La vaccination contrainte s’inscrit dans le délire collectiviste ambiant. Normalement, la vaccination est un acte individuel apportant une protection individuelle contre une maladie. Mais, comme le philosophe Hayek l’avait prévu, la route de la servitude s’emprunte facilement sous la conduite de politiciens dont la morale se limite à l’horizon inhumain de « la fin justifie les moyens ».
Vaccination obligatoire a annoncé Emmanuel Macron revenant sur de multiples assurances antérieures. Un comportement de renégat est banal (pour ne pas dire indispensable) dans le métier de politicien. Mais en l’occurrence, le président de la République foule quelques principes humanistes essentiels.
La vaccination est une décision individuelle
Depuis plus d’un siècle un certain nombre de maladies ont été presqu’éradiquées dans les pays développés grâce aux vaccins. Citons : la tuberculose, la poliomyélite, la rage, le tétanos, la rougeole, les oreillons, la coqueluche,…
Il n’a pas été besoin initialement d’instaurer une obligation de vaccination ou de mettre au ban de la vie sociale ceux qui n’étaient pas vaccinés. Lorsqu’une obligation légale a existé (pour les enfants accédant à l’école, par exemple), le bénéfice-risque du vaccin était alors connu et incontestable.
Quoiqu’il en soit, rappelons qu’une personne choisit de SE vacciner pour SE protéger après avoir pris conseil de SON médecin. Il s’agit d’une décision individuelle. Le vaccin ne protège pas un groupe, il protège celui qui est vacciné.
Seul trois États ont à ce jour rendu la vaccination obligatoire : le Turkménistan, le Tadjikistan, le Vatican. Certains États veulent aujourd’hui rendre la vaccination obligatoire pour leurs employés (fonctionnaires notamment dans le secteur de la santé) : Italie, Royaume-Uni, Russie, Îles Fidji.
Le raisonnement qui veut imposer la vaccination par la contrainte est absurde
Des personnes en bonne santé ne peuvent pas contaminer des individus vaccinés puisqu’ils sont protégés (c’est l’objectif du vaccin)
Des personnes contaminées ne peuvent pas mettre en danger des individus vaccinés puisqu’ils sont protégés (c’est l’objectif du vaccin)
Si les deux propositions précédentes sont fausses c’est que le vaccin est inefficace.
Dans ce cas pourquoi vouloir l’imposer ?
Compte-tenu de la faible mortalité du Covid19, le ratio bénéfice-risque doit être soigneusement soupesé pour la population ne présentant pas de facteurs aggravants (jeunes en bonne santé). Rappelons la mortalité au 17 mai 2021 : 163,7 millions de cas dans le monde ; 3,4 millions de décès ; 143,8 millions de guérisons. Soit une mortalité de 2% chez les personnes contaminés et inférieure à 0,05% pour l’ensemble de la population. Par comparaison, la rougeole a touché 869 770 personnes dans le monde en 2019 et occasionné 207 500 décès en 2020 (source OMS), soit une mortalité de presque 24% pour les personnes atteintes. Le vaccin rougeole-oreillon-rubéole est obligatoire en France pour les enfants nés après 2018. Le bénéfice-risque est dans ce cas difficilement contestable.
La propriété de son corps est un des droits naturels
Chacun reste propriétaire de son corps. Il s’agit d’un droit naturel, supérieur à toute législation. Les États de droit sont supposés d’abord protéger les droits naturels. Le fait de ne plus garantir à chacun la pleine propriété de son corps ouvre la porte à toutes sortes de dérive (esclavage, eugénisme, utilisation de sujets cobayes).
Gageons que s’il s’avère suicidaire de ne pas se vacciner, les gens se vaccineront.
Il est un fait que les effets à long terme de la nouvelle technologie des vaccins à ARN messager (ARNm) ne sont pas connus. Il n’y a pas encore de recul.
Je suis vaccinée, deux doses, AstraZeneca, vaccin classique et non pas ARNm. Je comprends cependant très bien qu’une personne jeune ne présentant aucun risque particulier ne souhaite pas se faire injecter un vaccin ARNm ou en faire injecter un à ses enfants mineurs. Je n’estime pas du tout qu’un tel refus me fasse courir des risques.
La dérive collectiviste et la route de la servitude
Notre société est engagée dans une dérive constructiviste et collectiviste inquiétante.
Constructiviste car le pouvoir se croit investi d’une double mission de
protéger les gens malgré eux contre toutes sortes de dangers potentiels (ou non avérés)
protéger les gens contre eux-mêmes (abus de tabac, d’alcool, drogues,…).
Collectiviste car un supposé intérêt de groupe, reposant sur des notions vagues d’intérêt public ou de bien commun est toujours brandi pour justifier moins de liberté et moins de responsabilité.
Ce gouvernement souhaite-t-il vraiment nous engager toujours plus loin sur la « Route de la servitude » ? Si l’on en croit l’analyse de Hayek, le recrutement de politiciens professionnels, dont le but est de conserver et d’étendre leurs pouvoirs, nous y pousse.
Quelques réflexions extraites du chapitre 10 (intitulé La sélection par en bas) de cet ouvrage :
« Le plus bas dénominateur commun réunit le plus grand nombre d’individu » : la peur est un sentiment universel qui favorise l’instinct grégaire (ensemble, nous survivrons).
« Les deux qualités essentielles de tout système collectiviste, la nécessité de buts acceptés par l’ensemble du groupe et le désir dominant d’assurer au groupe le pouvoir maximum pour atteindre ces buts, donnent naissance à une morale […] elle ne laisse à la conscience de l’individu aucune liberté d’appliquer ses propres règles »
« Le principe selon lequel la fin justifie les moyens est considéré dans l’éthique individualiste comme la négation de toute morale. Dans l’éthique collectiviste, il devient la règle suprême ».
Le chapitre 11 (intitulé La fin de la vérité) s’ouvre sur ceci :
« Il ne suffit pas que tout homme soit obligé de travailler à la réalisation des mêmes buts pour que le système totalitaire fonctionne bien. […] Il faut désigner aux gens un but, le leur imposer mais il faut aussi qu’il devienne un article de foi, une croyance générale qui fera agir les individus avec toute la spontanéité désirée. Si l’oppression dans les pays totalitaires est moins ressentie qu’on ne l’imagine dans les pays libéraux, c’est que les gouvernements totalitaires réussissent très bien à faire penser le peuple de la manière qui leur convient ».
A côté de la « vérité santé » règne une « vérité climat ». Ainsi, lorsqu’un fonctionnaire déclare « que ceux qui ne veulent pas des éoliennes soient privés d’électricité », on mesure le chemin parcouru en matière de « croyance générale ».