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Flexisécurité ou Rigiprécarité ?

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48457C’est un travers national de draper nos turpitudes dans les plis d’un étendard, l’illustrissime modèle social que le monde entier nous envie et qu’il admire tellement qu’il n’ose pas l’imiter. La nuit étoilée du 4 Août a aboli les privilèges. Depuis, l’Egalité, ce phare de la pensée française, projette son faisceau sur de nouveaux droits, qui sortis de l’ombre seront à tout jamais sanctuarisés. Notre histoire est donc celle de ce passage de l’ombre à la lumière que le génie de notre République ouvre toujours à la pointe des progrès de l’Humanité. Mais de mauvais esprits, de mauvais Français, pour tout dire, osent maugréer, ont l’outrecuidance de douter de l’excellence universellement reconnue de leur pays !

Le général de Gaulle n’avait-il pas prétendu : « le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominantes et contradictoires des Français » ? A un moindre niveau, Alain Minc avait, dans « La Mondialisation Heureuse », souligné un grand paradoxe : « le chômage, c’est le résultat d’un CHOIX que nos sociétés, à coup sûr, la société française, ont fait, troquant la pérennité de statut de la classe moyenne contre l’apparition d’un nouveau lumpen-prolétariat où se mêlent chômeurs de longue durée, marginaux, exclus, nouveaux pauvres. » Entre ces deux formules s’est cristallisé l’un des aspects les plus graves du déclin français. C’est au nom de l’égalité républicaine et de la conquête de nouveaux droits pour tous que les inégalités de statuts se sont creusées. La sécurité renforcée des uns a été payée par la précarité accrue des autres. Le droit s’est fait privilège. Ce processus est à la fois direct et indirect. Le statut de la fonction publique avait au point de départ pour but de préserver celle-ci de l’influence politique et de compenser des revenus moindres par une sécurité d’emploi plus grande. Le résultat est double : d’abord, le lien entre le pouvoir politique et la fonction publique est d’autant plus grand que son statut garantit au fonctionnaire son emploi face au risque électoral ; ensuite, les revenus du travail et de la retraite donnent aujourd’hui aux salariés publics un avantage évident sur ceux du privé. Un enseignant d’une école catholique voit sa retraite calculée sur les 25 meilleures années et celui d’une école publique sur les six derniers mois, à égalité de diplômes, de concours et de travail. Monsieur Peillon qui censure l’enseignement libre ne semble guère préoccupé par cette inégalité. La diminution du temps de travail doit être une conséquence de l’augmentation de la productivité. Son extension à des fonctionnaires dont on demande la présence et non la production, comme les policiers par exemple, a eu pour effet de diminuer la réponse à la demande publique, la sécurité en l’occurrence. L’ accroissement de leur nombre, pour compenser, a un coût considérable sur la dépense publique, sur les prélèvements, sur la perte de compétitivité et donc sur l’emploi privé. Le statut de la fonction publique comme l’horaire légal du temps de travail, ou encore le SMIC, sont des calcifications de la société française alors que celle-ci est déjà la plus bloquée qui soit, la dernière société socialiste d’Europe, avec ses 56% de dépenses publiques, que la « droite » au pouvoir pendant dix ans de suite n’a même pas été capable de réformer.

De la même manière, le dialogue de sourds entre le patronat qui demande plus de souplesse pour licencier afin d’embaucher avec moins de crainte et nos syndicats, divisés et peu représentatifs, qui s’accrochent au môle du CDI, conduira dans le meilleur des cas à des réformettes sans rapport avec les exigences de la situation. Une fois encore, la société de méfiance l’emporte sur la société de confiance, puisque chacun des camps accuse l’autre d’intentions perverses sous la menace habituelle de l’Etat de dégainer la loi. Le Bien Commun est pourtant objectif : davantage de salariés intéressés à la réussite de leur entreprise, jouissant de revenus suffisants pour dynamiser l’activité économique, et disposés à accepter les contraintes liées aux fluctuations de celle-ci. Si la solution anglo-saxonne de l’accordéon libéral apporte en termes d’emploi des résultats meilleurs que les nôtres, elle est vraiment trop éloignée de nos habitudes, et il ne manque pas d’exemples européens, rhénans, qui indiquent un chemin plus facile d’accès et également plus favorable au travail , des Pays-bas au Danemark en passant par l’Allemagne. Si le licenciement économique peut éviter la disparition d’une activité ou favoriser son évolution, il doit s’accompagner d’une indemnisation généreuse, mais courte, dégressive et contrôlée. La formation professionnelle doit se concentrer sur l’adaptation à de nouveaux emplois réels. Le coût du travail doit être réduit pour encourager la création ou le développement des entreprises. Des économies doivent donc être réalisées, ne serait-ce qu’en mettant fin à certaines situations exorbitantes, comme celle des intermittents du spectacle pointée par la Cour des Comptes. Enfin, la grande révolution à accomplir consiste à parvenir à ce que les partenaires sociaux s’entendent au niveau le plus pertinent de la subsidiarité pour définir les modalités contractuelles capables d’allier la compétitivité et le plein emploi. Une société qui se fige dans la défense de droits inefficaces, et réservés par là-même à une minorité en peau de chagrin, engendre de plus en plus de précarité. Une société qui vise des objectifs réellement généreux et les atteint en employant des moyens souples est tout simplement plus intelligente. Comment se fait-il qu’au pays de La Fontaine on ne comprenne pas que le roseau de la flexisécurité soit préférable au chêne de la rigiprécarité  ? Si les taux de chômage scandinaves ou allemand, notamment chez les jeunes et les seniors, sont meilleurs que les nôtres, ce n’est pas le fruit du hasard !

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...