On se rend sympathique à conter ses malheurs,
L’idéal est que l’autre en fasse tout autant :
On pourra débiter avec plus de chaleur
De qui cause tracas, et ce depuis longtemps.
On en vient à combler le vide autour de soi,
Nos peines toujours ont besoin d’être exposées :
On se livre d’un trait et mieux on se perçoit
Dès lors qu’à un moment elles sont éclusées.
Mais très vite s’installe quelque concurrence :
C’est à qui invente les malheurs les plus grands,
L’escalade s’opère en devenant plus rance…
On a bien plus souffert que ces pauvres migrants !
Car l’empathie tourne vite à la jalousie,
Il faut la tempérer avant que d’agacer.
L’incontinence draine quelque anesthésie
Et l’attention aura tôt fait de bien cesser.
La discrétion ne peut qu’être sage réserve :
A s’épancher on ne fait que prêter le flan
A la dérision dont il faut qu’on se préserve,
Il faut garder pour soi tout ce qui est gonflant. (4/11/16)