Elle a d’une chatte la langueur du regard,
Cette douceur comme toujours bien contenue,
Mais la pupille veille et sans aucun égard
Pour qui saurait qu’elle n’est pas une ingénue.
Car les doux coussinets de pattes de velours
Cachent des griffes prêtes à tout lacérer
De tout adversaire ou de quelque autre balourd
Qui se permettrait de seulement l’effleurer.
La chatte alors devient redoutable tigresse :
Les yeux s’allument d’un feu aux mille étincelles,
Elle se dresse d’une fierté vengeresse :
On ne touche pas à une jeune pucelle !
L’œil noir qui se voulait bien plus que doucereux
Se voile d’un éclair fugace et venimeux :
Du Rif surgissent les fantômes malheureux,
Errant dans l’antre de vieux souvenirs brumeux.
La Najat est double dans son identité :
De la France qu’a-t-elle donc pu hériter ?
L’atavisme fond sur elle, encore patenté
De frustrations qu’elle n’a pas su surmonter. (13/09/14)