? Non. En fait, partout dans le monde, les bénéficiaires de cette aide sont moins bien lotis. Pis, l’aide a contribué à rendre les pauvres plus pauvres et la croissance a ralenti… L’idée selon laquelle l’aide peut, et a pu, réduire la pauvreté systémique, est un mythe. Des millions d’Africains sont aujourd’hui plus pauvres à cause de l’aide. La misère et la pauvreté n’ont pas été éradiquées mais ont augmenté. L’aide a été et continue d’être un désastre politique, économique et humanitaire absolu dans la plupart des pays en développement ».

Pour être clair, les critiques de Moyo ne sont pas dirigées contre la famine et les secours en cas de catastrophe, mais contre les transferts financiers à long terme destinés à stimuler le développement économique. Ces fonds se sont souvent retrouvés entre les mains de despotes corrompus plutôt que de celles des pauvres. William Easterly, professeur d’économie et d’études africaines à l’Université de New York, estime également que l’aide étrangère est en grande partie inutile et souvent contre-productive.

Espoir pour l’Afrique

Mais il y a encore de l’espoir pour l’Afrique. L’essor des nouvelles technologies a entraîné un relâchement du contrôle de l’État dans de nombreux secteurs et a permis aux entrepreneurs de prospérer indépendamment du soutien du gouvernement et des relations politiques. Beaucoup de jeunes Africains confiants qui ont émergé de leur classe ont étudié à l’étranger, généralement en Europe ou aux États-Unis, mais de plus en plus en Chine ou en Inde.

Nombre d’entre eux travaillent pour des entreprises internationales avant leur retour dans leur pays d’origine. L’Afrique voit désormais l’émergence d’une classe d’entrepreneurs qui pilote et façonne l’essor économique de l’ensemble du continent.

L’Afrique offre de nombreuses opportunités économiques. Cependant, certaines des prédictions d’un boom massif sur le continent qui circulent actuellement parmi les experts s’appuient sur des modèles qui ne permettent pas une appréciation réaliste des faits sur le terrain. Tenter de reproduire les réussites asiatiques en Afrique sans prendre en compte les différences entre les deux continents serait trop simpliste.

Mais l’Afrique pourrait certainement apprendre une chose de l’Asie : la faim et la pauvreté ne sont pas combattues par l’aide au développement mais par l’entrepreneuriat et le capitalisme. Même Bono, le chanteur de U2, qui organisait autrefois de grands festivals pour recueillir de l’aide pour l’Afrique et qui a si longtemps épousé une rhétorique anticapitaliste et une conviction apparemment inébranlable en une aide étrangère comme solution à la faim et à la pauvreté en Afrique, a changé son discours sous le poids des preuves contraires. « L’aide n’est qu’un palliatif », a-t-il avoué en 2013 lors d’un discours prononcé à l’Université de Georgetown. « Le commerce et le capitalisme entrepreneurial sortent plus de personnes de la pauvreté que l’aide. Nous avons besoin que l’Afrique devienne une puissance économique ».

Article traduit et publié par Libre Afrique.

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Sur le web Historien et sociologue, auteur de « Le pouvoir du capitalisme ». ↩

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