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Football : la victoire en chantant ?

, par  vanneste , popularité : 4%
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Dans quelques heures, après l’habituelle récupération élyséenne, la parenthèse enchantée du Mondial se refermera. Le meilleur scénario pour l’équipe de France s’est déroulé crescendo dans une mise en scène remarquable de Didier Deschamps qui mérite une estime unanime. Des joueurs de talent, un groupe facile pour commencer, les équipes les plus réputées éliminées parfois de manière inattendue par d’autres, et une vaillante équipe croate, un peu fatiguée, pour terminer ont dressé les jalons d’une marche vers le triomphe. Certains Français ne cachaient pas leur préférence pour la courageuse équipe « européenne ». L’immense majorité des Français souhaitait la victoire des « bleus ». Ceux qui se passionnent, ne serait-ce qu’une fois tous les quatre ans pour le football, ont explosé de joie à la fin du dernier match dans des mouvements de foule qui confinaient parfois à l’hystérie. On ne peut déplorer que des Français couvrent les rues de tricolore ou chantent la Marseillaise au lendemain d’un 14 Juillet. Peu importe la raison du patriotisme. L’important est qu’il se manifeste. « Faîtes les gestes de la foi et vous croirez » disait Pascal qui justifiait ce conseil en rappelant que l’homme est « automate » autant qu’esprit, en anticipant la distinction entre le réflexe et l’intelligence. La foule a donc accompli le rite de cette religion contemporaine qu’est le football. Il reste à départager les aspects positifs, négatifs voire nocifs de cette liturgie.

Une formule les synthétise : « on a gagné » ! Qu’un peuple regagne confiance en soi à cette occasion ne peut qu’être bénéfique. Si la France retrouve quelque couleur aux yeux du monde, si les touristes y viennent plus nombreux et si nos produits séduisent davantage, il faut s’en féliciter. Que le patriotisme soit délivré des complexes de culpabilité névrotique que l’idéologie de la repentance lui oppose est une bénédiction. L’habitude de pavoiser en évitant d’exhiber des drapeaux étrangers, parfois hostiles, doit persévérer. La présence du drapeau tricolore sur les bâtiments publics et le lever des couleurs dans les enceintes scolaires devraient être « naturels ». La Russie, le pays d’accueil, dont l’équipe a dépassé les espérances, et qui a offert une image impeccable durant cette Coupe du Monde donne un exemple de ce patriotisme décomplexé. Par ailleurs, dans notre pays où l’égalitarisme absolu règne sans partage dans les discours de l’idéologie dominante, redonner à l’idée de sélection toute sa valeur ne manque ni de sel, ni de pertinence.

Le problème naît du « on ». L’identification d’une nation à 11 joueurs sur le terrain et aux 23 sélectionnés n’a évidemment aucun sens. Elle donne lieu à des commentaires grotesques tels que : » c’est la France qui est représentée dans toute sa diversité ». L’équipe de France de football n’est nullement représentative. Le football, comme tous les sports, sélectionne les aptitudes, et il le fait à partir d’une offre que la sociologie détermine. A cela s’ajoute une dimension qui lui est particulière et qui est, pour le coup, tout-à-fait étrangère à la nation : son immersion totale dans le monde de l’argent ! Celui des clubs et de leur recrutement, ces employeurs de « nos » joueurs qui sont majoritairement étrangers ; celui des médias qui mobilisent les foules autour de cet événement qui offre une autoroute à la publicité ; celui de ces riches Etats qui jouent un rôle considérable dans le fonctionnement de la FIFA au point de lui imposer un « mondial » en hiver. Le football est le sport préféré des Français. C’est loin d’être le plus français des sports ! Le mot « mercato » cache à peine le marché humain qui est la clef du fonctionnement du football professionnel. A la base, son recrutement ne se fait pas dans les beaux quartiers où l’on préfère d’autres pratiques sportives et où les carrières envisagées sont d’une toute autre nature. Un ministre des sports m’expliquait le double intérêt, économique et chronologique, des clubs à recruter nombre de joueurs noirs dont le développement musculaire est plus précoce, mais, c’est entendu, la notion de « race » est interdite ! N’en parlons pas ! La sélection des meilleurs, le talent de l’encadrement et la qualité de la formation font le reste.

Il ne faut pas toutefois tomber dans le panneau qui s’ouvre à nouveau et qui consiste à surévaluer l’événement pour lui donner une signification politique. La liesse populaire est sympathique. Elle ne doit pas voiler la réalité du pays : des casseurs ont créé des incidents dans plusieurs villes dont Paris et Lyon. 845 voitures ont été brûlées. L’arbre du joueur issu d’un quartier défavorisé et d’origine immigrée, par ailleurs plein de talent, et d’un excellent esprit, ne doit pas cacher la forêt des banlieues qui vivent du trafic de drogue et où la police se trouve en terrain ennemi. L’utilisation, comme en 1998, du succès de l’équipe de France pour sacraliser la France multicolore et la richesse apportée par une immigration sans frein, relève, soit de la bêtise la plus crasse soit de la haute trahison ! Des joueurs professionnels parvenus très jeunes au sommet de leur discipline, et dont le niveau intellectuel, et parfois le comportement, laissent à désirer ne sont pas les meilleurs exemples de réussite pour les jeunes Français. Il y a des admirations plus légitimes, mais on se demande parfois s’il n’y a pas dans la mondialisation un gigantesque effort d’abêtissement des peuples, particulièrement efficace, semble-t-il, en France. Un coup de pied talentueux n’a rien de génial. Une découverte scientifique, oui ! Quant à « l’entrée dans l’histoire », c’est le comble de la stupidité. L’histoire est un fleuve, une suite continue de causes et d’effets. Les compétitions sportives sont une suite discontinue sans le moindre rapport avec l’histoire des peuples, sauf lorsque les politiques tentent de récupérer le sport. Le totalitarisme en a fait sa spécialité. L’Italie a été championne du monde en 1934 et 1938, sous Mussolini. On connaît la suite…

Tout en goûtant le succès national qui désinhibe notre fierté nationale, sachons raison garder, en nous mobilisant pour de vraies victoires dans l’histoire véritable.

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