Par Rémi Jardot.1
Depuis une quinzaine d’années, il existe une fascination malsaine de certains partis politiques, associations écologistes et médias pour la politique énergétique allemande. Malsaine ? Oui et surtout immensément contreproductive. Sous la pression des organisations écologistes et apeurés par l’incident nucléaire japonais , l’Allemagne s’est lancée dans l’Energiewende , une immense entreprise de décarbonation de la production électrique, mais surtout dans les faits, de dénucléarisation de la production électrique.
Les faits sont froids, implacables.
L’Allemagne a des résultats très médiocres si l’on considère ses émissions de gaz à effet de serre pour la production d’électricité. Depuis 2011, ses performances en la matière se sont certes améliorées, mais sont restées bien en deçà de celles de la France. Ceci est aussi vrai en valeur absolue que relativement à l’unité d’énergie produite ou au nombre d’habitants. Pour ces deux derniers indicateurs, l’Allemagne émet respectivement 8 et 7 fois plus que notre pays. Il faut aussi rappeler que le prix de l’électricité était 1,7 fois plus important en Allemagne qu’en France, avant la crise que nous connaissons.
Par ailleurs, les évènements géopolitiques récents ont montré la faiblesse du modèle énergétique de l’Allemagne qui essuie un déficit commercial record dû à sa dépendance au gaz et qui, par le biais de l’Union européenne, nous entraîne dans sa chute. Comble de l’écologisme, le Parlement allemand pourrait aussi décider de tenir les délais prévus pour l’arrêt des centrales nucléaires qui seront bien sûr remplacées par des centrales à charbon avec la bénédiction de Greenpeace évidemment…
Comparée à l’Allemagne, la France apparaît dans une situation beaucoup plus confortable.
Grâce à son réseau de production d’électricité principalement issue du nucléaire et de l’hydraulique, elle a pu être, bien avant la mode écologiste, extrêmement sobre en émissions de gaz à effet de serre. En dix ans, notre voisin d’Outre-Rhin a rejeté à peu près l’équivalent de deux millions de grammes de CO2 de plus que nous. Néanmoins, il faut aussi savoir regarder lucidement la situation de notre pays. Le prix de l’électricité augmente, les centrales françaises se font vieillissantes et pâtissent des atermoiements politiques de ces dernières années. Le futur ne sera pas aussi radieux comme les différents scénarios de l’ADEME le soulignent.
Dans un premier temps, il faudrait rompre avec certains récits « écologistes ». Une modification du système de production électrique qui conduit vers le modèle allemand est une erreur grossière. Le nucléaire français reste sûr, peu coûteux et très peu émetteur de CO2 (3-4 gCO2eq/kWh contre 400-500 pour le gaz rappelons-le). Désormais, il faudrait donc, comme le gouvernement semble l’avoir compris , reconstruire une puissance industrielle capable de rayonner en Europe et pourquoi pas d’assurer d’importantes exportations. À cause de leur caractère intermittent, la solution des énergies renouvelables nécessite une production ou une gestion d’électricité annexe (centrale à gaz, centrale à charbon, batteries…). Ceci décuple de fait l’impact écologique et économique. Ce volet de la politique française est donc contre-productif.
Tandis que l’Allemagne pâtit de ses investissements dans les renouvelables et de son anti-nucléarisme primaire qui lui fait rouvrir des centrales à charbon, prenons le militantisme écologiste de certains partis et associations pour ce qu’il est : de la propagande idéologique sans fondement. Dénonçons ces discours, résistons à ces injonctions et continuons à soutenir les énergies souveraines et écologiques.
Pour lire l’étude Normalien agrégé & doctorant en ingénierie pour l’association Action Écologie ↩