16/03/2016 – 18h35 Montpellier (Lengadoc Info) – Cinquante-quatre ans après la guerre d’Algérie, la question de la date officielle de la fin de ce conflit fait toujours l’objet d’une forte opposition en France. Imposé en 2012, le 19 mars est devenu la date commémorative de la fin de la guerre d’Algérie, une décision qui passe mal chez les anciens combattants, les Pieds Noirs et les Harkis.
Le 19 mars 1962, un cessez-le-feu très meurtrier
Le 19 mars est la date de la signature des accords d’Evian en 1962, accords qui imposent le cessez-le-feu en Algérie. Sauf qu’au lieu d’imposer la paix, les accords d’Evian vont entraîner une explosion de la violence et des massacres en Algérie notamment à l’encontre des Harkis et des Pieds-Noirs. Ainsi, à peine une semaine après la mise en place du cessez-le-feu, le 26 mars, des dizaines de pieds-noirs manifestant pour le maintien de l’Algérie Française, sont massacrés au fusil-mitrailleur par l’armée française, rue d’Isly à Alger. Autre date marquante de cette période post-19 mars, le 5 juillet à Oran, jour de la proclamation de l’Indépendance de l’Algérie, des centaines d’Européens sont massacrés par des éléments armés du FLN et des civils. Enfin, durant cette période, des milliers de Harkis et leurs familles sont exécutés tandis que 3 000 Européens sont enlevés par le FLN, la plupart d’entre eux sont, encore aujourd’hui, portés disparus.
Le 19 mars, date commémorative pour le FLN et la gauche française
Choisir la date du 19 mars comme date commémorative de la fin de la guerre d’Algérie est vécu comme insulte pour les Pieds-Noirs et Harkis mais aussi une large partie des anciens combattants. Cette date, proposée par le sénateur socialiste Alain Néri, est aujourd’hui surtout soutenue par les associations de gauche comme la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), association connue pour ses liens étroits avec le parti communiste et qui est composée essentiellement d’appelés du contingent. En revanche, d’autres associations comme l’Union Nationale des Combattants (UNC) ou encore l’Union Nationale des Parachutistes (UNP), sont des opposants farouches à cette date.
Dans un communiqué, l’UNC regrette d’ailleurs la présence de François Hollande en Algérie ce 19 mars 2016, pour une cérémonie commémorative :
« Respectueuse du souvenir des 535 soldats Français morts après ce « cessez-le-feu », des milliers de pieds – noirs et de musulmans fidèles à la France massacrés après cette date notamment à Oran le 5 juillet 1962, des harkis et des supplétifs de l’armée Française, abandonnés sans armes et pourchassés au – delà du 19 mars, l’UNC refuse de participer à cette commémoration qui fait fi de toutes ces victimes et elle invite ses adhérents à refuser de participer à ces cérémonies. »
De son côté, le Collectif National Harkis Rapatriés Français d’Algérie organisera une manifestation ce samedi 19 mars à 13h30 devant le mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) afin de demander à François Hollande de respecter sa promesse de campagne de reconnaître officiellement « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des Harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées de nuit dans des Camps en France ». Pour Hocine Louanchi, le coordinateur du Rassemblement militant de la cause harkie, cette manifestation est « pour l’honneur de nos parents, pour notre reconnaissance et pour une loi de réparation sans cesse promise et jamais votée. »
Photos : DR
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