Les « en-même-temps-tistes » ont tout faux : Macron, ce n’est pas du « en même temps », c’est de « l’alternatif ».

Bon, me direz-vous, c’est un détail. Qu’il dise et fasse « en même temps » tout et son contraire, ou qu’il alterne le chaud et le froid, la gauche et la droite, la laïcité et la religion, la compassion et la fermeté, la liberté et la censure, la GPA et la famille, l’assistanat et la réussite, la grandeur et la décadence, le résultat revient au même : on finit toujours par se faire baiser jusqu’au trognon (non, je n’ai pas écrit Trogneux).

Sauf que Macron est encore plus intelligent qu’il n’en donne l’impression. Qu’il nous a encore mieux compris que le « grand Charles », le bougre, et qu’il a depuis longtemps une idée très précise de la meilleure façon d’arriver à l’objectif suprême qui est le sien : Emmanuel Macron maître du monde.
Tenez, puisque l’on parle de « maître du monde », le parcours de notre vénéré Président me rappelle celui de Jean-Marie Messier (que ses collaborateurs avaient surnommé J6M –Jean-Marie Messier, moi-même, maître du monde), en ascension verticale jusqu’à ce qu’il commette l’erreur fatale de s’en prendre aux people de Canal+ et de virer leur totem, Pierre Lescure.

Macron, lui, a bien compris, d’abord qu’il ne fallait sous aucun prétexte se fâcher avec les puissants (qu’ils soient Poutine, Trump, Salvini, patrons de grands groupes ou saltimbanques) et ensuite que, pour se mettre ses con-temporains électeurs dans la poche, il fallait donner à chacun le sentiment qu’il a été « compris ». Mode d’emploi : on écoute, on hoche la tête, on répète les yeux dans les yeux les demandes de l’interlocuteur, pour bien lui montrer qu’on a bu ses paroles (première leçon d’un cours de vente), ce qui est toujours flatteur, en se gardant bien de promettre ou de refuser, et on passe au suivant… qui, demanderai-il très exactement le contraire, se verra appliquer le même traitement…
Ainsi, de groupe en groupe, de lobby en lobby, de communauté en communauté, tout un chacun est persuadé d’avoir obtenu pour son seul profit l’oreille bienveillante du président… ce qui n’est même pas faux. C’est en cela que Macron fait de l’alternatif. S’il faisait du « en même temps », avec deux interlocuteurs opposés, la ficelle serait vraiment, vraiment trop grosse.

Et puis, faites-en votre profit, comme Macron l’a fait lui-même, parce que la leçon que je vous donne est d’une valeur inestimable, figurez-vous que ce qui importe le plus à la plupart des êtres humains, ce n’est pas la réalisation concrète de leurs désirs ou la suppression effective des dangers qui les menacent, c’est l’idée folle que quelqu’un va prendre leurs problèmes en charge à leur place, et qu’en attendant, ils peuvent tranquillement aller à la pèche ou siroter leur bière devant la télé.

Les promesses, disait Chirac, n’engagent que celui qui les écoute… Macron a porté l’art de l’enfumage à des sommets jusque là inégalés : avoir persuadé les français qu’il avait pris en charge leur destin, tout en ne s’occupant que de lui-même.

Pour ceux que ça intéresse, deux tribunes :
Macron plus FN que Le Pen !
Macron, c’est bidon !